Bentley Continental, fournitures de bureau haut de gamme

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2010

Au pire de la crise économique qui a secoué le monde en 2009, les activités de plusieurs manufacturiers de voitures de grand luxe ont été sérieusement touchées. Bentley, par exemple, plutôt que de se départir de ses employés qualifiés, a préféré leur faire faire des meubles de bureaux! Ces ébénistes en herbe ont utilisé les essences de noyer qui composent habituellement les tableaux de bord. Bentley n’allait pas apposer sa signature sur de vulgaires meubles en mélamine! Mais cela n’a pas empêché la très aristocratique marque de poursuivre le raffinement de sa gamme automobile.

En 2004, Bentley dévoilait la Continental GT, un coupé sport très haut de gamme doté d’un fabuleux W12 de 552 chevaux. L’année suivante, question de profiter du momentum, l’entreprise de Crewe en Angleterre présentait la Flying Spur, une berline, que dis-je, une limousine! Ensuite, ce fut au tour de la GTC, un affriolant cabriolet, de connaître les joies de la production.

Pour une très petite marque (Bentley ne vend qu’une dizaine de milliers de voitures annuellement), cela devrait suffire. Que non! Une fois l’univers ayant commencé à s’habituer aux nouvelles venues et les carnets de commandes bien remplis, Bentley a dévoilé une version Speed de chacune de ces voitures. Comme son nom l’indique, cette version est encore plus puissante et plus chère, donc plus désirable, que celles dont elle est issue. Bref, les gens riches et célèbres sont heureux!

La Supersports, pas avant 2012

Comme si ce n’était pas suffisant, en février dernier, Bentley présentait sa Continental Supersports, une Continental GT dotée d’un moteur fonctionnant à l’essence E85 (85 % d’éthanol et 15 % d’essence). On a beau vouloir devenir (un peu) plus vert, il ne faudrait surtout pas que les performances en souffrent. D’après les premiers chiffres, le W12 serait gonflé à 621 chevaux et 590 livres-pied de couple et ferait le 0-100 km/h en 3,9 secondes. Bentley fait grand état des 110 kilos en moins par rapport à la GT conventionnelle. Par contre, pas beaucoup de bruit autour du prix… Cette foudroyante machine sera offerte au public (à un certain public…) en 2012.

Pour le moment, nous devons nous contenter des modèles de production. La Continental GT est parmi nous depuis six ans, mais son design n’a pas pris une seule ride. Son moteur douze cylindres en W, repris de la Volkswagen Phaeton, s’avère d’une redoutable efficacité malgré le poids considérable du coupé (plus de 2300 kilos). Il suffit d’appuyer sur le champignon et la voiture accélère rapidement et en toute douceur. Lors d’une accélération, la Bentley, grâce à sa transmission automatique à six rapports parfaitement adaptée et son rouage intégral, met tout en œuvre pour atteindre la vitesse désirée le plus rapidement possible. Jamais elle ne tente d’épater la galerie. « Tu veux aller vite? », semble-t-elle demander. Alors accroche-toi, mon Ti-Pit, on est parti!

La GTC, la version décapotable et la Flying Spur reprennent le même credo, pour le plus grand bonheur du pilote. Cependant, lorsque le pilote est un journaliste automobile qui n’a pas les moyens de conduire les voitures qu’on lui prête, les accélérations sont accompagnées par la sonorité étouffée du W12, mais aussi par une diminution rapide de l’essence super dans le réservoir. Mais il faut bien s’amuser un peu dans la vie! La décapotable souffre d’un châssis un peu moins rigide que dans le coupé, ce qui est normal et n’est pas dérangeant si on considère qu’une telle voiture ne devrait pas souvent tourner sur les pistes de course. Sa place est surtout sur les superbes boulevards de Miami ou de Nice. Quant à la Flying Spur, la berline, son châssis allongé de 30 centimètres permet d’offrir des places arrière étonnantes de confort et d’espace, mais la rigidité s’en ressent et la voiture s’avère moins agréable à conduire. Par contre, les performances ne semblent pas se formaliser des 100 kilos supplémentaires à traîner.

Encore plus haut, encore plus loin

Depuis quelques années, Bentley profite des grands Salons de l’auto pour présenter une version Speed de chacune des voitures de la gamme Continental. Comme si la GT, la GTC et la Flying Spur n’étaient pas suffisamment puissantes ou exclusives, l’ajout du nom Speed, en plus de soulager un propriétaire de quelques dizaines de milliers de dollars supplémentaires à un prix frôlant déjà l’indécence, amène un W12 de 600 chevaux et des performances hallucinantes. L’augmentation du poids est ainsi imperceptible! Mais les ingénieurs de Bentley ne se sont pas seulement contentés de rehausser la puissance. Les suspensions sont abaissées d’une dizaine de millimètres et sont plus fermes, le ratio de la direction est revu pour assurer une plus grande précision (qui n’a jamais péché par excès de zèle dans les versions de base, si je peux me permettre une telle vulgarité) et les pneus passent à 20 pouces. Je ne connais pas le prix de ces Pirelli P Zero Rosso, mais les quatre doivent coûter l’équivalent des armoires de cuisine que je viens de commander.

Peu importe la Bentley, le confort est indiscutable et le luxe, tout simplement indescriptible. Je ne parle pas des accessoires de luxe, moins nombreux que dans une Cadillac par exemple, mais plutôt du choix des boiseries, des cuirs et des divers matériaux qui respirent la qualité. Parmi les éléments qui impressionnent le plus, outre la voiture au complet, il y a le système audio Naim de 1100 watts.

La marque Bentley était, il n’y a pas si longtemps, à l’agonie. Depuis qu’elle a été reprise par Volkswagen, elle est pétante de santé. Et si le passé récent est garant de l’avenir, Bentley n’a pas fini de nous étonner. D’ailleurs, l’entreprise prend le virage vert. En plus de la Supersports (un virage vert pâle…), 85 % des matériaux utilisés pour construire une Continental sont désormais recyclables. À quand une Bentley entièrement électrique?

Feu vert

Prestige incroyable
Puissance démentielle
Confort inouï
Version Supersports émouvante
Beauté classique

Feu rouge

Consommation indescriptible
Prix inconvenants
Poids trop élevé
Places arrière étriquées (sauf Flying Spur)
Dimensions « ferroviaires »

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