Hyundai Genesis, deux chevaux de Troie

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2010

Hyundai a réussi son entrée dans la catégorie des voitures de luxe avec brio et panache l’an dernier. Sa nouvelle berline Genesis a effectivement raflé les titres convoités de voiture canadienne et nord-américaine de l’année pour la qualité de sa conception, son raffinement et les performances qu’elle offre à prix extrêmement compétitif. Ce coup d’éclat réussi, il lui reste maintenant à passer l’épreuve du marché et démontrer la fiabilité et la longévité qui font ou défont le prestige et la réputation d’un constructeur.

Comme on pouvait s’y attendre, cette année, les changements sont peu nombreux sur les berlines Genesis. Avec toute série entièrement nouvelle qui connaît des débuts spectaculaires, le gros du travail a été bien fait et on ne veut surtout pas compromettre les éléments qui ont amené cette réussite. Hyundai ajoute néanmoins un régulateur de vitesse automatique et un dispositif de retenue en pente au groupe « Technologie » offert en option sur les modèles 3.8 et 4.6 à moteur V6 et V8, respectivement. Le régulateur maintient une distance rigoureusement constante avec le véhicule qui vous précède et le dispositif de retenue vous empêche d’emboutir l’auto qui vous suit dans une pente. Ce dernier dispositif complète le frein de stationnement électronique. Le constructeur coréen a également étoffé et bonifié l’équipement du modèle 3.8 avec la connectivité Bluetooth et un toit ouvrant, tout en ajoutant un système de navigation sur écran tactile, une chaîne audio plus performante, des rétroviseurs photosensibles et quelques autres babioles au groupe optionnel « Technologie » de la 3.8.

Dictature de la qualité et détails qui tuent

La précision de l’assemblage et la qualité des matériaux employés furent les premières cartes d’atout de Lexus. Ces qualités, jumelées à la fiabilité virtuellement sans faille dont elles ont fait preuve par la suite, sont devenues les signes distinctifs de toute voiture de luxe qui se respecte de nos jours. Hyundai en était évidemment parfaitement consciente et a mis le paquet en développant la Genesis. Les premiers aspects que l’on remarque désormais sur une voiture de luxe sont le lustre de la peinture et l’étroitesse des joints entre les panneaux de carrosserie, des critères imposés par la grande Lexus LS au fil des années. Or, la peinture des Genesis est brillante et prodigieusement lisse, et les panneaux de leur carrosserie finement alignés avec des joints rigoureusement parallèles. On a fait grand cas de possibles emprunts dans le dessin de la silhouette des Genesis. Le profil est particulièrement réussi. Hyundai a compris qu’une voiture de luxe doit sembler longue et basse sur pattes, comme un fauve, et les Genesis le sont. Le fini impeccablement satiné des jantes, même sur le modèle 3.8, y est certainement pour quelque chose. Il est toutefois étrange que la calandre soit dépourvue de tout signe qui permette d’identifier le constructeur.

Le deuxième aspect que l’on remarque est l’aménagement de l’habitacle et ensuite la conception et la présentation des contrôles, cadrans et autres éléments du tableau de bord. Généralement, les Genesis passent cet examen crucial avec d’excellentes notes. Deux éléments y font cependant exception, à nos yeux. D’abord, la finition assez banale du coffre qui n’est pas non plus très profond. L’autre détail est le fini brillant des leviers de contrôle montés de part et d’autre du volant. Leur plastique dur et brillant est aux antipodes des leviers au fini satiné et au fonctionnement fluide des Lexus. Ces leviers sont les seuls éléments qui trahissent les origines modestes des Genesis. Simple détail, dites-vous ? Dans une intermédiaire de location, peut-être, mais dans une voiture de luxe, c’est un détail qui tue. Les Genesis se rattrapent heureusement par la qualité indéniable de leurs autres commandes et contrôles, conçus et disposés de manière simple et logique. Clarté et simplicité sont à l’ordre du jour, y compris pour les menus que l’on doit consulter afin de régler les différents systèmes. Voilà une leçon pour les constructeurs allemands : il est possible de syntoniser des postes de radio et de les mettre en mémoire facilement dans les Genesis ! Un exploit véritable pour cette catégorie. Ce serait bien, par contre, d’avoir un bouton séparé pour éteindre l’écran.

Raffinement mécanique de Lambda à Tau

Le démarrage du moteur est généralement l’étape suivante qui conditionne les premières impressions. Là encore, les Genesis se montrent à la hauteur, qu’il s’agisse du V6 Lambda de 3,8 litres et 290 chevaux ou du V8 Tau de 4,6 litres et 368 chevaux. Ce sont des mécaniques douces, puissantes et raffinées. On peut s’émouvoir à la lecture de la fiche technique du V8 mais c’est le V6 de la 3.8 qui nous a impressionnés. Il est difficile de voir l’attrait du V8 quand un V6 doux et silencieux vous offre un 0-100 km/h de 6,63 secondes tout en étant plus frugal. C’est payer cher pour atteindre la même vitesse en 5,85 secondes et consommer plus. De surcroît, la 3.8 plus légère de 108 kg paraît un peu plus agile, bien que la direction soit bien dosée et centrée et le roulement feutré et bien amorti dans les deux versions. Le diamètre de braquage est aussi agréablement court pour des voitures de cette taille, ce qu’on apprécie en conduite urbaine, avec la modulation douce et progressive des freins. Les boîtes automatiques à 6 rapports des deux versions sont impeccablement douces, précises et rapides, mais le sillon en zigzag du sélecteur est inutile avec les manettes au volant du mode manuel, du moins sur la 4.6.

Dernier détail : il est impossible de soulever les essuie-glaces de plus d’un ou deux centimètres, ce qui complique le déneigement ou le déglaçage du pare-brise. Toujours au chapitre de la conduite hivernale, le rouage intégral est en fin de compte devenu un atout indispensable sur le marché du luxe. L’exception (Audi) d’hier est devenue la règle d’aujourd’hui et même BMW s’y est finalement mise avec sa Série 7. Alors, à quand la Genesis à quatre roues motrices ?

Feu vert

Silhouette agréable
Silence de roulement louable
Motorisation réussie
Équipement surabondant
Contrôles généralement efficaces

Feu rouge
Leviers au volant quelconques
Calandre anonyme
Pas de menu pour la climatisation
Coffre peu profond, finition banale
Pas encore de rouage intégral

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