Kia Magentis, pourra-t-elle sonner la Sonata ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

C'est lorsqu'on conduit une voiture « bon marché » comme la Kia que l'on se rend compte à quel point l'automobile a évolué dans les 20 dernières années. Certes, il se fait mieux que cette coréenne qui essaye de jouer dans la cour des grands, mais pour rouler en famille du point A au point B à prix abordable, la Magentis dispose d'un nombre convaincant d'atouts. Tout comme sa s?ur, la Hyundai Sonata.

Le mariage forcé de Kia et de Hyundai se traduit, comme il fallait s'y attendre, par le partage d'éléments comme les plates-formes, les groupes motopropulseurs et même le design. Pour 2004, la berline intermédiaire reÇoit quelques changements d'ordre esthétique qui touchent principalement l'avant de la voiture et qui permettent d'alléger le dessin plutôt lourdaud de la version précédente. Les gros optiques se scindent en deux et la calandre s'affine, produisant un ensemble plus harmonieux. Même scénario à l'intérieur où les imposantes fausses boiseries de l'an dernier ont cédé la place à des appliques en similibois plus fines qui encadrent une console centrale se prolongeant harmonieusement entre les deux sièges avant.

Un habitacle spacieux

Sur le plan mécanique, le seul changement porte sur les pneumatiques qui passent de 15 à 16 pouces dans les versions à moteur V6 tandis que la LX à moteur quatre cylindres roule sur des pneus de 15 pouces. Sur route, cette monte pneumatique, associée à des suspensions entièrement indépendantes, procure un silence de fonctionnement très honorable, un compliment que l'on peut aussi formuler à l'égard de l'insonorisation générale qui est de bon niveau, les bruits de vent étant bien contrôlés. En version LX, cependant, le quatre cylindres se fait entendre en accélération mais le bruit s'atténue à vitesse de croisière. Notons que le V6 est nettement moins bruyant en accélération et encore plus silencieux sur autoroute. Autre élément du confort à bord : le dégagement aux jambes qui est convenable à l'avant et particulièrement généreux à l'arrière, ce qui fait que c'est un bon choix pour les familles avec adolescents (surtout s'ils sont de grande taille).

Si l'habitacle est généreux, le coffre, par contre, présente une contenance inférieure à la moyenne de la catégorie. Précisons cependant que le dossier de la banquette arrière se rabat en deux sections pour dégager plus d'espace de chargement.

Molle à souhait

Sur la route, à part l'insonorisation soignée, la Magentis adopte la philosophie de la mollesse, notamment avec le V6. C'est ainsi qu'en virage, la caisse s'incline généreusement et le sous-virage est prépondérant. Pas question d'adopter une conduite sportive, cette Kia n'étant tout simplement pas conÇue à cet effet. Même commentaire pour les freins qui manquent de mordant et s'échauffent rapidement même sur la V6 équipée de quatre disques assistés. L'ABS est offert de série dans la LX V6 et la SE V6, cette dernière offrant aussi l'antipatinage, mais la LX doit se passer de ces dispositifs de sécurité active. Notons aussi que la version haut de gamme SE propose l'intérieur en cuir, les sièges avant chauffants et à commande électrique et les coussins de sécurité latéraux. Encore une fois, il est regrettable qu'il faille imposer l'habillage en cuir pour qui souhaite garder son postérieur au chaud en hiver et bénéficier de la sécurité des coussins latéraux. Quant aux versions autres que la SE, Kia a eu la mauvaise idée d'imiter Volkswagen en confiant les réglages du siège du conducteur à d'exécrables molettes. J'en connais qui refusent d'acheter une voiture rien que pour ces maudites molettes. Et ils ont raison.

En matière de performance, là aussi la mollesse est au rendez-vous, tant avec le V6 qu'avec les quatre cylindres. Lors d'un départ arrêté avec pédale au fond avec une version à boîte automatique, les premières secondes sont pénibles et il faut atteindre 4000 tr/min au compte-tours pour que la voiture accélère le pas, ce qui se confirme d'ailleurs par le chronomètre qui donne 10 secondes pour le 0 à 100 km/h avec le V6, alors que le quatre cylindres enregistre 12 secondes. En reprise, de 80 à 120 km/h, les choses vont heureusement mieux avec le V6 (7,6 secondes) que le quatre cylindres qui demande plus d'anticipation lors des dépassements.

Conforme à la philosophie générale de la voiture, la direction est fortement assistée et ne permet pas de sentir la route. Notons cependant que la voiture est plus agile avec le quatre cylindres, sans doute à cause du poids moins élevé qui repose sur les roues avant. En outre, l'effet de couple, talon d'Achille de bien des tractions, est convenablement contrôlé.

Pour terminer, abordons la question du rapport prix/équipement, élément clé pour le succès de ce type de voiture qui s'adresse à un public pour qui le prix figure très haut sur la liste des priorités, un public souhaitant un moyen de transport familial abordable. À 22 250 $ pour la LX de base, 25 750 $ pour la LX-V6 et 28 750 $ pour la SE (cuir), la Magentis joue directement dans les plates-bandes de la Hyundai Sonata et fait concurrence aux gros canons de cette catégorie (Honda Accord, Toyota Camry, Nissan Altima). Le hic pour la Kia, c'est que sa réputation n'est pas encore tout à fait établie et que son réseau de concessionnaires en est à ses débuts. Certes, à moins de 30 000 $, vous disposez d'une berline familiale confortable, silencieuse, bien équipée (climatisation, AM/FM/CD, glaces électriques) et aux lignes agréablement classiques, mais à moins que la facture soit inférieure à celle de sa principale rivale (la Sonata), pourquoi accepteriez-vous une valeur de revente moindre et un réseau naissant qui n'a pas encore pleinement fait ses preuves ? Poser la question, c'est y répondre.

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