Jaguar I-PACE - Au-delà des chiffres

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2023

Dans le monde de l’automobile, l’audace ne vaut rien si le résultat est médiocre. Ce fut tout le contraire pour le Jaguar I-Pace, premier modèle de luxe électrique lancé par une grande marque. Parfaitement inédit, d’un pare-chocs à l’autre, ce multisegment puissant, agile et racé fut donc le premier à défier les créations de Tesla sur leur terrain. Or, malgré les dizaines de prix et d’honneurs récoltés, le I-Pace n’a pas connu le succès espéré. Ses multiples atouts sont pourtant intacts et il s’est amélioré pour le reste.

Entendons-nous d’abord sur le fait que le I-Pace ne sortira pas vainqueur d’une bataille de chiffres avec la horde des concurrents apparus depuis son lancement, il y a bientôt cinq ans. Parce qu’il n’est pas le plus puissant, n’affiche pas les plus grands écrans, ne possède pas la plus grosse batterie et ne promet pas la plus grande autonomie, l’épouvantail le plus important pour les véhicules électriques.

Quelques mesures malgré tout

Au volant du I-Pace le plus récent, nous avons obtenu une autonomie projetée de 369 km après des recharges complètes sur une borne de niveau 2. On est loin des chiffres faramineux que promettent les Lucid Air ou même les Tesla, mais c’est mieux que sa cote RNC officielle de 357 km. Presque identique, également, aux 380 km obtenus avec une Polestar 2 de puissance à peine supérieure, les 373 km d’une Audi RS e-tron GT, dont la batterie a pratiquement la même capacité, ou les 378 km du Genesis GV60.

S’il est vrai que le I-Pace n’est pas le champion de la recharge rapide, il s’est amélioré nettement pour les recharges effectuées sur borne de niveau 2 à 240 volts, la forme de recharge la plus fréquemment utilisée. On l’a effectivement doté d’un chargeur embarqué de 11 kW pour remplacer le chargeur de 7 kW installé à l’origine. Jaguar promet une recharge complète en 8,6 heures alors que l’opération exigeait précédemment 12,8 heures. Différence tout de même appréciable.

Le même I-Pace de 394 chevaux se défend toujours bien en performance. Il a bouclé le sprint de 0 à 100 km/h en 4,66 secondes contre les 5,02 secondes inscrites par une Tesla Model Y de 384 chevaux, plus légère de 130 kg. La Ford Mustang Mach-E GT Performance a ramené un chrono de 4,46 secondes pour un poids supérieur de 130 kg, mais ses moteurs électriques totalisent 480 chevaux. Ces trois-là sont des multisegments de taille moyenne à caractère sportif. Les Mach-E et Model Y sont moins chers, pour la simple raison qu’ils ne visent pas les mêmes cibles, en termes de luxe et de raffinement, que la perle électrique de Jaguar.

Pour ses qualités intangibles

On a souvent souligné le prix appréciable du Jaguar I-Pace en oubliant qu’il s’agit d’un véhicule de luxe, dont les concurrents appartiennent aux grandes marques connues. On parle ici notamment des Audi e-tron 55 quattro, BMW iX xDrive50 et Tesla Model X, dont le prix est comparable ou supérieur. Il suffit d’ailleurs de passer directement du I-Pace à un des nouveaux venus rutilants auxquels on le compare pour voir et sentir instantanément l’écart entre les deux. La qualité des matériaux ne fait aucun doute. La disposition classique du tableau de bord, la souplesse du cuir et le fini satiné des commandes et moulures d’aluminium sont appréciés à chaque manipulation.

Et si les écrans numériques n’ont pas la taille spectaculaire des plus récents, ils font un boulot sans reproche depuis que Jaguar a bonifié sérieusement la rapidité et l’intégration des différents compléments de l’interface multimédia Pivi Pro. Sans compter l’ajout de l’assistant numérique Alexa, dont les propriétaires de 55 000 I-Pace déjà vendus pourront profiter en mise à jour à distance. La silhouette du I-Pace, qui n’a pas pris une ride en cinq ans, s’avère une richesse en elle-même. Sa vue ne risque pas de lasser rapidement, comme c’est souvent le cas. D’autant moins que la carrosserie est assemblée avec grand soin, à l’excellente usine autrichienne de la société Magna. Les joints étroits et réguliers des panneaux de la carrosserie d’aluminium sont d’ailleurs là pour en témoigner, tout comme la rigidité de la coque et l’absence louable de craquements.

Et pourtant, les plus grandes vertus du I-Pace demeurent son aplomb remarquable et la finesse exceptionnelle de sa conduite. En tenue de route, il s’approche même des Audi RS e-tron GT et Porsche Taycan, toujours les maîtres actuels, avec les limites qu’impose son gabarit de multisegment. Et ces dernières ne peuvent évidemment le suivre en tout-terrain, lorsque la suspension pneumatique du I-Pace lui permet de profiter de son excellente garde au sol maximale. On n’attend pas le successeur du I-Pace actuel avant la fin de l’année 2025. D’ici là, ce valeureux pionnier mérite assurément sa place sur le podium de sa catégorie.

Feu vert

  • Silhouette toujours magnifique
  • Comportement sûr et réjouissant
  • Performances solides
  • Habitacle confortable et raffiné

Feu rouge

  • Écran inférieur illisible en plein soleil
  • Lunette arrière trop étroite
  • Autonomie électrique moyenne
  • Pas d’essuie-glace arrière

Partager sur Facebook

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires