Véhicules polluants : les Québécois prêts à faire leur part

Une majorité de Québécois sont prêts à faire leur part pour accélérer la transition vers les véhicules moins polluants

Il y a quelques jours à peine, M. Benoît Charrette, le Ministre de l’environnement, affirmait que les Québécois étaient prêts à faire des sacrifices pour mieux protéger notre environnement… tout en excluant d’entrée de jeu la mise en place d’un système de redevance-remise.

Le hasard faisant parfois bien les choses, un sondage Léger commandé en début d’année par Équiterre, Vivre en Ville, la Fondation David Suzuki et l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ) a justement démontré que les Québécois étaient prêts à adopter un tel système.

L’idée de mettre en place un tel système est simple. Il sert à encourager l’achat de véhicules moins polluants et à décourager l’achat de véhicules plus polluants, le tout de manière à ce que ce système s’autofinance, comme on le voit ailleurs dans le monde. Pour les gens qui s’inquiètent du fait qu’ils pourraient être pénalisés car ils n’ont pas le choix d’utiliser un véhicule plus polluant dans le cadre de leur travail ou parce qu’ils ont une grosse famille, des exemptions pour ne pas les pénaliser existent déjà là où ces systèmes sont en vigueur.

Un sondage éclairant

Dans le sondage Léger, à l’énoncé «le gouvernement du Québec devrait encourager, par différentes mesures fiscales, l’utilisation de véhicules moins polluants », 78% des répondants se disaient favorables contre 16% qui se disaient défavorables. À la question « êtes-vous favorable à ce que le gouvernement du Québec décourage les véhicules polluants et nuisibles à la lutte contre les changements climatiques en instaurant une nouvelle taxe? », 55% des répondants se disaient favorable contre 38% qui se disaient défavorables.

Et pourquoi devrait-on instaurer un tel système? Simple. Parce que les chiffres de ventes de véhicules polluants, d’émissions de GES et de consommation de pétrole sont inquiétants.

Des chiffres inquiétants

Selon le rapport « L’état de l’énergie 2020 » :

- Les ventes de camions légers, (VUS, camionnettes et minifourgonnettes) sont en hausse très importante. Entre 1990 et 2018, celles-ci ont augmenté de 263%, passant de 24% des ventes à 64% des ventes de véhicules légers durant cette période.

- Les ventes de voitures sont quant à elle en sérieux déclin. Entre 1990 et 2018, elles ont diminué de 36%. De fait, les ventes de camions légers ont dépassé les ventes de voitures depuis 2015.

GES en transport routier : ça « chauffe »

- En 2017, les émissions de GES en transports représentaient 43,3% des émissions de GES totales du Québec.

Pendant que les émissions de GES des autres secteurs diminuaient, stagnaient ou augmentaient légèrement, celles des transports ont augmenté de manière très importante : + 23% de 1990 à 2017. En transports routiers, c’est encore pire. En effet, pendant que les émissions de GES des transports aérien et maritime diminuaient respectivement de 11,8% et 30,3% entre 1990 et 2017, les émissions de GES des transports routiers augmentaient de rien de moins que 49,6% durant la même période.

Lorsqu’on regarde plus en détail les augmentations d’émissions de GES des transports routiers, le portrait est encore plus saisissant. Alors que les émissions de GES des voitures ont diminué de 17% entre 1990 et 2017, les émissions de GES des camions légers et lourds ont augmenté respectivement de 127,1% et 170,8%.

Vente d’essence : +24%

Les véhicules qui consomment de l’essence ne sont pas des camions lourds, des autobus, des avions ou des bateaux. Ce sont surtout des voitures et des camions légers. Or, pendant que le gouvernement du Québec affirme vouloir diminuer la consommation de produits pétroliers de 40% en 2030 par rapport à notre consommation de 2013, les ventes d’essence ont augmenté de rien de moins que 24% entre 2013 et 2018. C’est effarant comme hausse en si peu de temps.

Bref, on fonce droit dans le mur.

Le gouvernement du Québec dévoilera bientôt son plan d’électrification et de changements climatiques. S’il veut vraiment atteindre ses cibles de réduction de GES et de consommation de pétrole, il n’aura pas le choix de mettre en place un système de redevance-remise digne de ce nom afin d’accélérer la transition vers des véhicules moins polluants (électriques et éco énergétiques), de rendre la loi Zéro Émission plus sévère et surtout de décourager l’achat de véhicules plus polluants.

En 2020, croire qu’on pourra atteindre nos objectifs sans ces mesures relève de la pensée magique. C’est aussi simple que cela.

Partager sur Facebook

Plus sur le sujet

ÉlectriqueDes véhicules électriques de plus en plus verts - 2e partie
Lorsqu’il est question de véhicules électriques, certains se posent des questions sur l’impact que peut avoir l’exploitation minière nécessaire à la fabrication des batteries sur l’environnement. Mettons une chose au clair : aucune exploitation minière est sans impact. Qu’il s’agisse d’exploitation pour de l’or, du fer, du titane, du zinc, …
ActualitéLes Canadiens champions de la pollution automobile
Dans un palmarès classant les pays en fonction de la consommation d’essence et de l’émission de dioxyde de carbone de ses véhicules, le Canada se retrouve au sommet. Dans cette liste dressée par l’Agence internationale de l’énergie, notre pays se classe devant les États-Unis, les Philippines, la Russie et le …
ÉlectriqueÉtiez-vous au courant... de la notion du bonus-malus?
Depuis quelque temps, certains intervenants médiatiques soutiennent que les rabais à l’achat de véhicules électriques ont coûté trop cher à l’État aussi bien en argent qu’en coût par tonne de gaz à effet de serre (GES). Qu’en est-il réellement? Faisons-le point. Pourquoi appuyer l’électrification des transports? Pour plusieurs raisons, dont, …
ActualitéGM, Toyota et Fiat Chrysler avec Trump sur la pollution automobile
General Motors, Toyota et Fiat Chrysler se sont rangés aux côtés du président Donald Trump pour faire barrage à la Californie qui veut établir ses propres normes en matière de pollution automobile, ont indiqué ces constructeurs automobiles confirmant des informations de presse. « Nous avons obligation d’intervenir, car notre industrie …
ActualitéPollution des eaux : les pneus d'autos pointés du doigt
L’automobile est largement associée à la pollution atmosphérique. Pas besoin de vous faire un dessin pour vous explique pourquoi. Elle est aussi responsable d’une forme de pollution des sols, par exemple en raison des déchets produits à l’usine et tout au long de leur cycle de vie qui se retrouvent …
ActualitéBMW et Volkswagen sanctionnés pour entente sur les systèmes de dépollution
Bruxelles a infligé jeudi des amendes de 502 millions d’euros au constructeur automobile allemand Volkswagen et de 373 millions à son compatriote BMW pour avoir restreint la concurrence dans les systèmes d’épuration de gaz d’échappement de voitures diesel. L’autre grand constructeur germanique Daimler ( Mercedes-Benz ), qui avait participé à …
ActualitéGuerre aux VUS : « Les Dégonfleurs » sévissent à Québec
On vous a parlé cet été d’un groupe de militants écologistes appelé « Tyre Extinguishers » qui mène des opérations la nuit pour dégonfler les pneus de VUS dans l’espoir de causer suffisamment de désagréments à leurs propriétaires pour qu’ils choisissent des moyens de transport moins polluants. Le mouvement a …

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires