Le Québec en retard dans la course à l’électrification des transports

Les Québécois qui rêvent d’une voiture électrique pour arrêter de dépenser une petite fortune en essence devront prendre leur mal en patience parce que les acheteurs de la Colombie-Britannique passeront avant eux, révèle un rapport obtenu par Le Journal.

« Les Québécois risquent de devoir attendre encore plus longtemps leurs véhicules électriques qu’en Colombie-Britannique », a prévenu Daniel Breton, PDG de Mobilité électrique Canada (MEC), qui publie un rapport aujourd’hui.

« Le Québec s’est fait damer le pion par la Colombie-Britannique parce qu’elle est plus ambitieuse dans ses cibles », a résumé l’ex-ministre péquiste. Selon lui, la norme zéro émission du Québec n’a pas assez de mordant, ce qui poussera les constructeurs à approvisionner d’abord la province de l’Ouest. « La Colombie-Britannique a une norme pour que 90% des véhicules vendus soient électriques en 2030 et 100% en 2035, alors que le Québec a annoncé une norme qui n’a pas encore été adoptée », a expliqué Daniel Breton.

Tandis qu’au Québec les ventes de véhicules à zéro émission étaient de 12,7%, ce chiffre bondit de 15,5% en Colombie-Britannique, illustre-t-il.

De plus, la Colombie-Britannique est allée plus loin que le Québec pour avantager les conducteurs de véhicules électriques qui vivent dans des bâtiments multirésidentiels. Résultat, si le Québec est un « chef de file canadien », la Colombie-Britannique fait désormais partie, quant à elle, du club sélect des « chefs de file mondiaux ».

Pour ces raisons, les listes d’attente, déjà interminables, risquent de s’allonger jusqu’en 2028 au Québec. Et ce manque d’ambition dans les cibles a aussi des effets sur l’essor même de la filière de l’électrification ici, estime Daniel Breton. En gros, puisque le marché est moins prévisible chez nous qu’en Colombie-Britannique, les investissements dans les infrastructures se font plus là-bas.

Quand on demande à Daniel Breton si cela a également des répercussions sur le développement industriel de la filière électrique ici, il répond que sur cet aspect, c’est l’Ontario qui coupe l’herbe sous le pied du Québec.

Supplantés aussi par l’Ontario

« Pour ce qui est des investissements dans la chaîne d’approvisionnement en matière de véhicules électriques, c’est l’Ontario », souligne-t-il. L’Ontario a ravi en mars dernier la méga-usine de batteries de 5 milliards $ des géants LG et Stellantis de 2 500 emplois, alors que le Québec, par exemple, a pu accueillir une usine de 500 millions $ de GM et Posco de 200 emplois. 

« Le gouvernement du Québec veut attirer des joueurs majeurs, mais pour le moment, ceux-ci investissent en Ontario », conclut-il.

L’an dernier, à peine 6,6 % des véhicules vendus au pays étaient électriques. C’est légèrement mieux que les 4,6 % aux États-Unis, mais bien moins que les 17 % de l’Europe, souligne le rapport de Mobilité électrique Canada (MEC).

À voir aussi : voitures électriques : les longs délais s'accentuent

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