Ford Explorer, un best-seller malgré tout

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Il est difficile de critiquer le succès. Malgré la débandade de l'image publique de Ford à la suite des capotages à répétition subis par la version précédente, en dépit aussi d'une silhouette très banale, l'Explorer de la nouvelle génération demeure toujours le plus vendu de sa catégorie. Pourtant, cette nouvelle version apparue l'an dernier n'a rien de très spectaculaire. Comme le soulignait un confrère qui s'y connaît en fait de VUS : « Plus drabe que Ça, tu meurs ! » Et je partage cette opinion.

Comment se fait-il que l'Explorer continue d'être le numéro un ? Tout simplement parce qu'il comprend un ensemble de caractéristiques qui répondent aux attentes des acheteurs. La silhouette est fade à faire peur ? Plusieurs préfèrent cette présentation générique qui saura bien vieillir au fil des ans. Malgré tout, les stylistes auraient pu être plus créatifs. Ils nous l'ont démontré avec le Mercury Mountaineer, le frère jumeau de l'Explorer réservé au marché des États-Unis.

L'habitacle est du même acabit avec une présentation correcte, un tableau de bord quasiment identique à celui du Ranger et un aménagement tout ce qu'il y a de plus conventionnel. Il semble justement que la majorité des acheteurs ne soient pas impressionnés par des silhouettes hors du commun. L'Explorer ne fait pas tourner les têtes, mais c'est le véhicule du gros bon sens avec sa lunette arrière s'ouvrant indépendamment du hayon, sa facilité d'accès à bord et son habitacle pratique. Comme le disent nos voisins du Sud, le tableau de bord est idiot proof avec des commandes surtout constituées de gros boutons, de pictogrammes bien définis et d'une disposition instinctive. Si l'on avait marié le jaune et le noir dans le panneau de commandes de la radio et de la climatisation, il serait possible d'affirmer qu'il a été dessiné chez De Walt, marque bien connue d'outils de construction et de bricolage. Il faut également ajouter que la finition est légèrement supérieure à la moyenne et la qualité des matériaux sans reproche. Enfin, si les places médianes sont adéquates pour des adultes, la banquette arrière est réservée aux enfants. Elle est non seulement peu confortable, mais difficile d'accès. Il faut encore une fois se demander qui a besoin d'un tout-terrain sept places ?

Choix multiples

Comme tout modèle qui jouit d'une très grande popularité, l'Explorer est offert en de multiples configurations. Cette année, le modèle NBX avec son porte-bagages Yakima LoadWarrior vient s'ajouter à une lignée qui comprend les XLS, XL Sport, XLT, XLT Sport, Eddie Bauer et Limited. Et je dois en avoir oublié un ou deux. La même boulimie se retrouve au chapitre du rouage d'entraînement avec le choix entre les transmissions 4X2, 4X4 et intégrale. Curieusement, seulement deux moteurs sont au catalogue. Le V6 4 litres est de série. Avec ses 210 chevaux et une capacité de remorquage maximale de 2 630 kg, il est capable d'accomplir pratiquement toutes les tâches anticipées. Le moteur optionnel est un V8 de 4,6 litres d'une puissance de 239 chevaux. En fait, c'est son couple de 281 lb-pi qui est son point fort. Il est surtout choisi par les personnes devant remorquer quelque chose de plus lourd puisque sa capacité de remorquage maximale est de 3 250 kg. Il est également plus doux et plus silencieux que le V6 qui devient rapidement bruyant au fur et à mesure que le régime-moteur augmente. Ces deux moteurs sont couplés à une boîte de vitesses automatique à 5 rapports qui est à l'abri de toute critique.

Il est difficile de départager les modèles dans cette pluie de variantes tant en fait de présentation que d'options. Mais avant de tenter de s'y retrouver parmi ces choix multiples, il faut préciser que l'Explorer vous en donne plus que la moyenne en ce qui concerne la sécurité passive. Le Safety Canopy est un système anticapotage doté de coussins gonflables en périphérie du pavillon qui sont déclenchés par un capteur spécial ; l'AdvanceTrac est un système de contrôle de traction et de stabilité latérale à commande électronique tandis que les coussins de sécurité sont à force de déploiement variable en fonction du poids et de la taille des occupants de même que de la sévérité de l'impact.

Parmi la débauche de modèles, le nouveau NBX est à souligner. L'ajout d'un porte-bagages pour usage intense, de pare-chocs deux tons, de roues spéciales à gros rayons, de pneus de 17 pouces de même qu'un habitacle comprenant des sièges sport, des tapis en caoutchouc à motif surélevé ainsi que la présence d'un sac de rangement dans la soute à bagages donnent à cet Explorer un peu plus de personnalité tout en améliorant son caractère pratique.

Pour s'harmoniser avec le côté utilitaire d'un tel véhicule, il semble plus logique d'opter pour le système AWD qui permet de rouler en 2 roues motrices, en 4X4 et en mode automatique, le couple étant alors automatiquement réparti aux roues ayant le plus d'adhérence. Pourquoi se priver d'un tel avantage ?

À défaut de nous gâter en fait de sensation de conduite, l'Explorer assure une tenue de route correcte. La direction est floue, mais c'est quand même à la limite de l'acceptable. Le véhicule survire toujours, mais c'est beaucoup mieux contrôlé que dans l'ancien modèle. Et il faut également ajouter que le sautillement du train avant a été éliminé. Comme il faut s'y attendre, la suspension arrière indépendante contribue énormément à améliorer le confort sur mauvaise route en plus de stabiliser l'arrière en virage rapide. Malgré tout, lors d'une man?uvre d'urgence, le véhicule se déhanche et il est heureux que le système AdvanceTrac intervienne.

Sobre mais efficace, l'Explorer est un compromis qui semble plaire au public qui l'achète en grand nombre. Cela demeure l'un des grands mystères de l'industrie automobile.

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