Kia Spectra/Spectra 5, coupable avant d'avoir été jugée

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2008

Vous vous souvenez de cette pub télévisée où, dans la première séquence, on voyait un jeune voyou bousculer une dame âgée ? Dans la deuxième prise de vue, on revoyait exactement la même scène mais d’un autre angle. On se rendait compte que le jeune voyou était en fait un jeune homme bien intentionné qui, en bousculant la dame avant qu’elle se fasse frapper par une voiture, lui avait sauvé la vie… La perception peut quelquefois jouer de bien mauvais tours. Avant de juger la Kia Spectra, essayez-la donc !

Lorsqu’un manufacturier s’installe dans une nouvelle contrée, ses produits sont examinés à la loupe. Et si ceux-ci ne sont pas à la hauteur des attentes, il aura besoin d’un service (concessionnaires, relations avec les médias, garanties, etc.) exemplaire pour renverser la vapeur. C’est exactement ce qui est arrivé à Kia  à ses débuts chez nous en 2000. Sauf que pour le service, on avait déjà vu mieux. Les Coréens, comme les Japonais avant eux, apprennent incroyablement vite. Si, au début, seul l’argument du prix jouait en faveur de Kia, aujourd’hui les produits de cette marque ont d’autres atouts pour se faire apprécier.

On peut séparer le groupe des compactes en deux catégories : les économiques et les raffinées. Honda Civic, Ford Focus, Mazda3 et Toyota Corolla font partie de cette dernière, tandis que la Chevrolet Optra, Hyundai Elantra et autres font partie des économiques, ce qui ne les empêche pas de se montrer souvent raffinées. C’est le cas du duo Spectra/Spectra 5. Même si nous parlons d’un duo (nous pourrions quasiment parler d’un trio puisqu’elles sont des cousines très proches de la Hyundai Elantra), il s’agit en fait de la même voiture à la configuration différente. Alors que la Spectra est une berline (quatre portes et un coffre séparé de l’habitacle), la Spectra 5 se veut une familiale de style hatchback à cinq portes, en comptant le hayon. Les deux reposent sur le même empattement et sur la même mécanique. On parle ici d’un quatre cylindres 2,0 litres de conception moderne. Il engendre 138 chevaux et 136 livres-pied de couple. L’acheteur a le choix entre deux transmissions : de série, on retrouve une manuelle à cinq rapports et, en option, d’une automatique à quatre rapports. Comme il est de mise dans ce type de voiture, les roues avant sont motrices. 

Comportement routier de bon aloi

Au chapitre de la conduite, on ne dénote pas de différences particulières entre la berline et la hatchback. Le moteur n’est pas des plus performants mais son rendement est tout à fait dans l’esprit d’une voiture économique. Les accélérations et reprises ne s’avèrent pas mauvaises (le 0-100 s’effectue sous les 11 secondes) mais la puissance est un peu juste à bas régime. Et s’il était un peu plus discret en accélération, personne ne s’en plaindrait ! La transmission manuelle n’a aucune chance de se retrouver chirurgienne un jour tant elle est imprécise même si son étagement est bien étudié. Quant à l’automatique, si elle semble gober quelques chevaux au passage, son fonctionnement s’avère des plus doux, du moins sur la version essayée. La direction se montre assez précise (je ne lui confierais cependant pas un bistouri) mais un peu plus de feedback ne serait pas superflu. Les freins, à disque et à tambour sans ABS sur les versions moins dispendieuses, sont assez faciles à moduler et n’ont tendance à bloquer qu’en fin de parcours. Tous ces éléments contribuent à un comportement routier très sain, pour peu qu’on respecte les limites de la Spectra. La voiture affiche un bel équilibre dans les courbes mais, poussée plus que de raison, on dénote un certain sous-virage (l’avant veut continuer tout droit). À ce moment, la caisse penche passablement. Et il ne faut pas se fier à un quelconque système de contrôle de la traction ou de la stabilité latérale… Il n’y en a pas, peu importe la version ! Cependant, de meilleurs pneus de base rehausseraient grandement les qualités dynamiques de la voiture tout en réduisant le niveau sonore. Malgré tout, il est difficile de prendre le confort en défaut et une journée de plus de 1 000 km à son volant nous a prouvé ses aptitudes.

Esthétiquement, il est indéniable que la Spectra 5 est la plus réussie. Remarquez que la Spectra tout court n’est pas laide non plus mais il lui manque un certain dynamisme. En général, la finition extérieure se situe dans la bonne moyenne. C’est toutefois plus réussi dans l’habitacle où les joints entre les différents panneaux de plastique sont réussis. Il faut par contre noter que quelques morceaux de plastique ici et là font dans le très cheap. Pour certaines personnes, il est très difficile de trouver une bonne position de conduite alors que d’autres n’ont pas ce problème. Tous cependant s’accordent pour louanger la visibilité. À moins d’opter pour une version très de base, le climatiseur fait partie de l’équipement de série. La radio AM/FM/CD (nous pourrions parler de système audio mais ce serait un peu exagéré…) possède une sonorité très basique et sa réception n’est guère meilleure. Les passagers montant à l’arrière auront droit à des sièges plus ou moins confortables. À tout le moins, l’espace pour les pieds et la tête s’avère une agréable surprise pour une voiture de ce gabarit, surtout dans la Spectra 5.

Ça se passe à l’arrière

Évidemment, la plus grande différence entre la Spectra et la Spectra 5 se situe au niveau du coffre. Celui de la berline, comme on s’y attend, se montre moins généreux de son espace que celui de la hatchback. Heureusement, il est possible d’abaisser les dossiers des sièges arrière qui malgré ça ne forment pas un plancher plat. La Spectra 5, de son côté, présente un coffre plus vaste et de quelques espaces de rangement sont prévus sous le tapis. Son cache-bagages est facile à manipuler et s’enlève facilement.

Avec un prix de base d’environ 16 000 $ pour la Spectra et 16 500 $ pour la Spectra 5, ces petites Kia peuvent en découdre avec plusieurs concurrentes. Mais il faut alors être prêt à sacrifier un peu de confort et d’éléments de sécurité. Puis on se dit que pour quelques centaines de dollars supplémentaires, on pourrait en avoir un peu plus. Et pourquoi pas investir encore juste un peu pour avoir droit à des freins ABS, par exemple ? Ça ne paraîtra pas beaucoup sur le paiement mensuel… Et c’est ainsi qu’on peut se retrouver avec une Kia Spectra 5 de 22 ou 23 000 $. À ce prix, oubliez l’aubaine !

Feu vert

Moteur économique, finition très correcte,
comportement routier sain, fiabilité éprouvée,
garantie généreuse

Feu rouge

Insonorisation pauvre, sécurité réservée aux versions huppées,
certains plastiques bon marché, certaines versions moins alléchantes,
valeur de revente

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