General Motors réduit sa gamme de voitures. Et alors?

Le géant américain General Motors a récemment annoncé la fermeture de son usine d’Oshawa ainsi que de quatre étatsuniennes et de deux autres établissements à l’extérieur de l’Amérique de Nord.

Et ce, malgré un investissement de modernisation de plus d’un milliard $ en 2008 et où la qualité du travail a été maintes fois reconnue. On tentera vraisemblablement de réaffecter des gens ou de leur offrir une préretraite, mais il faut se rendre à l’évidence: beaucoup d’emplois seront perdus.

C’est une bien triste nouvelle pour l’économie locale de chacune des régions touchées. Non seulement les employés de l’usine perdront leur emploi, mais la fermeture créera une onde de choc qui touchera les fournisseurs de pièces et de services ainsi que les commerçants locaux. Et dans ces communautés, l’usine d’assemblage de GM figure parmi les plus gros employeurs, sinon le plus gros. Sans revenus, la population dépensera évidemment moins dans les restaurants, les boutiques et les établissements de divertissement.

Dans le cas de l’usine d’Oshawa, où sont assemblées les Cadillac XTS et Chevrolet Impala, on franchira à peine les 60 000 unités produites au cours de 2018, nettement en deçà de sa capacité maximale – sans compter l’assemblage partiel de l’ancienne génération des Chevrolet Silverado et GMC Sierra.

En comparaison, dans l’usine d’Arlington au Texas, là où l’on construit les Cadillac Escalade, Chevrolet Tahoe et Suburban ainsi que le GMC Yukon, on terminera l’année en dépassant le cap des 300 000 unités assemblées. Les usines de Flint au Michigan et Fort Wayne en Indiana produiront environ 180 000 et 325 000 unités respectivement du Chevrolet Silverado et du GMC Sierra au cours de l’année. Et à Lansing au Michigan, plus de 200 000 unités du Buick Enclave, du Chevrolet Traverse et du GMC Acadia quitteront la chaîne de montage en 2018.

En consultant la liste de voitures qui seront abandonnées d’ici quelques mois par General Motors, il n’y a qu’une surprise.

Photo: GM Canada

La Cadillac XTS survit depuis quelques années avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. L’arrivée de la Cadillac CT6, plus grosse et plus dynamique, devait concurrencer les berlines de luxe allemandes et pousser la XTS à la retraite. Non seulement la CT6 ne se vend pas en Amérique, mais la XTS est la voiture la plus vendue de la marque en 2018. Au final, les deux seront mises au rancart chez nous, mais poursuivront leur carrière en Chine.

La Buick LaCrosse, redessinée pour l’année-modèle 2017, est une berline ultra silencieuse et raffinée, confortable et bien équipée pour le prix. Son problème, c’est que la marque Buick est toujours perçue comme celle d’une génération vieillissante. Au revoir, LaCrosse, mais elle aussi continuera de connaître du succès sur le marché chinois.

La Chevrolet Impala nous est offerte dans sa forme actuelle depuis l’année-modèle 2014, dans un segment de marché en déclin. Avec la retraite annoncée de la Ford Taurus et l’avenir incertain des Dodge Charger et Chrysler 300, elle n’a plus sa pertinence sur le marché en se retrouvant sans concurrence. Ici aussi, pas de surprise quant à son abandon.

On peut se gratter la tête à savoir pourquoi la Chevrolet Volt, une voiture réussie sur le plan technique, dotée d’une motorisation hybride rechargeable géniale et jouissant d’une fiabilité étonnamment bonne, sera retirée du marché. La raison est fort simple: peu de consommateurs l’achètent aux États-Unis, et au Canada, elle ne se vend que dans les provinces offrant des rabais gouvernementaux. En revanche, on s’attend à revoir sa motorisation Voltec dans d’autres produits chez GM. La Volt sera probablement remplacée par un véhicule multisegment, plus à la mode et plus polyvalent.

La grosse surprise pour nous, c’est l’abandon de la Chevrolet Cruze. Populaire au Québec, elle ne parvient pas à se faire justice chez nos voisins du sud, où les Honda Civic et Toyota Corolla se vendent deux fois plus. Même la Nissan Sentra se vend davantage que la Cruze. Il s’agit vraisemblablement d’une décision purement financière: avec les ventes de voitures en baisse constante, les coûts de développement d’une nouvelle génération de la Cruze seront trop élevés par rapport aux prévisions de ventes. Dommage.

En regardant en avant, on réalise que les ventes de véhicules neufs diminueront tranquillement au cours des prochaines années. Avec les flottes d’autopartage qui se pointent le bout du nez dans les grandes métropoles, avec l’arrivée de la location de voitures par abonnement (tels que Book by Cadillac et Care by Volvo) et le désintérêt général des jeunes envers les voitures, les constructeurs doivent commencer à faire des coupures.

Avec le retrait de toutes ces voitures chez GM ainsi que la mise au rancart de toutes les voitures chez Ford – Fiat Chrysler Automobiles a pratiquement délaissé le marché des voitures au cours des dernières années sans faire trop de bruit – on ne fait que s’adapter à la demande du public. Toutefois, ce qui semble être une décision hâtive de fermer toutes ces usines, dans lesquelles on produit des voitures redessinées il y a à peine deux ou trois ans, laisse transparaître une mauvaise planification du constructeur. Les consommateurs n’ont pas décidé du jour au lendemain de ne plus acheter de voitures. La vague se fait sentir depuis des années.

S’agirait-il donc d’un manque de vision soulevé par les actionnaires, qui ont exigé une action concrète afin d’assurer la rentabilité de l’entreprise? On ne saura peut-être jamais les raisons exactes menant à ces fermetures d’usine et ces mises à pied, mais il faut prévoir un dégonflement de l’industrie automobile au cours des prochaines années.

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