Bentley Arnage/Continental GT, véritables aristocrates

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Même si l’aura de Volkswagen ne brille plus aussi fort au firmament des marques allemandes depuis plusieurs problèmes de fiabilité, l’entreprise a su, grâce à une politique d’acquisitions, se diversifier tout en demeurant dans le domaine de l’automobile. Désormais propriétaire de marques telles que Audi, Lamborghini, Bugatti et Bentley, Volkswagen peut marcher la tête haute. Et pas seulement en raison du prestige de ces entreprises. Elle a su leur apporter les capitaux nécessaires à leur survie tout en leur laissant une belle autonomie. Ah, si tous les couples pouvaient en dire autant…

La gamme Bentley se compose, encore en 2006, de voitures créées il y a très longtemps et d’autres, beaucoup plus modernes. L’Arnage, par exemple, est une Rolls-Royce version sport. Lorsqu’on apprend qu’elle a été pensée à l’époque où Bentley était encore sous l’emprise de la marque britannique, donc avant le rachat par Volkswagen en 1998, on comprend mieux les lignes quelque peu surannées, le poids superbement élevé et la technologie peu poussée. Conçue entièrement à la main (ou presque) à l’usine de Crowe en Angleterre, une Arnage ne sort d’usine qu’après douze semaines ( ! ) de dur labeur. Nonobstant ses airs aristocrates, l’Arnage n’a rien d’une mémé hautaine, grâce à son V8 de 6,7 litres crachant 450 chevaux et un couple de, tenez-vous bien, 646 livres-pied de couple dès 3 250 tours/minute… Et on ne parle pas ici de l’Arnage R, encore plus démentielle. Ces chiffres se traduisent, malgré le poids de plus de 2 500 kilos, par des performances absolument ahurissantes. On est cependant un peu surpris de constater que la transmission automatique ne possède que quatre rapports, mais puisque son fonctionnement s’avère sans reproches, on ne peut pas lui en vouloir. Certes, un ou deux rapports supplémentaires amélioreraient la consommation d’essence (qui se situe, sans trop forcer sur l’accélérateur, aux alentours de 18 litres aux cent kilomètres). Mais quand on paie plus de 350 000 $ pour une voiture, on ne doit pas faire le tour les stations-service pour économiser un ou deux cents le litre !

Cette grosse Arnage se conduit un peu comme un Caddy 1978. C’est-à-dire que les suspensions font preuve d’une certaine mollesse, pour ne pas dire d’une mollesse certaine. La direction, même si sa précision a été revue il y a quelques années, affiche toujours une belle insensibilité. Et que dire des dimensions royalement imposantes! L’Arnage est plus longue que deux Smart placées bout à bout. Curieusement, cependant, ce palace roulant peut afficher un comportement sportif. Le pilote Derek Bell, quatre fois gagnant au Mans, nous confiait piloter sa Arnage sur une piste de course sans autres modifications que des amortisseurs plus rigides. Quoi qu’il en soit, pour le commun des mortels, le confort n’est rien de moins que princier, gracieuseté de sièges tout simplement parfaits. Certes, l’ergonomie appartient à une autre époque et il arrive encore que quelques détails de finition ne soient pas peaufinés. Sur ce dernier point cependant, les Arnage ont fait d’incroyables progrès depuis quelques années.

Mais le joyau de Bentley, et aussi le futur de la marque, c’est la Continental GT. Reprenant la plate-forme en aluminium de la Audi A8, les ingénieurs de Crowe ont réussi à concocter un coupé sport sur le châssis d’une berline ! Les lignes font preuve d’une recherche et d’une modernité sans précédent pour une Bentley. D’ailleurs, quelques prestigieux prix soulignant ces caractéristiques ont été attribués à la Continental GT. Mais c’est davantage au niveau technique que cette super voiture impressionne. Le moteur, un W12 qui équipe aussi la Audi A8 et la Volkswagen Phaeton, fait dans les 560 chevaux et 479 livres-pied de couple. Excusez du peu. La transmission, automatique à six rapports, possède un mode manuel et s’avère d’une redoutable efficacité. Le rouage intégral provient de chez Audi, reconnu dans ce domaine.

Dire que la Continental GT accélère tient de l’euphémisme. Rarement avons-nous eu le privilège de conduire une voiture faisant passer autant de puissance au sol avec autant de grâce. Même en écrasant l’accélérateur au plancher, on ne sent pas la puissance déferler. Le son trop étouffé du moteur, sans doute. Quoi qu’il en soit, et sans trop s’en rendre compte, on est déjà rendu à 100 km/h. Le temps de lever les yeux pour juger de la circulation (et s’il n’y aurait pas un Crown Vic blanc stationné perpendiculairement…) et on atteint les 140. Un autre coup d’œil puis 180. Finalement, à 260 on se dit qu’on a assez joué avec notre chance et on relâche l’accélérateur avant que le missile n’atteigne les 318 km/h proclamés par l’entreprise. Jamais, durant ces quelques jouissives secondes, le moteur ou la transmission n’ont montré un semblant d’essoufflement. Génial. Quant à la tenue de route, ce n’est pas sur une route publique qu’on pourra en tester les limites. Une foule de béquilles électroniques se chargent de garder cette obèse sportive sur la route. De plus, la Continental GT peut transporter quatre personnes. On a beau dire ce qu’on voudra, les places arrière sont spacieuses, confortables mais ne sauraient accommoder de grands adultes pour un long voyage.

Bien née, la Continental GT prendra bientôt la forme d’une berline appelée Flying Spur. Les lignes générales seront préservées, ainsi que la classe qui enrobe les produits Bentley. Bien que nous n’ayons pu mettre la main sur une Flying Spur, il ne fait pas de doute que le luxe et les performances seront au rendez-vous. Parmi les autres nouveautés, l’Arnage Drophead Coupe, une Arnage décapotable, deux portes.

Après avoir végété trop longtemps dans le giron de Rolls-Royce et jonglant aisément avec luxe, confort, performances, prestige et noblesse, la marque Bentley n’a pas fini de nous étonner!

Feu vert

Prestige inouï
Performances superlatives
Confort indescriptible
Fiabilité et finition à la hausse
Lignes sublimes (GT, Silver Spur)

Feu rouge

Poids ahurissant
Consommation d’un Airbus
Machines à contraventions
Prix indécents
Sonorité du moteur étouffée

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