Le prix du gros...dans les mains d'un plus gros !

Les rumeurs sont fondées. Le groupement de 12 concessionnaires appartenant à Benoît Dusablon, et mieux connu sous le nom « Le prix du gros » passerait prochainement aux mains de H.Grégoire. Un groupement comportant déjà une vingtaine de points de vente au Québec, et près d’une trentaine en comptabilisant les bannières situées aux États-Unis. Un groupe puissant, comme le sont aussi les Gabriel, Beaucage, Olivier, et Park Avenue de ce monde, lesquels comptent respectivement 30, 20, 19 et 14 concessions au Québec. Des chiffres qui, bien sûr, sont appelés à changer, parce que plus on est gros, plus on est en mode acquisition.

Certes, ce cas de figure comporte quelques exceptions, mais on assiste à une augmentation de puissance des différents groupes de concessionnaires, pour qui chaque acquisition est toujours de plus en plus facile. Du moins, sur le plan financier. Parce que l’on divise par concession le coût promotionnel, parce que l’on peut jouer avec les chiffres lorsque les résultats sont moins intéressants pour certaines concessions et parce que le pouvoir d’achat comme le poids décisionnel est toujours plus lourd vis-à-vis du constructeur.

Avec l’acquisition du groupe de M. Dusablon, et sans bien sûr en connaître les détails, H. Grégoire deviendrait par exemple propriétaire de six concessions Nissan, uniquement au Québec. Parce que M. Greg Hairabedian possède aussi deux concessions Nissan aux États-Unis... Vous comprendrez ainsi que la force du nombre permet à une telle organisation d’avoir plus de pouvoir face au constructeur, lui faisant visiblement une confiance aveugle. Il en est de même pour le groupe Dilawri, le plus puissant au Canada, qui détient à lui seul pas moins de dix concessions Honda.

Pour le consommateur, l’impact de ce genre de transaction n’est souvent que minime. Sauf si bien sûr, celui-ci est insatisfait du service issu d’un groupe. Par exemple, il est impossible pour un consommateur de se procurer à Montréal une Nissan sans passer par le Groupe Gabriel, à moins d’aller dans l’Ouest-de-l’Île. Alors si ce dernier est insatisfait pour une raison X, l’alternative est plus complexe. Cela dit, plus les années passent, plus les concessions uniques (ne faisant donc pas partie d’un groupe) se font rares. Celles-ci doivent d’ailleurs sans cesse lutter pour leur survie face à de puissants groupes qui, tels des rouleaux compresseurs, souhaitent les éliminer ou plutôt, les acquérir.

Photo: Adobe Stock/Oulaphone

On peut ainsi s’imaginer qu’au fil des années, des groupes aussi puissants que Dilawri (propriétaire de 81 concessions au Canada) pourraient se multiplier. C’est d’ailleurs le cas aux États-Unis, où 25% des 13,7 millions de véhicules vendus en 2022 l’ont été par l’entremise des dix plus gros groupements de concessionnaires. À lui seul, le groupe Lithia -  formé de 290 concessionnaires - vendait 679 518 véhicules en 2022. Un nombre équivalent à 46% des véhicules vendus au Canada cette même année. Ou l’équivalent de ce qu’écoulait Kia Motors aux États-Unis cette même année, puisque l’on y vendait 678 485 unités.

Dans ce contexte, inutile de vous dire que l’acquisition d’une concession automobile pour un indépendant n’est pas simple. Et qu’aux yeux des constructeurs, certains regroupements sont si puissants qu’ils deviennent littéralement une menace. On peut ainsi comprendre pourquoi de jeunes constructeurs comme Tesla et Vinfast choisissent une approche différente, leur permettant de conserver le contrôle. Certes, il est loin le jour où un groupement de concessionnaires sera plus puissant qu’un General Motors, dont les revenus en 2022 avoisinaient les 157 milliards de dollars. Or, avec 23 milliards de revenus pour le Groupe Lithia et des profits qui, au prorata, étaient certainement plus élevés, la dangerosité de ces puissants groupes pour un constructeur est de plus en plus réelle.

Dans l’industrie, ce genre de transaction fait énormément jaser alors qu’à l’inverse, le consommateur n’y voit souvent que du feu. Mais aujourd’hui, il est à mon sens essentiel pour le consommateur de savoir avec qui il transige. Par exemple, nombreux sont les cas où l’achat d’une voiture chez une concession nouvellement acquise par un groupe puissant n’a guère abouti sur une expérience positive.

De nouveaux employés, parfois mal formés ou sont rapidement passés à d’autres concessions après une transaction, ne permettent pas à un consommateur d’obtenir par exemple le service auquel il aurait droit. Et loin de moi l’idée de vouloir généraliser, puisqu’il existe à l’inverse des situations qui n’ont été que positives. Or, en tant que consommateur, il vaut mieux être bien renseigné et surtout, ne pas avoir de ressentiment négatif avant une transaction. Vous avez l’impression d’être un numéro? Partez! Même si vous devez payer plus cher ailleurs.

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