Genesis G90 2018: La Genesis n’est plus, vive la marque Genesis!

Les Coréens possèdent les connaissances et la technologie pour affronter les Allemands. Mais leur stratégie est différente. Et pourrait être payante.

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2018

Rarement une marque a-t-elle porté un nom aussi mal adapté à sa réalité. Le mot anglais genesis, genèse en français, réfère à la gestation, à l’élaboration. Avant la naissance. Or, la nouvelle marque de luxe de Hyundai, Genesis, est tout sauf quelque chose en formation! Elle est plutôt un aboutissement, un résultat. Celui d’un long processus commencé avec la « chic » Hyundai XG350, appelée Grandeur en Corée et distribuée ici entre 2001 et 2005. Puis Hyundai a créé l’Azera et ensuite la Genesis (à ne pas confondre avec la Genesis Coupé) pour culminer avec l’Equus.

Chacun de ces modèles était un bureau d’études mobile pour Hyundai. Comprendre les goûts et les besoins d’une clientèle américaine aisée tout en explorant un créneau encore inconnu, celui des voitures de luxe, fut, pour les Coréens, une longue série d’essais et d’erreurs. Après toutes ces années, Hyundai était prête à passer à l’étape ultime, la création d’une marque de luxe. Alors pour la genèse, on repassera!

La marque Genesis présente deux voitures, la G80 qui prend la place de la Hyundai Genesis (voir autre texte) et la toute nouvelle G90 qui remplace l’Equus déjà oubliée.

Au chapitre du style, on ne peut pas dire que la G90 révolutionne le petit monde de la voiture de luxe. Selon l’angle, elle a des relents de BMW, de Mercedes-Benz ou de Lexus. Le résultat final a de la classe, mais pas beaucoup de prestance. La même remarque s’applique à l’habitacle dont le tableau de bord regorge de boiseries (au demeurant fort belles et chaleureuses), alors que la tendance va plutôt vers un habillement de cuir, de fibre de carbone ou d’aluminium brossé.

Quoi qu’il en soit, tous les matériaux utilisés sont d’une excellente qualité. La plupart des commandes sont bien disposées et l’écran central est de bonnes dimensions et les informations qu’il diffuse sont nettes et précises. La caméra de recul, par exemple, est un modèle de clarté. 

Tous les sièges font preuve d’un grand confort même si la position de conduite idéale ne se trouve qu’après de nombreux essais. En tout cas, pour moi. Enfin, mentionnons que les sièges chauffants sont très chauffants et que le volant chauffant ne l’est pas beaucoup.

Avez-vous vraiment besoin d’un V8?

Genesis propose deux moteurs pour sa G90. Le premier est un V6 3,3 litres turbocompressé qui déballe 365 chevaux. Sans être un modèle de puissance, il suffit amplement à la tâche de déplacer la masse de 2 170 kilos. L’autre est un V8 5,0 litres développant 420 équidés. Les performances sont certes plus relevées, mais pas autant qu’on serait porté à le croire. En pleine accélération, la sonorité, quoique quelque peu étouffée sous des kilos de matériel insonore, vaut le coup. Et le coût puisque la consommation augmente au même rythme que le pied droit enfonce l’accélérateur.

Peu importe le nombre de cylindres, la boîte automatique (est-il vraiment utile de préciser qu’il s’agit d’une automatique?) possède huit rapports. Elle commande un rouage intégral qui favorise les roues arrière. En effet, lorsque l’on s’amuse à accélérer sur une surface glacée, on sent que le couple se dirige de suite à l’arrière, ce qui autorise des dérobades. Remarquez que je n’ai pas écrit « de belles dérobades ». Les différents systèmes de contrôle interviennent rapidement et avec autorité. Pourquoi avoir du plaisir dans une berline de luxe, hein?

La conduite d’une G90 n’a rien d’excitant. L’habitacle est d’un silence monacal, la direction est un tantinet floue, les différents modes de conduite ne sont pas très incisifs — sauf peut-être le mode Sport qui rend la direction un zeste plus ferme —, et la suspension offre un haut niveau de confort à défaut d’être sportive. Malgré tout, la G90 est une routière compétente, confortable et puissante.

Comme une Mercedes-Benz… d’il y a dix ans

En fait, le comportement de la G90 se rapproche beaucoup de celui d’une Lexus LS de la génération précédente (une toute nouvelle LS arrive en 2018) ou d’une Mercedes-Benz d’il y a dix ans. Il est encore loin de celui d’une BMW Série 7 ou d’une Audi A8. Et ce n’est pas un défaut.

La G90 compense en offrant un niveau d’équipement très relevé pour un prix très étudié. C’est ainsi que les Coréens ont pénétré le marché américain il y a plus de trente ans et l’ont conquis, après l’avoir étudié sous toutes ses coutures pour mieux le comprendre. Si les Coréens avaient voulu attaquer de front les Allemands avec leur G90, ils l’auraient fait. Leur stratégie est différente et a toutes les chances de fonctionner.

Feu vert

  • Rapport équipement/prix dur à battre
  • Habitacle aussi confortable que silencieux
  • Puissance adéquate
  • Construction solide

Feu rouge

  • Lignes anonymes
  • Prestige à peu près inexistant
  • Direction sans envergure
  • Systèmes de contrôle très… contrôlants
  • Valeur de revente questionnable

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