Saab 9-5, à contre-courant

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Même si la marque suédoise Saab fait partie depuis déjà quelques années de l'empire General Motors, les voitures de ce constructeur automobile (et aéronautique, soit dit en passant) préservent une certaine différence. Elles restent des voitures particulières s'adressant à une clientèle particulière. Elles sont d'une architecture mécanique plutôt conventionnelle, mais leur aménagement va souvent à contre-courant. Ce qui ne les empêche pas d'offrir un bel amalgame de qualités sans pour autant se hisser au même niveau que leurs concurrentes directes.

Avant que Saab décide de remanier entièrement ses modèles 93 cette année, les berlines et familiales à traction de la série 9-5 étaient sans l'ombre d'un doute les plus attrayantes de la gamme du constructeur suédois. Revues et corrigées l'an dernier, celles-ci entreprennent le millésime 2003 sans changement majeur. On notera cependant l'abandon du fameux moteur V6 à turbocompresseur qui, malgré ses 3 litres de cylindrée et la suralimentation, ne développait pas plus de 200 chevaux, un rendement plutôt mince comparé par exemple à celui du V6 Audi qui, à cylindrée égale et sans turbo, produit 220 chevaux. Mais ne revenons pas sur les morts et attardons-nous plutôt au présent.

Pour 2003, le choix de moteurs se situe entre deux 4 cylindres turbo de 2,3 litres, l'un affichant 185 chevaux et l'autre 250 dans sa version à haut rendement. Pour faire taire les critiques, ces mécaniques s'enrichissent dorénavant d'un mode de sélection manuelle avec commandes au volant pour la transmission automatique à 5 rapports. Évidemment, une vraie boîte manuelle à 5 rapports figure à la fiche technique.

Hélas ! pas de traction intégrale

Les 9-5 existent en deux versions : Aero et Linear. La première est la plus performante puisqu'elle peut compter sur le moteur turbo de 250 chevaux alors que la Linear (un nom assez peu commercial à mon goût) doit pouvoir traîner ses 1 500 et quelques kilos avec seulement 185 chevaux. Contrairement à toutes les autres voitures susceptibles d'attirer un acheteur de Saab (Audi A4 ou A6, Volvo S60, BMW Série 3, Jaguar X-Type), la 9-5 n'offre pas la traction intégrale. Elle est la seule aussi à devoir se satisfaire d'un 4 cylindres alors que ses rivales peuvent compter sur des moteurs 5 ou 6 cylindres. Ce sont deux lacunes dont il faut sérieusement tenir compte à l'achat et qui s'expliquent difficilement compte tenu des prix pratiqués. En d'autres termes, il faut vraiment nourrir un goût marqué pour les Saab pour consentir à donner autant d'argent en échange d'une voiture aussi modestement motorisée.

Mon essai, réalisé en plein hiver, a toutefois servi à démontrer que la 95 est fort bien adaptée aux climats nordiques comme le nôtre. La transmission automatique est dotée par exemple d'un mode Hiver (qui assure des changements de rapport à un régime moins élevé) et l'absence de traction intégrale est partiellement compensée par un antipatinage dont l'efficacité s'apprécie surtout sur des routes enneigées. Sur pavé sec, cette Saab sous-vire joyeusement (ou tristement, c'est selon), mais s'accroche désespérément au pavé avec toute la gomme de ses pneus P225/45R17 toutes saisons.

En conduisant la 9-5 sur des routes au revêtement dégradé, on se rend compte que la rigidité du châssis est moindre que ce que l'on trouve chez ses rivales allemandes. À la longue, cela pourrait entraîner éventuellement l'apparition de bruits de caisse.

Performance ou économie

Le moteur de 185 chevaux, on s'en doute, peine un peu à la tâche mais se défend admirablement bien au chapitre de la consommation avec une moyenne inférieure à 9 litres aux 100 km à une vitesse stabilisée sur autoroute. Plus gourmand, le 2,3 litres turbo à haut rendement bonifie les performances, quoique ses 250 chevaux se rendent coupables d'un effet de couple dans la direction. C'est beaucoup moins pire que dans l'ancienne Saab Viggen, mais le volant a tout de même tendance à « tirer » dans un sens ou l'autre lors de fortes accélérations.

Pour revenir aux qualités hivernales de la 9-5, ajoutons que les phares avant peuvent être nettoyés par de puissants gicleurs, que les occupants des places arrière (très spacieuses) bénéficient de sièges chauffants et que le très grand coffre à bagages est muni d'un sac à skis. La voiture mise à l'essai était d'ailleurs particulièrement bien équipée : ordinateur de bord, sièges à commande électrique, air conditionné à deux zones, chaîne audio Harman Kardon à neuf haut-parleurs et, en héritage de General Motors, le système OnStar. Ce dernier, on le rappelle, a d'abord été mis au point pour les modèles haut de gamme de GM et consiste en un service d'assistance routière combinée à un système de navigation découlant de la technologie du GPS ou de repérage par satellite.

Une ergonomie soignée

À bord, le confort est très soigné grâce à des sièges à citer en exemple tellement ils sont agréables. Le tableau de bord est aussi d'une lisibilité exceptionnelle, à tel point que l'on a l'impression que l'on pourrait toucher aux instruments tellement la vitre qui les recouvre est transparente. Légèrement inclinée vers le conducteur, la console centrale contribue aussi à la bonne ergonomie de la 9-5. De petites astuces comme le plafonnier orientable et le porte-verres qui se déploie comme les ailes d'un papillon sont aussi à retenir. Tout comme la robustesse des commandes et la qualité de la finition.

D'accord, il y a cette clef de contact au plancher entre les deux sièges et des piliers centraux qui gênent la visibilité mais une Saab, c'est une Saab. Et il se trouve une bonne quantité d'automobilistes qui ne jurent que par ces voitures suédoises un peu à part des autres. Chacun ses goûts.

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