Mercedes-Benz : une histoire de guerres et de paix

L’histoire de Mercedes-Benz est plutôt complexe. Elle débute avec un ingénieur allemand, Karl Benz. Né le 25 novembre 1844, Benz commence sa vie professionnelle vers 1864 dans les chemins de fer. Il travaille ensuite pour différentes compagnies et s’échoue dans une entreprise qui pique rapidement du nez, son associé s’avérant peu fiable. En 1871, une certaine Bertha, la fiancée de Karl, entre en scène et achète la part de l’associé douteux avec sa dot. Les affaires s’améliorent et nos deux tourtereaux se marient le 20 juillet 1872.

Cette business ne tient pas longtemps, mais suffisamment pour que Benz ait le temps de créer de toutes pièces un moteur à deux temps. Déjà, il est temps de passer à autre chose et cette autre chose, c’est la Benz et Cie (Benz & Companie Rheinische Gasmotoren-Fabrik). La nouvelle entreprise se porte bien, et Benz a enfin du temps et des fonds pour fabriquer une voiture sans chevaux (horseless carriage) sur laquelle il fixe le moteur monocylindre qu’il vient de concevoir.

Merci, Benz Patent Motorwagen!

Le 29 janvier 1886, Benz dépose un brevet pour une automobile fonctionnant à l’essence, la Benz Patent Motorwagen. Si vous cherchez une date marquant les débuts de l’automobile, c’est celle-là. L’automobile d’aujourd’hui, avec toute sa technologie, n’est que l’évolution de cette Benz Patent Motorwagen. Au courant des mois suivants, Benz peaufine sa création mais, perfectionniste absolu, il ne la juge pas prête pour le marché. Pas question, donc, de la commercialiser.

Photo: Mercedes-Benz

Bertha n’a pas froid aux yeux

Bertha Benz, elle, est moins perfectionniste. Et elle a davantage le sens de la publicité que son mari. Au petit matin du 5 août 1888, elle prend le volant de la Benz Patent Motorwagen et, accompagnée de ses deux fils (Richard, 13 ans et Eugen, 15 ans), entreprend le voyage le plus long jamais effectué au volant d’une voiture sans chevaux, soit 106 km entre Mannheim et Pforzheim, en Allemagne. Bertha veut prouver à son mari que sa voiture fonctionne bien. Évidemment, les pépins techniques sont nombreux, mais Bertha Benz a aussi le sens de la mécanique. Elle arrive à Pforzheim au crépuscule. L’effet désiré est atteint et la Benz Patent Motorwagen bénéficie d’une excellente publicité! Karl Benz commence, enfin, à vendre des voitures.

Les débuts de Daimler

Pendant que se déroulent ces événements, une autre racine de ce qui deviendra Mercedes-Benz pousse. Gottlieb Daimler, né le 17 mars 1834 en Allemagne, étudie le génie mécanique. En 1863, lors de l’un de ses premiers emplois en tant qu’ingénieur, il fait la connaissance d’un certain Wilhelm Maybach. Voilà qui devrait sonner une cloche dans la tête des amateurs de voitures! Ensemble, les deux compères travailleront pour quelques entreprises spécialisées dans la mécanique dont, en 1872, la Deutz AG Gasmotorenfabrik de Cologne, en Allemagne. Ils y rencontrent son propriétaire, Nikolaus Otto, l’inventeur du moteur à quatre temps (1861).

Motoristes avant tout

Mais Daimler et Otto ne s’entendent guère et en 1882, le premier claque la porte et fonde sa propre entreprise à Cannstatt, toujours en Allemagne. Bien entendu, le fidèle Maybach le suit. Nos deux hommes, libérés des contraintes imposées par leur association avec Otto, peuvent poursuivre le développement de moteurs à essence. En 1883, ils créent le Dream Engine, un moteur qui peut atteindre 750 révolutions par minute, puis après plusieurs perfectionnements, 900. L’année suivante, c’est autour du mythique Grandfather Clock engine de voir le jour. Ce moteur est aujourd’hui exposé au magnifique musée Mercedes-Benz de Stuttgart.

En 1886, à peine quelques mois après Karl Benz et à peine 60 kilomètres plus loin, Daimler et Maybach créent leur voiture sans chevaux, la Daimler Motorcoach. À ce moment, rien ne laisse croire que Daimler et Benz se connaissaient, ni même qu’ils aient été au courant du travail de l’autre.

Il n’est pas long que Daimler se distingue avec ses moteurs qu’il vend aux marques françaises Panhard et Levassor et Peugeot. L’industrie automobile française, si prolifique à la fin du XIVe siècle, doit donc son essor aux Allemands! Même l’Angleterre profite du moteur Daimler marquant ainsi l’origine de la Daimler Motor Company Limited, basée à Coventry.

Celle qui changera l’histoire de Daimler, la Phoenix

En 1890, Daimler fonde la Daimler Motoren Gesellschaft (DMG) et devinez qui est l’ingénieur en chef? Wilhelm Maybach voyons! L’entreprise vogue de succès en déconfitures et d’accolades en bagarres pour le pouvoir entre les membres de la direction. Le 6 mars 1900, Gottlieb Daimler décède d’une crise cardiaque. Deux de ses fils, Paul et Adolf, prennent les rênes de la compagnie. Au tout début des années 1900, DMG fabrique une excellente voiture, la Phoenix, dotée d’un moteur de 8 chevaux.

Photo: Mercedes-Benz

Mais les voitures de la Daimler Motoren Gessellschaft ne se vendent pas très bien, contrairement à celles de la Benz & Cie. En même temps, la course automobile devient de plus en plus populaire. Benz, trop conservateur, tente d’ignorer la tendance vers l’augmentation de la puissance (malgré la rapide Rennwagen de 20 chevaux) alors que Daimler saute sur l’occasion. Résultat, les ventes de Benz diminuent et celles de Daimler augmentent.

Emil Jellinek et sa fille

1897. Entre en scène un Allemand très riche, Emil Jellinek. Peu impressionné par les performances de sa Benz, il décide d’aller du côté de Daimler et aime beaucoup son expérience. Jellinek comprend rapidement qu’il existe un énorme marché pour les voitures sport de luxe (plus ça change…). Il passe une première commande pour six Daimler. Puis une autre de 36. Mais Jellinek est gourmand. Il exige être l’unique distributeur DMG pour la France, la Belgique, l’Autriche-Hongrie et l’Amérique. Il exige aussi que ces voitures s’appellent désormais Mercedes, le nom de sa fille de dix ans. En fait, Mercedes Adrienne Manuela Ramona Jellinek, née en 1889, n’aura jamais d’autres liens avec l’une des marques les plus populaires au monde. Peut-être même que le fait d’avoir une automobile à son nom ne l’a pas du tout impressionnée!

Les modèles Mercedes (« Mercédès » en France jusqu’en 1909) se succèdent, tous plus raffinés les uns que les autres. Les succès de Daimler en course incitent Karl Benz à modifier sa stratégie, d’autant plus que l’industrie française s’impose graduellement. Malheureusement, Benz est malheureux dans sa propre entreprise et démissionne en 1903. Les affaires ne vont pas mal pour autant et la Benz et Cie reprend du poil de la bête en dévoilant des modèles de plus en plus puissants.

En 1909, elle dévoile la fabuleuse Blitzen Benz, un monstre doté d’un moteur de quatre cylindres de 21,5 litres déballant une terrifiante écurie de 200 chevaux. Barney Oldfield, célèbre coureur automobile, l’amènera à 211,4 km/h sur la plage de Daytona en Floride. C’est comme ça que l’on crée une légende! Cette voiture, conjuguée au fait que le réseau de distribution de Benz s’améliore constamment, donne des maux de tête à Daimler. En plus, la relation entre Wilhelm Maybach et Paul Daimler, le fils de Gottlieb, ne cesse de se détériorer. Maybach démissionne en 1907. Dès 1909, il démarre sa propre entreprise qui se spécialise d’abord dans les zeppelins puis dans l’automobile, donnant ainsi naissance à une autre marque d’un extrême prestige, Maybach.

Quand les ennemis s’unissent…

Mercedes et Benz continuent leur guéguerre, autant en matière de puissance, de victoires en course que de parts de marché et connaissent chacune une longue période de prospérité. Cependant, après la guerre de 14-18, l’économie allemande s’effondre. Les deux marques vivotent jusqu’en 1924, année où la collaboration devient inévitable. Le 1er mai 1924, les deux parties signent un contrat « d’intérêt mutuel » où l’on retrouve une clause de non-concurrence et une autre stipulant la mise en commun de leurs ressources. Ces fiançailles forcées donnent malgré tout des résultats positifs. En 1926, on assiste à un mariage entre les deux plus importants constructeurs automobiles allemands du moment.

Mercedes-Benz est née. Le reste appartient à l’Histoire…

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