Lincoln MKZ Hybrid: Gagner sans trop d'efforts

Points forts
  • Esthétique étudiée
  • Motorisation hybride réussie
  • Consommation intéressante
  • Confort assuré
  • De moins en moins Ford, de plus en plus Lincoln
Points faibles
  • De moins en moins Ford, pas encore tout à fait Lincoln
  • Certains systèmes peu conviviaux
  • Trop d'avertisseurs sonores
  • Encore en manque de prestige
Évaluation complète

Il y à peine quelques années, Lincoln n’allait nulle part. De son côté, l’ennemie jurée, Cadillac, était partout. Après avoir vendu les marques de prestige qu’étaient, et que sont toujours, Aston Martin et Land Rover et s’être débarrassée de la moribonde Mercury, Ford peut enfin se concentrer sur sa marque de luxe. Au fil des prochaines années, il y aura de nouveaux modèles Lincoln et ils seront de plus en plus éloignés des prolétaires Ford dont ils seront issus.

La première voiture qui représente la nouvelle marque Lincoln, c’est la MKZ, dessinée dans les bureaux de design de Lincoln, ressuscitant ainsi un département qui avait fermé ses portes en 1970. Les non-initiés à la chose automobile auraient bien de la difficulté à voir une Ford Fusion dans la MKZ. Cette dernière possède son propre style – qu’on aime ou qu’on n’aime pas – cependant, force est d’admettre que la MKZ est à la fois différente et élégante. La calandre, typique des produits Lincoln me semble ici mieux intégrée que sur d’autres modèles. La partie arrière, surtout, se distingue avantageusement… selon l’auteur de ces lignes du moins! Cependant, la voiture à l’air avoir été dessinée par deux équipes, une pour l’avant… une pour l’arrière!

Lincoln s’éloigne de Ford

L’habitacle non plus ne rappelle pas la Fusion. Ou si peu. On y retrouve quelques particularités fort intéressantes comme la transmission à boutons-poussoirs, comme « dans le temps » mais avec assurément une meilleure fiabilité! La console centrale est flottante comme dans les Volvo et, comme dans ces dernières, il faut se déhancher le coude et le poignet pour pouvoir aller y déposer ou chercher quelque chose. Le grand écran central est clair bien que toujours souillé par d’innombrables traces de doigts. Les jauges digitales, bien visibles devant le conducteur, sont différentes selon le modèle. L’hybride présente les habituels tableaux de consommation, de régénération de la batterie et de belles feuilles vertes pour récompenser le pied léger. Dans les autres versions, la présentation est plus classique mais toujours facilement lisible. Les sièges, propres à cette Lincoln, s’avèrent très confortables et trouver la bonne position de conduite ne m’a pris que quelques secondes. Trouver comment fermer les innombrables avertisseurs,  bips et autres sons agaçants au possible qui soulignent la présence d’objets trop près quand on circule dans une rue étroite m’a pris beaucoup plus de temps et a puisé allègrement dans ma réserve de patience.

Cette anecdote est survenue il y a à peine quelques jours, alors que Ford nous avait conviés dans le Vieux-Québec pour faire l’essai du Lincoln MKZ Hybrid, doté du même groupe motopropulseur que sa consœur, la Ford Fusion Hybrid. Il s’agit d’un moteur à essence de quatre cylindres de 2,0 litres développant 141 chevaux et 129 livres-pied de couple. Le moteur électrique, pour sa part, fait 88 kW. L’ensemble équivaut à 188 chevaux. La batterie au lithium-ion d’une puissance de 1,4 kWh prend une partie du coffre (326 litres contre 436 pour les modèles ordinaires). Petite note : Ford offre une Fusion Energi, une hybride rechargeable mais pas Lincoln.

Consommation très correcte

Ford promet une consommation de 4,2 l/100 km en ville et de 4,3 sur la route. Lors du lancement, le parcours déterminé par Ford nous emmenait majoritairement en ville ou sur des routes où la limite de vitesse était basse. Sans vraiment adopter une conduite très « verte » mais sans accélérer comme si nous avions été à bord d’une Shelby GT500, ma collègue et moi avons obtenu une moyenne de 6,4 l/100 km. Et nous avons ainsi remporté les honneurs de la plus petite consommation de notre groupe de journalistes. Si nous avions vraiment fait attention (ma collègue, je dois l’avouer, était plus consciencieuse de l’environnement que moi!), si j’avais fait attention, donc, nous aurions sans doute pu terminer avec un 6,2 ou 6,1 de moyenne. Il s’agit d’une excellente moyenne, malheureusement ternie par les promesses intenables de Ford. L’hiver dernier, à des froids à faire pleurer un ours polaire, j’avais obtenu une moyenne de 8,2 l/100 avec une Fusion Hybrid. Il faut dire que le trajet était aussi totalement différent de celui de Québec.

La transmission est une CVT (à rapports continuellement variables) qui, dans les conditions d’utilisations vécues à Québec, faisait un travail du tonnerre même si en accélération, on entendait davantage le moteur tourner. Les roues avant sont motrices. Pour passer au rouage intégral, il faut aller vers le V6 de 3,7 litres. Et là, on est loin de l’hybride! Les freins dotés d’un système de récupération d’énergie sont souvent sensibles mais ce n’est pas le cas du MKZ Hybrid.

Trouvez Charlie!

Trois niveaux de conduite s’offrent au conducteur : Confort, Normal et Sport. On note une certaine différence entre Confort et Sport et, personnellement, je le laisserais sur Sport. Pour deux raisons. A) ce mode me convient mieux même s’il est à l’opposé de ce que doit être une voiture hybride. B) ces trois modes sont tellement difficiles à trouver dans le menu (eh non, pas de bouton au tableau de bord pour ça!), que je n’aurais jamais la patience pour les retrouver chaque fois. D’ailleurs, j’imagine que la plupart des propriétaires ne sauront jamais qu’il y a trois modes. Bravo pour la convivialité…

Sur la route, le MKZ Hybrid se comporte comme une Lincoln moderne. Silencieux, doux, confortable. Il ne « punche » pas comme une Cadillac où le clinquant et la sportivité sont évidents, néanmoins, il sait se faire apprécier au quotidien.

Les dirigeants de Lincoln nous ont affirmé que cette marque de luxe s’éloignerait de plus en plus de Ford. C’est à souhaiter. Le MKZ est la première voiture de cette renaissance mais il y a, à mon avis, encore trop de Ford, surtout sous le capot. Ce n’est pas que la mécanique n’est pas à la hauteur mais l’ensemble nous fait penser à du Ford… de luxe. Quand on paie près de 10 000 $ de plus (29 299 $ pour une Fusion Hybrid de base contre 38 350 $ pour un MKZ de base), on est en droit de s’attendre à plus que quelques accessoires supplémentaires et un logo prestigieux. M’est avis que je ne pourrai plus écrire cela dans quelques années!

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