Nissan Sentra, passé composé

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2005

Il suffit d'examiner une Sentra pendant quelques secondes pour réaliser les progrès que ce constructeur a accompli au cours des quatre dernières années. Avec sa silhouette complètement dépassée, cette berline compacte a tellement l'air rétro qu'elle ne semble pas être produite par la même compagnie que celle qui nous offre les Altima, Maxima et Murano. Puisque le marché de la petite voiture sur

notre continent n'est pas particulièrement lucratif, la haute direction de Nissan a décidé de mettre la priorité sur les VUS et les camionnettes avant de nous offrir une Sentra digne de notre époque.

Pourtant, lors de son lancement à la fin des années 90, cette petite nippone assemblée au Mexique était encore dans la course. Personne ne s'était enthousiasmé pour sa silhouette, mais c'était tout de même correct. C'est alors que l'arrivée de la spectaculaire Mazda 3 a complètement changé la donne. Depuis, cette Nissan ressemble à une quinquagénaire et la Mazda à Britney Spears. Donc, pas la peine d'enfoncer le clou davantage, son apparence est une relique d'une triste époque chez ce constructeur alors que les ingénieurs décidaient du stylisme.

En fait, lors de son apparition sur notre marché, ses principales qualités étaient des dimensions « juste un peu plus » que la concurrence. Ce qui assurait une habitabilité supérieure à la moyenne de la catégorie. De plus, son moteur quatre cylindres de 1,8 litre était « juste un peu plus » puissant que certains autres offerts par la concurrence. C'est vous dire combien les choses ont progressé au cours des trois dernières années. La plupart des modèles concurrents sont dorénavant plus gros et plus puissants que la Sentra. Il est vrai qu'il est possible de combler cette lacune en optant pour la version SE-R ou SE-R Type V dont le moteur 2,5 litres développe une puissance de 165 et 175 chevaux respectivement.

Constat de sagesse

J'ai déjà utilisé 356 mots pour vous parler de l'esthétique déficiente de la Sentra. Utilisons le reste pour analyser le comportement routier. Le moteur 1,8 litre est livré sur la version 1,8, une appellation polie pour vous parler de dépouillement total. La voiture en impose toutefois par ses flancs bombés qui la font paraître plus grosse qu'elle ne l'est en réalité. De plus, une fois à bord, l'habitabilité est bonne. Surtout aux places avant car le dégagement pour les jambes conviendra presque à tout le monde. Les sièges sont confortables et il est même possible de régler le siège du conducteur en hauteur. Et ce, même sur la version la plus économique ! Le tableau de bord n'est pas plus élégant qu'il le faut, mais c'est correct sans plus, à part cette énorme trappe pour le coussin gonflable du côté du passager. Parlant d'ouvertures, un vide-poches de bonnes dimensions trône en plein centre de la partie supérieure de la planche de bord. Mais à part ces petits détails d'agencement, la liste d'équipement est plutôt limitée et il faut se tourner vers la 1,8 S pour se payer un peu plus de luxe.

Peu importe le modèle choisi, ce moteur est plus bruyant que nerveux. Durable et solide, il accomplit sa tâche en nous faisant entendre un grognement persistant. Bien entendu, les performances sont assez mitigées puisque le chrono s'arrête à plus de 10 secondes lorsqu'on tente de boucler un 0-100 km/h. La tenue de route est prévisible et elle est stable à haute vitesse, même si je doute que les acheteurs de Sentra 1,8 ou 1,8S aient envie de s'éclater à son volant.

Il faut souligner que lors du lancement initial de cette voiture, les responsables de la mise en marché nous ont affirmé qu'ils ciblaient surtout une clientèle féminine fraîchement diplômée de l'université et qui voudrait s'acheter autre chose qu'une petite économique. La Sentra se veut le compromis entre l'« éconoboîte » et une berline compacte de luxe.

Sportive incognito

Si la Sentra équipée du moteur 1,8 litre est sage comme une image, les versions SE-R et SE-R Spec V ciblent une clientèle nettement plus intéressée à une conduite sportive et à des accélérations spectaculaires. De plus, ses concepteurs se sont inspirés des voitures modifiées dont l'apparence extérieure ne trahit pas la personnalité du véhicule. Cet aspect est réussi sur toute la ligne, car il est difficile de donner du tonus à une silhouette aussi peu inspirante. Par contre, les deux versions du moteur 2,5 litres sont en mesure de remplir la commande. Le SE-R est propulsé par une cavalerie de 165 chevaux. Mais je me demande quelle est la logique d'associer ce moteur avec une boîte automatique à quatre rapports... C'est comme si Michael Schumacher équipait sa Ferrari d'un climatiseur pour aller disputer une course ! Heureusement, le modèle Spec-V vous fait passer les vitesses à l'aide d'une boîte manuelle à six rapports. Ce qui est nettement plus en harmonie avec la vocation sportive de la voiture et les 175 chevaux de ce quatre cylindres.

L'équipement de ces deux sportives comprend des roues de 16 pouces pour la SE-R et des 17 pouces pour la SPEC-V, ainsi que des suspensions plus rigides, des freins à disque aux quatre roues et des jupes de bas de caisse. Il est même possible de commander en option des freins à disque de marque Brembo. Bref, les ingénieurs semblent avoir trouvé la recette par excellence. Malheureusement, la plate-forme n'a pas la rigidité nécessaire ce qui affecte la tenue en virage. On découvre alors un sous-virage prononcé et un roulis intimidant.

Heureusement, il y a une bonne nouvelle à l'horizon : la remplaçante devrait nous arriver en 2006.

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