Des étudiants de l'ÉTS participeront à la plus grande compétition étudiante de course automobile électrique

Par François-David Rouleau

Une équipe de course automobile étudiante du Québec est partie à la conquête de l’Europe. Championne de la grande épreuve au Michigan en juin, elle se frottera maintenant au savoir-faire des grandes universités du vieux continent. «On a remporté l’équivalent de la Coupe Grey sur la piste du Michigan. Maintenant, on va se battre au Super Bowl de notre discipline», image avec hargne et passion le capitaine de la formation de l’école de technologie supérieure de Montréal (ÉTS), Simon Aubin-Lavoie, en entrevue avec Le Journal de Montréal avant de quitter pour la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne et la Croatie.

Photo: ÉTS

Au circuit international du Michigan où se déroulait la grande compétition nord-américaine de Formule SAE électrique à la mi-juin, l’ÉTS a littéralement lessivé ses 66 adversaires. L’équipe montréalaise a devancé l’Université Carnegie Mellon de Pittsburgh devançant par 156 points. L’École Polytechnique Montréal a terminé au 11e rang à 494,7 points alors que l’Université Laval et l’Université McGill ont également terminé dans le top 20. 

Tout un bolide

Le bolide de l’ÉTS uniquement électrique nommé MANIC-23 est franchement à la fine pointe de la technologie alors qu’il s’est démarqué dans la majorité des huit catégories de la grille d’évaluation. Il se démarque notamment dans sa vitesse d’accélération sur 75 mètres, sur l’accélération latérale, sa rapidité sur circuit, son endurance et son efficacité énergétique. 

«Cette année, nous avons rendu la voiture plus performante en diminuant sa masse de plus de 17%, explique le capitaine en parlant de son bijou sur quatre roues à des années-lumière de la boîte à savon. Nous avons utilisé un procédé de fabrication différent et installé plus de pièces en carbone.

«Le résultat de la compétition au Michigan a prouvé tous nos efforts, poursuit celui qui participe au projet de Formule ÉTS depuis quatre ans. Nous avons offert une grosse performance dans toutes les épreuves. Cela montre où nous en sommes rendus.» 

Depuis des années, les membres de cette équipe tirent leur fierté en repoussant constamment leurs procédés. Ils souhaitent toujours concevoir le véhicule le plus léger. Elle s’est d’ailleurs distinguée dans bon nombre de compétitions au fil des années.

Sur de petits circuits plus étroits et sinueux que les circuits de course de la F1 et des autres séries, la MANIC-23 offre des images impressionnantes et procure des sensations fortes aux pilotes.  

«La vitesse maximale du véhicule approche les 120 km/h, mais il faut surtout l’optimiser pour une vitesse de 60 km/h. Il est préférable de construire une monoplace stable à une vitesse moyenne plutôt que de privilégier une grande vitesse», signale Aubin-Lavoie. 

Une monoplace pour deux marchés

Fait intéressant, l’équipe de l’ÉTS a fabriqué et assemblé une monoplace respectant les exigences autant des marchés nord-américains qu’européen. La compétition sur le vieux continent est toutefois plus forte puisque les équipes sont fréquemment soutenues par les grands constructeurs automobiles tels que le groupe Volkswagen et le groupe BMW. 

Les équipes sont aussi plus volumineuses alors qu’elles approchent presque une centaine de membres. Celle de l’ÉTS en compte quant à elle une trentaine. Ce n’est qu’une fraction de celle-ci qui s’est envolée vers l’Europe. L’autre s’affaire déjà aux prochains projets à venir et au prototype 2024. 

Au fil du mois d’août, elle participera à trois épreuves différentes. La compétition sur le site du circuit du Hungaroring, en Hongrie dans la première semaine d’août, a permis de préparer efficacement la grande rentrée au circuit d’Hockenheim en Allemagne pour l’évènement «Formula Student Germany» cette semaine. Celui-ci est considéré comme le Super Bowl de la discipline.

Il réunira près de 75 équipes provenant de l’Europe, d’Asie et d’Amérique. L’ÉTS et l’Université de Toronto seront les seules représentantes du Canada. 

Photo: ÉTS

Objectif: top 10

«On va là pour performer, car on est persuadé que nous avons un véhicule fiable ayant fait ses preuves en compétition, estime Aubin-Lavoie. C’est un gros mois d’août qu’on prépare depuis longtemps. Notre équipe possède les connaissances et l’expérience requises pour connaître du succès.

«Si on termine dans le top 10 des épreuves, on serait très fier, poursuit-il. Surtout en Allemagne.»

Après quatre années dans ce programme extracurriculaire, ce sera une véritable cerise sur le sundae de cet étudiant en génie civil passionné de course automobile.

Qu’est-ce que la Formule SAE ?

C’est une compétition universitaire en ingénierie organisé par la Société des ingénieurs automobiles. Plus de 600 universités à travers le globe sont impliquées. Chaque équipe doit concevoir et fabriquer un véhicule en respectant un cahier de règlements précis. 

Comment la Formule SAE fonctionne-t-elle?

Une voiture de haute performance est notée selon des épreuves dynamiques (sur piste) et statiques. 

Dynamiques (675 points)

- Accélération: rapidité sur 75 mètres 

- Skid-pad: habiletés en virages pour mesurer l’accélération latérale

- Autocross: rapidité sur un circuit de course avec virages, épingle, ligne droite, etc. Le meilleur chrono est enregistré

- Endurance: sur 22 km. Le temps est aussi enregistré

- Efficacité: évaluation selon la quantité d’énergie consommée durant l’épreuve d’endurance de 22 km.

Statiques (325 points)

- Présentation marketing : rédaction d’un plan d’affaires destiné à de potentiels investisseurs. Les avantages commerciaux du véhicule sont mis de l’avant afin de répondre aux demandes du marché. La rentabilité, la faisabilité et les coûts du projet sont notés. 

- Rapport des coûts: coût et revenus des étapes de mise en œuvre de la voiture (conception et fabrication) selon un budget équilibré pour un projet d’ingénierie.

- Design: évaluation des connaissances et des efforts d’ingénierie dans la conception du véhicule. Le panel de juges doit être convaincu de son efficacité et sa performance

La monoplace électrique de l’ÉTS en bref

MANIC-23 

395 livres (179,1 kg)

4 moteurs développant 35 kW à chacune des roues

Puissance de 140 kW limité par algorythme à 80 kW (107 chevaux)

Accélération 0-100 en moins de 3 secondes 

Vitesse maximale: 117hm/h
Optimisation du véhicule à 60 km/h 

Châssis monocoque en fibre de carbone
Roues de 16 pouces

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