Dodge Charger - Des brutes amusantes et confortables
Déjà la septième année pour la septième génération de la Charger, dans sa version actuelle. Dans une catégorie décimée, cette berline costaude et sa sœur, la Chrysler 300, sont les dernières à défendre les valeurs de la grande voiture américaine classique à roues arrière ou quatre roues motrices. La Charger doit sa survie à l’étendue de sa gamme et à la popularité de ses versions de performance, surtout depuis l’entrée en scène spectaculaire de la première Hellcat il y a sept ans, également. Sans compter son accès désormais exclusif au marché de la voiture de police, bien sûr.
La division de performance SRT a réussi un grand coup en créant les Hellcat, avec leur V8 surcompressé de 6,2 litres et 707 chevaux. Une puissance que plusieurs ont alors spontanément jugé exagérée et déraisonnable. Le Guide de l’auto a choisi plutôt, à l’époque, de confronter la version Charger de cette nouvelle venue aux meilleures bagnoles européennes et japonaises dans le match des autos sport de sa 50e édition. Question d’en avoir le cœur net. Or, la grande – sinon grosse – berline s’était bien défendue face à des rivales nettement plus menues et légères, inscrivant même, de loin, la distance de freinage la plus courte.
Carrosserie large et quatre portières
L’an dernier, Dodge a enfin offert aux inconditionnels une Charger SRT Hellcat profitant de la carrosserie élargie qu’ils réclamaient depuis l’apparition des Dodge Demon et Challenger Widebody. Ils en profitèrent pour créer une version Widebody de la Charger Scat Pack 392, toujours animée par un V8 atmosphérique de 6,4 litres et 485 chevaux. Les prolongements d’ailes qui ajoutent presque 9 cm à leur mesure transversale couvrent des roues et pneus plus larges et plus espacés, dont les mouvements sont maîtrisés par des amortisseurs Bilstein autoréglables, des barres antiroulis plus grosses et des ressorts renforcés .
Les SRT Hellcat et Scat Pack 392 Widebody disposent des mêmes freins Brembo dont les disques mesurent 390 mm de diamètre à l’avant et 350 mm à l’arrière, pincés par des étriers à six et quatre pistons, respectivement. Comme toutes les Charger, elles sont pourvues d’une servodirection électrique dont la fermeté varie en fonction des quatre modes de conduite (Normal, Sport, Circuit et Programmable) qui modifient également les réglages de la boîte de vitesses et des manettes au volant, de l’antipatinage et de la suspension. On choisit sur le grand écran central alors qu’une molette ou un bouton serait plus efficace et sûr, en conduite.
Sur le circuit Sonoma en Californie, lors du lancement, la SRT Hellcat version Widebody s’est révélée plus stable, plus précise et mieux campée sur ses roues en virage que sa devancière. Après des accélérations époustouflantes en ligne droite, il faut moduler l’accélérateur en virage parce que l’arrière décroche à la moindre exagération. Sur le même parcours ondulé et technique, jadis connu sous le nom de Sears Point, la Scat Pack 392 Widebody était plus équilibrée et franchement plus agréable, avec son train avant allégé d’une soixantaine de kilos et les réactions linéaires de son V8 atmosphérique dont la sonorité est carrément enivrante en pleine accélération.
Au retour, sur une route étroite du littoral californien, la SRT Hellcat était à la fois redoutable et imperturbable mais semblait occuper la voie en entier, tellement elle est large. C’est une berline spacieuse et confortable dont les sièges baquets bien sculptés donnent quand même l’impression d’être assis dans un fauteuil, tellement ils sont moelleux et confortables.
En long comme en large
Dodge a grandement bonifié la motorisation de la Charger en y ajoutant l’excellent V6 Pentastar de 3,6 litres il y a plus de dix ans et une boîte automatique à 8 rapports qui le complète impeccablement, lors du remaniement de 2015. Les SXT et GT à quatre roues motrices profitent de ce duo. Elles sont éminemment sympathiques et attrayantes pour les conducteurs québécois mais ce serait bien que ce rouage intégral efficace soit à nouveau couplé à un des ronflants V8 que l’on retrouve sous le capot d’autres variantes de la vénérable Charger.
Surtout que SRT a créé une Charger Redeye dotée du même V8 surcompressé de 797 chevaux que sa cousine Challenger. Un bolide qui gagnerait sûrement près d’une seconde sur ses chronos en accélération avec un rouage intégral comme celui du Jeep Grand Cherokee Trackhawk. Elle n’en serait que plus redoutable sur un circuit et plus sûre partout ailleurs. Il lui faudrait simplement des freins encore plus gros et résistants.
Ce ne serait qu’un autre défi pour ces ingénieurs qui défendent depuis belle lurette le muscle car américain traditionnel avec passion et talent. N’en déplaise aux puristes et aux militants, quelle que soit leur cause. Pour en profiter pendant que ça dure. Comme pour sauver le dernier dinosaure.
Feu vert
- Puissance et sonorité exceptionnelles des V8 (392 et Hellcat)
- Ergonomie et chaîne multimédia impeccables
- Cabine spacieuse et sièges confortables
- Tenue de route nettement meilleure
Feu rouge
- Jante du volant épaisse et large
- Poids et encombrement imposants
- Un seul levier pour essuie-glaces et clignotants
- Motricité limitée en démarrage et en virage (SRT Hellcat)
