Avez vous entendu un Ford récemment?

Même si les manufacturiers américains ne l’ont pas eu facile depuis les dernières années, force est d’admettre que Ford met les efforts nécessaires pour se sortir de l’impasse. Pour y parvenir, l’entreprise de Dearborn au Michigan mise sur la qualité de ses produits. La qualité peut prendre plusieurs formes mais la douceur de roulement est l’une des principales puisque c’est celle que les clients remarquent en premier lorsqu’ils font l’essai d’une voiture. Selon des tests menés par Ford (en toute objectivité, sans aucun doute…), la nouvelle Fiesta serait plus silencieuse à 80 mph (129 km/h) sur la même route que les Honda Fit, Toyota Yaris et Corolla.

Pour arriver à un tel résultat, Ford n’a pas ménagé ses efforts. Le « Sound Quality Lab » est un bâtiment qui n’occupe pas moins de 100 000 pieds carrés (9 290 m2). Certaines de ses salles, comme la « Quiet room », sont bâties sur des amortisseurs et plusieurs sont équipées de deux ensembles de portes, question d’éviter que les bruits extérieurs viennent perturber la quiétude de l’endroit.  Dans une de ces salles, les ingénieurs du son utilisent de drôles de bidules qui font partie d’une technologie appelée « Noise Vision ». À l’aide de ces outils, les ingénieurs de Ford améliorent la qualité du silence de roulement des voitures arborant l’ovale bleu

Toute une boule de quille!

Alors que certaines pièces de cette technologie ressemblent plus à des mannequins qu’à des ordinateurs, d’autres semblent plus mystérieux au profane que je suis. Par exemple, une grosse boule de quille placée sur un support. Cette sphère est percée de trous contenant 12 caméras et 30 micros ultra sensibles.

Les images prises par les caméras permettent de voir tout le tour grâce à un écran géant. Ainsi, lorsque cette boule (affectueusement appelée Pythagore par les ingénieurs) est placée dans une voiture, on voit l’habitacle en entier. Les micros sont reliés à un logiciel de traitement du son très sophistiqué qui permet de détecter l’endroit exact d’où proviennent les bruits. L’amplitude des sons est transférée sur l’écran géant un peu à la manière des cartes météo. Là où le son est plus fort, l’image devient rouge pour décliner vers le jaune, le vert et le bleu. Lorsque ce « spot » rouge est superposé aux images captées par les caméras, on peut littéralement voir d’où provient le son. Cet outil est particulièrement utile pour déterminer d’où provient un bruit de caisse (rattle en bon français) ou de vent.

Bien entendu, les coûts reliés à cette recherche de la qualité ont un prix. Une seule boule Pythagore, par exemple, coûte 200 000$. C’est pourquoi on l’utilise environ 16 heures par jour, autant sur des produits à venir (les produits 2010 – la Taurus, entre autres - sont les premiers à bénéficier grandement de ces recherches) que sur les véhicules usagés (ce qui permet de « voir » d’où proviennent les bruits de caisse) que sur ceux de la concurrence (pourquoi pas). D’un autre côté, les coûts d’achat, d’entretien et d’utilisation de cette technologie rapportent puisqu’elle permet de réduire de 200 heures par année les tests menés en soufflerie. Et quand on sait le coût des essais en soufflerie…

Mais il y a plus…

Il ne faudrait pas oublier, non plus, les autres outils utilisés par les ingénieurs de Ford. Dans une pièce baptisée « Listening Lab », on retrouve une sorte de jeu vidéo, le Virtual Vehicle Sound Simulator, où le pilote porte des écouteurs. Grâce à un logiciel développé pour Ford, il est possible d’entendre le roulement d’une voiture en particulier (lors de notre passage, nous avions le choix entre deux Mustang GT, l’une manuelle l’autre automatique et un F-150) sur différents types de route. Il est aussi possible d’isoler les bruits des suspensions, du moteur, de l’échappement, etc… ceci permet d’essayer plusieurs pièces avant d’en arriver au prototype. Avec ce logiciel, il est aussi possible, d’un simple clic de souris, de faire une comparaison avec les voitures d’autres manufacturiers.

Dans un autre ordre d’idées, un autre ingénieur nous montrait comment on peut, en jouant avec les systèmes d’échappement, intervenir sur la qualité du son. La Mustang GT, par exemple, bénéficie d’un boyau de retour de son (sound pipe), question d’obtenir une sonorité plus sportive. La nouvelle Taurus SHO jouit d’un générateur de son (sound generator) pour ajouter à la profondeur du son. Le Lincoln MKT qui possède le même moteur V6 Ecoboost que la SHO n’a pas droit à ce générateur de son, prestige oblige.

Y’a pas juste le pétrole qui est raffiné…

Lors de notre journée auprès des ingénieurs du son de Ford, nous avons pu mesurer à quel point l’automobile est devenue sophistiquée et raffinée. Et pas seulement chez Ford. Je ne sais pas si Buick, Lexus ou Mercedes-Benz utilisent le même matériel que Ford (la plupart des outils informatiques vus dans les laboratoires de Ford sont en vente libre et les logiciels sont adaptés pour Ford) mais force est d’admettre que le silence et la douceur de roulement deviendront, d’ici quelques années, la norme. Ford s’assure simplement d’être l’un des leaders à ce chapitre.

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