La solution : faire mal au portefeuille

Cette semaine, le gouvernement  du Québec annonçait sans trop donner de détails un ajustement de son programme Roulez Vert, qui consiste à accorder des crédits aux acheteurs de véhicules électriques ou hybrides enfichables. Un programme qui fait jaser partout dans l’industrie et qui a visiblement forcé certains constructeurs à ajuster le prix de leurs modèles, pour les rendre admissibles.

Nous savons pour l’heure que les 8 000 $ octroyés jusqu’ici sont réduits à 7 000 $, et que les véhicules hybrides enfichables ne pourront bénéficier d’un crédit supérieur à 5 000 $. Accessoirement, on annonçait aussi que le crédit applicable aux véhicules d’occasion provenant hors du Québec, allait passer de 4 000 $ à 3 500 $.

Ces modifications apportées au programme prolongé jusqu’en 2027 nous permettent évidemment de comprendre que ce dernier ne sera pas éternel. Et bien que l’on ne connaisse pas encore les nuances, il est facile d’anticiper une hausse du plafond en égard au prix des véhicules, afin qu’un plus grand nombre de modèles soient admissibles.

Peu d’impact

Hélas, en travaillant seul sur un programme qui ne se limite qu’aux frontières du Québec, notre gouvernement ne semble avoir que très peu d’impact sur les stratégies des constructeurs automobiles. Il faut comprendre que la mise en marché et la commercialisation d’un produit sont majoritairement imaginées pour le marché nord-américain, et certainement pas uniquement pour le Québec, qui ne représente que 2,5% des ventes effectuées sur notre continent. Pour avoir davantage d’impact, il faudrait donc une coalition pancanadienne qui permettrait de s’accorder sur un crédit applicable partout, mais aussi sur l’application de pénalités sévères à l’achat de véhicules plus polluants, comme des camionnettes à moteur V8. Une stratégie qui cible directement le portefeuille des automobilistes et qui encourage conséquemment l’achat de véhicules électriques.

C’est en sévissant de la sorte que les manufacturiers automobiles seront forcés de réagir et ainsi nous offrir non seulement davantage de modèles, mais surtout des quantités significatives de véhicules. Ne soyons pas dupes, si les délais pour la livraison d’un Hyundai IONIQ 5, d’une Chevrolet Bolt EV ou d’un Volkswagen ID.4 atteignent plus d’un an, c’est simplement parce que les fabricants savent qu’ils peuvent vendre chez nous des véhicules pour l’instant plus lucratifs. 

Photo: Volkswagen Canada

Coup d’œil vers l’Europe

Il faut également comprendre que les règles de certains pays d’Europe forcent les constructeurs à freiner, voire éliminer la disponibilité de modèles à essence. Par exemple, en Norvège, la majorité des véhicules neufs vendus sont 100% électriques, parce que les modèles à essence, quels qu’ils soient, sont très fortement taxés.

C’est donc en agissant de la sorte que les gouvernements forceront la migration de l’automobiliste canadien ou nord-américain vers le véhicule électrique. Bien sûr, impossible que cela se fasse d’un claquement de doigts, surtout là où l’industrie pétrolière est encore très forte. Or, plus l’Amérique du Nord prend du retard face à la mise en place de règles sévères quant aux véhicules à essence ailleurs dans le monde, plus les délais de livraison de nos véhicules électriques sont pénibles. Parce que pour l’heure, si l’automobiliste québécois se distingue encore avantageusement du conducteur canadien-anglais et américain, il fait presque figure de dinosaure face à l’européen.

En terminant, il est clair que le prix de l’essence en hausse aura un impact sur les futures décisions d’achat des automobilistes. On constate déjà sur le marché américain une forte baisse des valeurs des gros VUS et des camionnettes pleine grandeur d’occasion, ce qui explique d’ailleurs pourquoi les entreprises québécoises spécialisées en exportation accumulent chez nous des véhicules qui, il y a quelques mois à peine, étaient pourtant fort convoités. Autrement dit, votre Ford F-150, Chevrolet Silverado ou Ram 1500 pourrait soudainement valoir beaucoup moins cher que vous ne le pensez…

En vidéo: longue attente à prévoir pour obtenir un véhicule électrique?

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