Ford F-150 Raptor R 2024 : bataille jurassique
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Dans le combat sans merci que se livrent les constructeurs américains pour s’imposer dans la catégorie des camionnettes pleine grandeur, le sous-segment des modèles sportifs oppose Ford à Ram, GM demeurant plus en retrait. Pour contrer Ford et son F-150 Raptor, Stellantis a sorti le redoutable TRX, dont le V8 Hellcat à compresseur développe 702 chevaux.
Un T.rex contre un vélociraptor, deux dinosaures emblématiques qui ont été popularisés par Steven Spielberg dans Le parc jurassique. Et comme à la fin du célèbre film, c’est Ram qui avait mis Ford au pas en dévoilant un TRX beaucoup plus puissant que le Raptor. Face à cet affront, le constructeur à l’ovale bleu se devait de réagir.
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C’est la raison d’être du plus puissant Raptor jamais vu. Ram propose une camionnette de 702 chevaux à moteur Hellcat? Qu’à cela ne tienne, les ingénieurs ont utilisé le V8 5,2 litres surcompressé de la Mustang GT500 pour le boulonner sous le capot du F-150! Ce bloc, modifié pour obtenir plus de couple que dans la Mustang, développait 700 chevaux à sa sortie en 2023, et grimpe même à 720 chevaux pour 2024. Histoire de bien signifier à Ram qui a la plus grosse… puissance.
Fort d’un couple de 640 lb-pi, le Raptor R en offre 10 de moins que Ram, ce qui est anecdotique rendu-là. La boîte de vitesses retenue compte 10 rapports, et envoie la cavalerie aux roues arrière ou aux quatre roues grâce à un système 4x4 à deux gammes (haute et basse).
Du côté des trains roulants, le F-150 le plus radical profite d’une garde au sol conséquente, doublée de suspensions Fox à grand débattement. Cette dernière, dotée de capteurs analysant l’évolution de la camionnette en temps réel, peut ajuster les réglages de l’amortissement en fonction des difficultés rencontrées.
Le plus cher des F-150
Contrairement au Ram TRX qui n’existe qu’avec une seule motorisation, le Raptor R dérive du Raptor classique. En sélectionnant l’ensemble R dans le configurateur de Ford, l’acheteur bénéficie du gros V8 de 5,2 litres à la place du V6 EcoBoost de 3,5 litres, ce qui fait passer la puissance de 450 à 720 chevaux!
Ce groupe optionnel comprend des logos disséminés un peu partout sur la camionnette et dans l’habitacle, des sièges Recaro, des jantes de 17 pouces à verrous de talon (pneus de 37 pouces), des insertions en fibre de carbone, des crochets d’arrimage orange, ainsi qu’une calandre et une prise d’air spécifiques. Le tout est vendu une petite fortune, puisqu’il faut ajouter 40 730 $ à un F-150 Raptor pour se l’offrir!
Ainsi équipé, notre modèle d’essai coûte 151 110 $, frais de transport et de préparation inclus. Une somme conséquente, et nettement plus élevée qu’un Ram TRX, vendu très cher lui aussi, mais à « seulement » 127 078 $. Ce n’est pas vraiment une aubaine, mais la différence de prix est tout de même notable pour deux véhicules si proches techniquement.
Que l’on aime ou pas, il faut reconnaître que les touches de sportivité apportées par Ford distinguent vraiment la cabine du Raptor R de celle des autres F-150. La qualité de finition donne globalement satisfaction.
Par ailleurs, Ford a conservé les aspects pratiques propres aux autres versions comme le levier de vitesses escamotable permettant de déplier une tablette (pour travailler ou manger). Mais aussi l’assise de la banquette arrière repliable pour cacher du matériel sous cette dernière, ou loger des objets encombrants dans la cabine.
L’espace est immense à l’avant comme à l’arrière, permettant d’accommoder confortablement cinq occupants. Nous avons également trouvé que les sièges Recaro fournissent davantage de maintien que ceux des F-150 moins sportifs. À l’arrière, une seule longueur de boîte est disponible (5,5 pieds). Sa vocation première n’est pas vraiment de travailler, même s’il en est évidemment capable.
À ce propos, Ford a une nouvelle fois conservé le marche-pied logé dans le hayon, ainsi que les règles graduées moulées dans le plastique de ce dernier.
Ronronnement ou assourdissement
Après avoir ouvert la portière et pris appui sur le marche-pied haut perché, le conducteur trouve aisément une bonne position de conduite. Assis très haut, on domine littéralement la route avec la bande orange cousue au sommet du volant qui rappelle qu’il s’agit d’un véhicule à vocation sportive.
À la mise à feu, le V8 peut se montrer discret ou se lancer dans un grondement tonitruant. Le conducteur décide en sélectionnant un des quatre modes d’échappement (Silencieux, Normal, Sport et Baja) à l’aide d’un bouton situé sur le volant.
En dépit d’une largeur conséquente qui demande un peu d’attention en ville, le Raptor R se conduit plutôt facilement au quotidien. Très confortable, sa suspension est capable d’affronter l’apocalypse et n’a aucune difficulté à encaisser les irrégularités du revêtement. Même les plus gros nids-de-poule sont avalés sans crainte de casser une jante, et ce, grâce à ses pneus à flancs très hauts.
Avec sa suspension à forts débattements, le Raptor R a tendance à cabrer à l’accélération, plonger au freinage et tanguer en virage sur l’asphalte. Son poids important se fait aussi sentir dans les courbes abordées un peu rapidement. Même en sélectionnant le mode Sport pour les suspensions et la direction au volant, cela ne rend pas la camionnette fondamentalement plus efficace sur la route. Mais quel moteur!
Le V8 est un véritable bonheur à conduire, catapultant le F-150 à des vitesses stratosphériques. Un appui de 20% sur l’accélérateur vous permet déjà de profiter de relances énergiques. Avec le mode de conduite le plus sportif, le V8 vous colle au siège, passant ses rapports promptement. C’est aussi le cas lorsque le conducteur décide d’utiliser les palettes situées derrière le volant, dont l’exécution est rapide.
Prenant plus de régime que le V8 du TRX, le Raptor R prolonge le plaisir jusqu’à 7 000 tr/min, là où le Ram plafonne à 6 200 tr/min. Le compresseur, plus discret chez Ford, laisse place à une meilleure musicalité à haut régime.
Avec l’échappement réglé en mode Sport, le V8 est déjà bien présent. Mais une fois le mode Baja enclenché, c’est une autre histoire! Lorsque l’on sélectionne ce mode, une indication au tableau de bord vous indique qu’il s’agit d’un réglage destiné au hors route. Avec raison, car en roulant de la sorte au milieu de la circulation, vous allez au mieux réveiller tout le quartier, au pire devenir la cible de chaque policier que vous allez croiser…
Faute de pouvoir conduire le véhicule dans un endroit fermé à la circulation, nous avons testé ce mode sur un rang désert, histoire de ne déranger personne. Et il faut bien reconnaître qu’en mode Baja, le V8 est tellement libéré qu’il donne l’impression d’être en échappement libre. Quel son! Un vrai bonheur, qui accompagne parfaitement les accélérations énergiques du bloc suralimenté.
Comme vous vous en doutez, ces performances étincelantes vont de pair avec une consommation gargantuesque. Sur la route, en caressant la pédale de droite, le Raptor R n’est jamais descendu sous les 20 L/100 km, l’indicateur affichant 20,9 L/100 km au mieux lors de notre essai. Et en ville, nous avons obtenu 30,7 L/100 km! Un V8 littéralement assoiffé, d’autant plus qu'il faut l'alimenter à l’essence super (indice d’octane de 91 au minimum).
Vous l’avez compris, le F-150 Raptor R, à l’instar de son ennemi juré le Ram TRX, est un véhicule surpuissant, gourmand et totalement inutile pour une utilisation quotidienne. D’un autre côté, ses performances incroyables, son V8 hurlant et ses capacités dynamiques de haut niveau le rendent vraiment attachant.
Si vous hésitez entre ces deux mastodontes, sachez qu’ils offrent des sensations et un comportement dynamique assez proches. C’est surtout le design, le prix (plus élevé chez Ford) et évidemment votre fidélité à un constructeur plutôt qu’à un autre qui fera pencher la balance.
