Souvenirs d'une folle journée Mopar-SRT à Willow Springs

Octobre 2005. Quelques chroniqueurs automobiles et moi sommes conviés au lancement de trois nouveaux produits de la famille SRT, en pleine croissance à l’époque. Il s’agissait de la Dodge Viper SRT10 Coupe, de la Charger SRT8 et du Grand Cherokee SRT8. L’objectif de la journée était de conduire depuis notre hôtel de Pasadena en Californie jusqu’au circuit de Willow Springs, en passant par les belles routes sinueuses situées dans les montagnes. Un trajet d’environ 120 kilomètres pour lequel il fallait calculer près de deux heures, en incluant les arrêts pour prendre des photos. Nous allions ensuite profiter du circuit avec la gamme complète des produits SRT, puis revenir à destination et nous rassembler autour d’un bon souper.

Comme de coutume, nous étions jumelés deux par deux pour prendre la route. C’est donc avec mon ami Sylvain Raymond, alors à l’emploi de Canoë que j’allais passer la journée. Pour nous rendre au circuit, nous avions le choix du véhicule, même chose pour le retour. Inutile de vous dire que le matin, nous nous sommes jetés sur la Viper avant qu’elle ne soit plus disponible! Or, les Américains n’en avaient que pour le nouveau Grand Cherokee SRT8, véritable grande vedette de cette journée.

Photo: Antoine Joubert

Intimidante, la Viper est sans doute l’une des voitures de performance les plus dangereuses que j’ai conduites en carrière. Sans assistance, mal balancée et totalement imprévisible, elle émet même une sonorité qui ne laisse pas soupçonner ce qu’elle peut offrir. Sylvain et moi devrons l’apprivoiser en la poussant de temps à autre, mais sans exagérer. De toute manière, nous allions pouvoir lâcher notre fou sur ce prestigieux circuit, situé dans le comté de Kern.

Arrivés sur place, tous les modèles SRT étaient alignés, à notre disposition, la clé insérée dans la serrure des portières. Il suffisait que de prendre la voiture et de se diriger vers les puits, où le contrôleur nous donnerait le feu vert. Évidemment, une petite séance nous permettant d’adopter le circuit ainsi que quelques règles de sécurité allaient nous être imposées.

Photo: Antoine Joubert

Par quoi commencer

Bien que la Challenger était à l’époque inexistante, la gamme SRT comptait une panoplie de modèles. Sachant que je pourrais exploiter les Viper et Dodge Ram SRT10 plus tard dans la journée, j’ai décidé d’aborder la gamme de façon hiérarchique: en débutant avec la Dodge SRT4 ACR sur base de Neon, laquelle produisait 230 chevaux. Une petite bombe très surprenante et passablement agile, procurant beaucoup de plaisir. Puis ce serait la Crossfire SRT6 dérivant de la Mercedes-Benz SLK32 AMG qui viendrait mettre en lumière ses gênes germaniques, bien que ceux-ci ne cadraient que peu avec la mentalité très américaine de SRT (Street & Racing Technology).

Photo: Antoine Joubert

Après, j’allais coup sur coup conduire les Charger, Magnum et 300 SRT8, et réaliser que la dynamique était très semblable d’un modèle à l’autre. C’est au cours de cet essai qu’un chroniqueur de Hot Rod Magazine a perdu le contrôle d’une Charger, pour finir dans le gravier après avoir malencontreusement catapulté un caillou sur mon pare-brise. De retour aux puits, l’équipe responsable a donné un sérieux avertissement à ce chroniqueur, trop téméraire et visiblement inexpérimenté.

J’allais ensuite choisir de conduire le Grand Cherokee puis le Ram SRT10, deux véhicules plus lourds et clairement moins agiles, bien que le Jeep ait été une très belle surprise. En contrepartie, le Ram n’avait comme seul avantage que sa mécanique de Viper et sa boîte manuelle, puisque malgré toutes les améliorations qu’on lui avait apportées, les lois de la physique allaient le faire mal paraître face aux autres modèles.

C’est durant cet essai, sur un splendide circuit où la visibilité est toujours optimale, que ce même chroniqueur du Hot Rod Magazine a cette fois perdu le contrôle de la Viper pour l’emboutir et la percher sur un muret de sécurité! Malgré un sac gonflable déployé, la voiture ne semblait pas trop abîmée. Du moins, jusqu’à ce que l’on réalise que la portière du conducteur avait peine à se refermer à cause du châssis qui s’est tordu sous l’impact. En passant, cette Viper était l’une des dix premières unités de production pour ce nouveau coupé.

Photo: Antoine Joubert

Les responsables ont montré la sortie du circuit au chroniqueur et fermé la piste pendant 45 minutes, le temps de vérifier son état. Le gars a dû partir sans véhicule, ne me demandez pas comment il est retourné à Pasadena! Remarquez, la plupart des chroniqueurs américains avaient déjà terminé leur séance, car peu d’entre eux semblaient désireux de conduire l’ensemble de la gamme. Peut-être étaient-ils un peu blasés? Ou peut-être avaient-ils accès plus facilement à ces modèles que nous? Cela étant dit, il était hors de question pour moi de partir sans avoir piloté la Viper sur le circuit.

Heureusement, on a finalement eu le feu vert pour quelques derniers tours de piste avant que ne s’achève la journée, ce qui me permit de conduire la brute. Toujours avec prudence et doigté, puisque même le Ram SRT10 me semblait plus prévisible (bien que pataud). Je me souviens m’être pincé en me disant que je vivais un moment mémorable. Non seulement parce que j’allais conduire la Viper sur circuit, mais parce que jamais plus je n’aurai la chance de vivre une telle journée avec une gamme de modèles aussi riche. Et comble du bonheur, mon collègue Sylvain et moi devions rentrer à l’hôtel au volant du Grand Cherokee SRT8!

Photo: Antoine Joubert

Voyant que nous avions particulièrement apprécié notre journée, les gens de Chrysler nous ont proposé une dernière ronde sur le circuit, le temps qu’ils préparent notre Grand Cherokee : un lavage complet, un plein d’essence, le remplacement des pneumatiques, l’ajout de bouteilles d’eau et d’une carte routière avec tracé. Je suis donc retourné sur le circuit, cette fois avec un autre Grand Cherokee, pour mieux jauger le sentiment de passer de la piste à la route.

La route du retour

Nous fûmes les derniers chroniqueurs à quitter le circuit de Willow Springs, au volant de ce Jeep argenté. Enchantés mais brin épuisés, notre conduite allait être beaucoup plus relaxe, même si la sonorité de ce monstre mécanique nous incitait à le faire chanter. C’est toutefois rendus dans les montagnes, sans signal cellulaire, que nous avons eu un sérieux problème. Les gens de Jeep  avaient oublié de faire le plein! Un problème de taille avec un véhicule qui brûle 22 L/100 km, alors qu’aucune station-service ne se trouve à proximité et que l’autonomie restante est de 27 miles (42 km). Cette dernière a rapidement chuté à 15, 10 et finalement 0 mile, puisque nous étions en montagne. Quel soulagement ce fut lorsqu’une fourgonnette Chrysler Town & Country avec à bord un employé de soutien de l’événement a croisé notre chemin!

Photo: Antoine Joubert

Ce bon samaritain nous a proposé de troquer sa fourgonnette contre le Jeep, sans quoi il nous aurait fallu patienter au moins 90 minutes sur place avant d’obtenir du carburant. Ainsi, c’est au volant de cette Town & Country, avec à son bord des glacières remplies de boissons fraîches, que nous avons parcouru cette magnifique route en lacets. Après avoir passé une journée à conduire sportivement, pour être poli, je dirais que la dynamique de la fourgonnette me décevait particulièrement. 

Arrivés tardivement à l’hôtel, nous avons constaté que tous étaient déjà partis souper. Nous étions seuls avec… quatre Grand Cherokee SRT8 stationnés devant le hall et qui ne demandaient qu’à sillonner les rues de Los Angeles! Nous avons pris la poudre d’escampette en direction de Santa Monica afin de nous tremper les orteils dans l’océan.

À voir aussi : l'essai de la Dodge Charger Hellcat Widebody

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