Ferrari Roma 2021 : faire pester Aston Martin

Points forts
  • Ligne sublime
  • Poste de conduire ultra moderne
  • Performances et agrément de conduite incroyables
  • Qualité de fabrication remarquable
Points faibles
  • Places arrière symboliques
  • Options onéreuses et souvent nécessaires
  • Délai de livraison considérable
Évaluation complète

Ferrari ne s’en cache pas. Avec la Roma, on cible directement l’acheteur d’une Aston Martin DB11. Un autre de ces coupés grand tourisme aux lignes fantasmagoriques, s’adressant à une clientèle sélecte souhaitant profiter de performances exceptionnelles, sans négliger le luxe et le confort.

Jusqu’ici, Ferrari ne jouait dans ce créneau que dans une certaine mesure. Avec une très onéreuse GTC4 Lusso à rouage intégral, affichant des lignes plus particulières et qui ne peuvent ainsi plaire unanimement. Aussi, avec une Portofino à toit rigide rétractable qui, de façon relative, peut se comparer à la version cabriolet de la DB11.

Rappelons que pour la première fois de son histoire, Ferrari franchissait l’an dernier le cap des 10 000 unités vendues à l’échelle mondiale. Un exploit, considérant l’offre d’une gamme certes étoffée, mais qui s’adresse toujours à une clientèle de puristes. Autrement dit, pas de VUS au menu, ce qui bien sûr est sur le point de changer. En attendant, la Roma aura le mandat de faire nouvelles conquêtes pour la marque italienne. Encore une fois, des gens provenant de chez Aston Martin, mais aussi des plus prestigieuses étiquettes allemandes.

Placer ses pions

Fait intéressant, la concession montréalaise Ferrari est propriété de Lawrence Stroll, père du désormais célèbre Lance, et actionnaire principal de l’entreprise Aston Martin. On pourrait ainsi en déduire qu’en commercialisant la Roma, M. Stroll se fait lui-même compétition. Un heureux problème, considérant qu’Aston Martin est en pleine restructuration. Il faut dire que parmi les plus sérieux irritants du fabricant britannique se trouve la très forte dépréciation des voitures, conséquence d’une surproduction et d’un inventaire considérable chez les concessionnaires. Et bien que l’achat de ce genre de voiture soit d’abord émotionnel, Ferrari compte bien tirer avantage de la faiblesse de son rival pour mettre en lumière sa Roma. Une voiture pour laquelle l’acheteur devra patienter entre huit et douze mois, ne risquant pas de voir sa valeur chuter drastiquement dès sa sortie du concessionnaire.

Se tremper les orteils

La chance de prendre le volant de la Roma s’est présentée par l’intermédiaire de Ferrari Québec, qui accueillait la voiture que pour quelques jours, dans l’optique de la faire conduire à ceux qui en avaient fait la commande. Puis, aussi, à quelques chanceux! Certes, une courte, mais mémorable incursion dans un monde où la séduction prime sur tout, laquelle débute par la grande beauté de ces lignes.

Photo: Antoine Joubert

En fait, la robe de cette Ferrari est à ce point fluide que le moindre artifice lui étant ajouté viendrait l’alourdir. Par exemple, une des rares voitures sorties de l’usine de Maranello que l’on pourrait commander sans considérer l’option des emblèmes au cheval cabré logés de chaque côté des ailes. Parce que cette Roma ne mise pas sur l’aspect tape à l’œil, mais d’abord sur la grâce et l’élégance de ses formes, qui marient à la fois muscle et raffinement.

À bord, un heureux mélange de technologie de pointe et de matériaux de haute couture frappe l’œil, qui ne réalisera que tardivement la présence de deux sièges arrière, quasi inutilisables.

Photo: Antoine Joubert

Magnifiques cuirs et suédines parsemés de surpiqûres viennent donc ceinturer ces trois écrans numériques qui retransmettent avec brio une foule d’informations avec une étonnante simplicité graphique. D’abord, l’instrumentation centrale au milieu de laquelle est juché le compte-tours, autour duquel il est possible d’obtenir une information à la carte. Pour le passager, un écran rectangulaire logé au-dessus de la boîte à gants, transmettant les informations de conduite de base, mais donnant aussi accès à moult réglages, ce qui n’est pas nécessairement le cas avec celui de la F8 Tributo. Puis, au centre, un écran vertical de 8,4 pouces qui n’est pas sans rappeler celui des plus récentes McLaren, affichant toutefois une qualité graphique nettement supérieure. Également, un petit sélecteur sur pavé métallique en guise de levier de vitesses, bien que le réel plaisir aura lieu au maniement des paliers logés derrière le volant.

En guise de clé, un petit bloc format briquet Zippo, vêtu de cuir harmonisé à l’habitacle et orné de l’incontournable cheval cabré.

Photo: Antoine Joubert

Il suffit de l’avoir sur soi pour l’accès à la voiture qui se déverrouille automatiquement. Facile d’accès, sauf bien sûr si vous osez vous aventurier derrière, l’habitacle propose des sièges parfaitement galbés et réglables à l’infini. Une position de conduite optimale attend donc le conducteur, qui sera étonné par l’excellente visibilité. Certes, l’étroitesse de la lunette arrière surprend initialement, mais ne dérange aucunement dans une conduite au quotidien. D’autant plus que la caméra de recul emploie le plein écran d’instrumentation, ne laissant pas de place à l’erreur.

Évidemment, l’expérience sensorielle débute avant même le démarrage du moteur, l’odeur des cuirs et la palpable qualité des matériaux vous confirmant que vous êtes au volant d’une sacro-sainte automobile. De toute manière, la Roma vous rappelle son identité par ses multiples emblèmes logés sur la planche de bord. Puis, à la mise en marche du moteur, l’expression « voiture exotique » prend tout son sens. Une sonorité certes plus feutrée qu’avec la F8 Tributo, mais tout aussi jouissive pour l’oreille. Et surtout, sans artifice sonore visant à maquiller la réalité. Ici, le chant du V8 est authentique, et ce, jusqu’à la zone rouge limitée à 7 500 tr-min.

Merci… Dame nature?

La météo m’ayant joué des tours lors de l’essai, il était tout indiqué d’entamer la route en mode Wet. Une fonction permettant d’éviter le patinage inutile des roues sur chaussée détrempée, pratique lorsque les chênes et les érables de choisissent à l’automne d’abandonner leur feuillage sur le bitume. Une conduite tranquille dans les riches quartiers, histoire de me tenir en haleine, allait donc faciliter ma familiarisation avec le bolide qui, somme toute, se conduit avec grande aisance. On constate d’ailleurs que ses éléments suspenseurs sont extrêmement bien calibrés, pardonnant certaines imperfections sans que les occupants aient à en payer le prix.

Photo: Antoine Joubert

Une fois l’embranchement vers l’autoroute emprunté, la Roma s’exprime plus librement. Cela dit, et contrairement à plusieurs autos sport ou GT, elle n’est aucunement frustrante à conduire en milieu urbain. Au contraire, elle y excelle sans doute mieux que la plupart de ses rivales. Maintenant, pousser la machine demeure un plaisir quasi indescriptible, d’autant plus qu’il est facile de parfaitement doser la puissance pour l’exploiter avec grande précision. L’activation du mode Sport via ce commutateur fixé à la droite inférieure du volant, transforme toutefois sa personnalité, pour en exiger un peu plus de la part du conducteur. Sonorité moins restrictive, suspension resserrée et paramètres mécaniques survitaminés, nécessitent en effet plus de contrôle, non pas sans une sérieuse dose de plaisir.

La Roma accélère de façon foudroyante. À l’activation du mode Départ-canon, on boucle le 0-100 km/h en 3,4 secondes, et il faut 9,3 secondes pour le 0-200 km/h. Vitesse de pointe? 320 km/h, ce qui n’a évidemment pas été atteint lors de cette virée sur l’autoroute 15! Quelques petites routes d’arrière-pays ont toutefois permis de découvrir sa solidité structurelle et les bienfaits du système SSC (Side Slip Control) qui gère de concert la pression des freins sur chaque roue, l’antipatinage, le réglable de l’amortissement et les actions du différentiel, pour l’obtention d’un équilibre exceptionnel en situation de dérapage léger.

Puis, parce que la répartition des masses est de 50/50, l’optimisation des sensations comme du parfait contrôle de la bête renforce ce plaisir incomparable qui explique pourquoi on souhaiterait ne jamais se stationner. Or, sachez que le freinage impressionne autant que les accélérations, bien sûr en raison de la puissance des freins, mais aussi parce que les grosses pointures Pirelli s’agrippent au sol avec le mordant d’une lionne affamée. En outre, vous constaterez, en forte décélération, que le becquet actif logé au bas de la lunette arrière, s’incline à ce moment dans son angle le plus agressif, toujours dans l’optique d’une immobilisation ultra rapide.

Photo: Antoine Joubert

Forte de ses 612 chevaux et donnant l’impression d’être construite d’une seule pièce, la Roma constitue accessoirement un vibrant hommage aux nombreuses GT du passé, conçues par Ferrari. Un honneur remarquable considérant que la Roma pourrait elle-même être honorée dans le futur, en espérant que le genre ne disparaisse plus jamais de la gamme.

En terminant, sachez qu’à l’heure actuelle, déjà plus de 80% des allocations canadiennes pour 2021 ont trouvé preneur. Il faut dire que seulement 15 unités de cette superbe automobile toucheront le sol québécois au cours de la prochaine année, ce qui en fait une voiture aussi exclusive que désirable. Pour le seul plaisir de le faire, j’ai donc pris soin de construire en ligne ma propre Roma de rêve… dont la facture frôlait les 315 000 $ avant taxes. Hélas, ce sera donc pour une autre fois…

À voir aussi: un Québécois présente sa collection hallucinant de Ferrari

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