Jaguar XJ8, il était temps !

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2008

Après s’être fait reprocher pendant des années de ne pas avoir modernisé sa XJ, Jaguar est passé aux actes en 2004 en dévoilant une berline dotée d’une plate-forme et d’une mécanique toutes nouvelles. Par contre, même si cela paraît incompréhensible, la silhouette est demeurée quasiment inchangée. Chez Jag, on nous répondait que la différence était plus importante qu’il n’y paraissait, mais il semble que les acheteurs n’étaient pas de cet avis. Il aura fallu attendre quatre ans, mais la XJ fait enfin peau neuve cette année. Mais je vous avertis tout de suite que si les changements sont notables, il ne s’agit pas d’une transformation totale comme tendent à le souligner les communiqués de presse du constructeur. Les modifications réussissent tout juste à mettre la voiture au goût du jour.

Nouvelle allure

La partie avant est changée : la grille de calandre est plus haute et le pare-choc avant intègre maintenant en sa partie centrale une prise d’air plus importante. Cela a pour effet de durcir les lignes et de donner un peu plus de mordant à la silhouette. Comme sur certaines voitures-concepts de la marque, les stylistes ont retenu cette prise d’air latérale chromée qui est d’un bel effet. La partie arrière de la caisse est également modernisée avec l’arrivée d’un déflecteur dont la présence est soulignée par une languette de chrome. De nouvelles roues en alliage de 19 pouces complètent l’apparence.

L’habitacle bénéficie également de quelques améliorations. Les sièges avant sont nouveaux et fournissent un meilleur support latéral. Ce qui est bienvenu puisque la version antérieure semblait être simplement dérivée d’un fauteuil de salon. Ils sont chauffants en équipement standard et vous pouvez opter pour leur climatisation par le biais du catalogue des options. Toujours à propos de ces sièges, leur dossier est moulé de façon à octroyer plus d’espace aux occupants de la banquette arrière. Ces améliorations sont notables, mais le fait demeure que la présentation intérieure et extérieure ne fait pas tellement moderne. C’est beau, l’approche classique dans l’habitacle, les cuirs de luxe et les appliques en bois exotique, mais les concurrents allemands ou japonais offrent les mêmes caractéristiques sans que l’habitacle ressemble à un club pour lords anglais de la fin du 19e siècle. Sur une note plus moderne, Jaguar est tout fier de proposer la radio HD en première mondiale, mais la présentation  de ce même tableau de bord n’est plus tellement de notre époque. C’est un peu comme si Mercedes s’entêtait à conserver le même tableau de bord qu’en 1955...

De plus, le dossier arrière ne se replie pas, on pourrait tout au moins installer une trappe à skis afin de rehausser le caractère pratique de cette berline. Mais si les Britanniques ne semblent par skier souvent, ce sont des golfeurs enthousiastes et le coffre à bagages est capable d’engranger plusieurs sacs golfiques.

Confort et puissance

S’il est facile de reprocher ses airs rétro à la XJ8, celle-ci est carrément moderne sur le plan technique. La plate-forme et la carrosserie sont tout en aluminium. Celaallège la voiture sans toutefois affecter la rigidité de la plate-forme qui est exemplaire. Mais ce « tout alu » ne doit pas être de tout repos à réparer en cas d’accident... La motorisation offerte est également du tout dernier cri :le moteur de base est un V8 de 4,2 litres produisant 300 chevaux. Il est couplé à une boîte automatique ZF à six rapports, là aussi, une composante tout ce qu’il y a de moderne.

Mais, de nos jours, une berline de luxe ne doit pas se contenter de nous proposer confort, insonorisation et douceur de roulement, elle doit aussi satisfaire les amateurs de conduite sportive. Les modèles XJ8R et SuperV8 — le modèle à empattement allongé — sont donc propulsés par une version suralimentée du même moteur V8 de 4,2 litres. Cette fois, la puissance est de 400 chevaux ! Bien entendu, ces deux félins musclés sont équipés d’une suspension plus ferme et de pneus à taille basse. Par contre, bien que les deux bouclent le 0-100 km/h en un peu moins de six secondes, elles ne sont pas tout à fait en mesure de surclasser les Mercedes AMG E 6,3 et BMW M5. Enfin, leur direction un peu trop assistée leur fait également perdre des points dans cette comparaison.

Les versions équipées du moteur de 300 chevaux sont des berlines offrant confort, prestige et raffinement tout en assurant une bonne tenue de route. Cette Jag compte beaucoup sur ses systèmes électroniques d’assistance au pilotage, un peu comme les avions de chasse ultramodernes. Il suffit de désactiver le système de stabilité latérale et l’antipatinage pour se retrouver au volant d’une voiture imprévisible en fait de comportement routier. Mieux vaut laisser les systèmes électroniques effectuer leur magie.
Somme toute, la XJ8 s’est améliorée sous toutes ses coutures, mais ses principales concurrentes le font avec plus d’empressement. Les ventes de ce modèle sont plutôt confidentielles, mais il y a beaucoup de personnes qui ignorent cette auto, car elles veulent se distinguer en roulant au volant des meilleures bagnoles, mais pas nécessairement des laissées pour compte… C’est dommage, car la XJ8 mérite un meilleur sort, surtout qu’elle est finalement dotée d’une mécanique moderne.

Feu vert

Moteurs puissants, silhouette plus moderne,
excellentes routières, habitacle somptueux,
version allongée

Feu rouge

Fiabilité inégale, ergonomie perfectible,
faible diffusion, dépréciation corsée,
visibilité moyenne

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