BMW X6M, joindre l'inutile à l'agréable

Points forts
  • Lignes différentes
  • Puissance "adéquate"
  • Prétentions sportives confirmées
  • Exclusivité assurée
  • Mode M influent
Points faibles
  • Lignes différentes
  • Prix d'achat exclusif
  • Consommation catastrophique
  • Coûts d'entretien exorbitants
  • Incroyablement inutile
Évaluation complète

Toute personne le moindrement cartésienne ne s’achète pas une voiture sport. Ni une maison de 1 500 000$. Ni un habit Armani de 5 000$. Pourtant, en ces temps de crise-économique-qui-commence-à-vouloir-se-terminer, les biens de luxe continuent à très bien se vendre, même si ce n’est pas toujours au même rythme qu’avant. Parmi ces biens de luxe, très bons pour l’égo mais d’une désolante inutilité, il y a le BMW X6M.

Il y a déjà deux ans, BMW lançait son X6, une sorte de VUS coupé, aux formes superbes pour les uns, hideuses pour les autres. La partie arrière très inclinée qui se termine abruptement ne fait d’ailleurs rien pour améliorer l’espace de chargement et, surtout, rien pour aider la visibilité arrière. Ses principaux adversaires (Mercedes-Benz ML63 AMG, Porsche Cayenne, Land Rover Range Rover Sport) offrent un plus grand espace de chargement et une meilleure visibilité et peuvent accueillir au moins cinq personnes alors que le X6 ne peut en transporter que quatre. De là à dire que le X6M est un VUS inutile, il n’y a qu’un pas que je m’empresse de franchir!

Inutile ne veut pas dire désagréable!

La version de base, le X6 xDrive35i (une dénomination plus loufoque que descriptive) possède un moteur développant « seulement » 300 chevaux. La version xDrive50i, elle, en crache 400, ce qui assure des performances de premier plan pour ce véhicule de 2 220 kilos (4 894 livres!). Pour satisfaire les éternels insatisfaits, BMW a prévu le X6M dont le V8 de 4,4 litres double turbo développe pas moins de 555 chevaux et 500 livres-pied de couple. On a beau dire que le véhicule est hyper lourd (2415 kilos ou 5 324 livres ou 2,94 smart ou 0,948 Dodge Ram 4x4), n’empêche qu’il franchit le 0-100 km/h en 4,7 secondes! Le passage de 80 à 120 km/h est dilapidé en 4,0 secondes. Bien entendu, les ingénieurs de BMW ont porté une attention particulière au temps de réponse des turbos et leur délai est inexistant. Quant aux freins à disque (395 mm à l’avant – 15,5 pouces- et 385 mm à l’arrière – 15,2 pouces-), ils sont à la hauteur de la lourde tâche dont ils ont à s’acquitter en conduite régulière. Nous parlerons un peu plus tard de leur comportement sur un circuit. Cependant, je les ai trouvés anormalement criards à froid.

S’il est peu adapté aux besoins des déménageurs (!), c’est sur la route que le X6M fait surtout preuve de ses aptitudes. Tout d’abord, comme on dit en latin « y marche en ti-péché ». Le moindre rapprochement de l’accélérateur et du plancher et hop, on est parti. Et dans un concert qui ravit l’oreille de l’amateur de performances, en plus! Bah, il y a bien quelques rabat-joie qui vont critiquer les 11,9 aux cent kilomètres sur la grand-route mais rappelons-leur que la jalousie est un bien vilain défaut. Il est par contre plus difficile de passer sous silence les 17,0 litres en ville…  Durant notre semaine d’essai, notre X6M a enregistré une moyenne de 16,9. D’essence super, bien entendu. Dans le cas du X6M, on fait le plein dans les deux sens du terme…

La transmission automatique à six rapports fonctionne à l’image du moteur, c'est-à-dire rapidement. Elle permet même au moteur de tourner à 1900 tours/minute à 100 km/h sur le « D ». Lorsqu’on place le levier sur le mode Sport, le régime monte aussitôt à 2400 tours/minute.

Puissance et compétence

S’il y a une critique à adresser au X6M, c’est la difficulté de rester dans les limites (légales et/ou socialement acceptables) sur une autoroute. Quand on a autant de puissance sous le pied droit, il faut apprendre à se calmer les hormones. Pour des fins journalistiques uniquement, j’ai été obligé de pousser la machine à haute vitesse sur une route un peu bosselée. Je connais bien peu de véhicules, aussi sportifs soient-ils, qui tiennent le cap aussi bien que le X6M. Comme quoi, il n’est pas juste puissant, il est aussi très compétent. Curieusement, les suspensions du M m’ont parue plus confortables que celles d’un X6 essayé l’année dernière et qui m’avaient passablement irrité. Selon un responsable de BMW, cette impression serait surtout due aux pneus d’hiver qui équipaient notre véhicule d’essai, des Continental 4x4 Wintercontact SSR de dimension 255/50R19 qui sont pourtant de même dimensions. Une chose est sûre, nos pneus d’hiver étaient assurément plus confortables que ceux qui équipent le X6M durant la belle saison, des 275/40R20 à l’avant et des 315/35R20 à l’arrière. Inutile de préciser que le coût de remplacement de ces pneus est indécent.

Comme nous en faisait part le collègue Gélinas dans le Guide de l’auto 2010, le BMW X6M s’avère très agréable à piloter sur une piste, malgré son poids pachydermique qui a une incidence négative sur les distances de freinage et sur la vitesse d’entrée dans les courbes. D’ailleurs, même si les freins n’ont jamais lâché notre pilote journaliste durant son essai, le fait que la pédale se rendait beaucoup plus loin que la mi-course demandait une certaine confiance… Une fois inscrit dans la courbe, le X6M fait preuve de stabilité et ne présente qu’un roulis minime facilement contrôlable. L’extraordinaire puissance du moteur, associée au système DPC (Dynamic Performance Control) et du mode M Dynamic qui agit sur le rouage intégral xDrive, permet de belles dérobades du train arrière en sortie de virage. Malheureusement, 95% des quelques X6M vendus annuellement au Canada n’iront jamais sur une piste…

M

Au volant, on retrouve un bouton « M ». Lorsqu’il est enfoncé, le X6 se met en mode Mdynamic. Il est alors possible de modifier différents paramètres dont le EDC (Electronic Damper Control – fermeté des amortisseurs-), le DSC (Dynamic Stability Control) et la puissance du moteur.
Outre sa mécanique d’enfer, le X6M partage la plupart des caractéristiques physiques du X6 régulier. Il est même difficile de savoir lequel est lequel à moins de regarder la dimension des pneus, les roues en alliage, les prises d’air avant plus généreuses et l’inscription ///M sur le hayon. Même dans l’habitacle, les changements sont subtils. Parlant d’habitacle, soulignons que la qualité des matériaux et leur assemblage est digne du prix demandé.  Aussi, à cause de la ligne arquée de son toit, il est facile de se cogner la tête en entrant dans le véhicule mais ce n’est rien comparé à l’accès aux deux places arrière!

Le X6M, malgré tout le mal qu’on pourrait en dire, est un véhicule d’exception, autant par son style, sa conduite et son prix. Et c’est exactement ce que recherchent les acheteurs de ce type de voiture. Vous savez quoi? Si je gagnais à la 6/49, je n’hésiterais pas à me procurer le plus inutile des VUS de la planète…

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