La gaffe (une histoire vécue)

L’article que nous publions aujourd’hui est celui de la journaliste Isabelle Gaboriault de l’hebdomadaire Le Plus de Granby, paru le 11 mai 2011. Isabelle nous raconte l’accident d’auto qu’elle a évité récemment. Ce genre d’aventures est trop commun et devient, malheureusement, banal. La plupart des accidents débutent par une erreur humaine, ne l’oublions jamais. Et les conséquences peuvent être tellement dramatiques…

La gaffe

Histoire de me gâter pour la fête des Mères, je suis partie tôt en direction des Promenades Saint-Bruno vendredi dernier y rafraîchir ma garde-robe pour la période estivale.

Ce jour-là, ma petite allait passer du bon temps avec son père en congé. Les deux m'avaient envoyé des becs soufflés par la fenêtre en guise de bonjour.

Ma grande, elle, se trouvait à l'école. En la déposant, je l'avais regardé gambader vers la cour de récréation. Elle affichait un large sourire tout en se retenant de trop bouger pour ne pas "défaire ses tresses".

J'ai pris la route en fredonnant les back vocals sur l'album African Revolution de Tiken Jah Fakoly.

Au retour, je me promettais de profiter de la 10 pour découvrir le nouveau CD du Pascale Picard Band que j'allais m'offrir en cadeau une fois sur place. C'était un matin parfait. Je vivais presqu'un moment de grâce.

Je chantais tout en roulant sur le boulevard Pierre-Laporte vers Bromont pour aller emprunter l'autoroute en direction de Montréal. Quelque part entre le carrefour giratoire et le viaduc qui chevauche la 10 tout a failli basculer.

Comme il faisait beau, j'ai voulu profiter de mon toit ouvrant affectueusement baptisé "Le Stade". Un méchant trou.

Mais avant de l'ouvrir, il faut faire glisser une porte coulissante vers l'arrière. Cette manoeuvre, je l'ai faite d'une main tout en conduisant de l'autre. Tout bonnement. La gaffe.

Mon auto s'est mise à valser d'une voie à l'autre. Si une voiture venait en sens inverse, c'était terminé. Si une autre me suivait de trop près, on finissait dans le décor.

Mais heureusement, à cet instant, tout le monde semblait avoir emprunté une autre artère que Pierre-Laporte. Finalement, par je ne sais quel moyen, je l'ai ramenée. Tout ça a duré trois secondes et demie.

Et j'ai poursuivi ma route. Le coeur gros et battant.

Le choc.

Quelques mètres plus loin, j'ai croisé ma belle-soeur qui se rendait au travail. Je tremblais à l'idée de la scène qui se serait jouée devant elle. Je frémissais en pensant à tout ce qui aurait suivi. Mon état. Mon chum. Mes filles. Mes parents. Ma soeur. Mon monde. My God!

Je me suis imposée une halte à la sortie 55 pour décompresser. J'y ai couché sur papier les grandes lignes de ce billet. C'est là que j'ai eu une pensée pour l'animatrice Pénélope McQuade. En mai 2009, elle a été éjectée par son toit ouvrant après une perte de contrôle sur l'autoroute 20. Elle voulait brancher son lecteur mp3. Un geste banal comme le mien.

C'est là aussi que j'ai fait le tour des suppositions. Si ma voiture avait capoté? Si je n'avais pas été seule à bord? S'il avait plu? Si j'avais roulé plus vite? Moins vite? Si j'avais croisé un poids lourd?

Et j'ai pleuré pour mes proches. Mes filles, encore si jeunes. J'avais toujours leurs sourires matinaux en tête. Mon chum, qui se préparait à recevoir nos deux familles pour la fête des Mères.

Honteuse, je n'ai pas raconté ma mésaventure à mon retour. J'ai parlé de mes emplettes. Défilé mes trouvailles. J'ai avoué avoir dépensé à mon goût, en achetant tout en réduction... tremblante à l'idée que ma sortie aurait pu me coûter la vie.

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