BMW Série 1, pas d'accommodements raisonnables ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2010

Au chapitre des petites luxueuses, c’est indéniablement la BMW Série 1 la plus palpitante à piloter. Direction d’une précision à faire mourir les autres d’envie, tenue de route admirable, motorisations de rêve. Mais l’arrogance du prix et l’accueil sans chaleur de l’habitacle lui font perdre des points. Et malheureusement pour elle, la concurrence n’est pas bien loin derrière…

Si ce n’était que de conduire la BMW Série 1, aucun reproche ne ternirait la petite sportive, en livrée coupé ou cabriolet. Car c’est une jouissance que de manier cette direction précise au poil qui transmet la route dans ses moindres détails, en un parfait mélange d’assistance et de résistance. Un tout petit mouvement, et la réaction est immédiate. De surcroît, le volant tombe si bien dans la paume des mains qu’on ne veut plus s’en détacher.

Là où BMW sait aussi bien faire, c’est en motorisations. Celles-ci ont du souffle et un dynamisme peu égalés. Le six cylindres en ligne (3,0 litres) de la 128i, tiré de la Série 3, produit assez de puissance (230 chevaux, 200 lb-pi) pour qu’on s’amuse un peu. Avec lui, le 0-100km/h demande plus ou moins sept secondes, selon les versions. Mais pour s’en contenter sans arrière-pensée, il ne faut surtout pas faire l’essai de la 135i avec double turbocompresseur. Après tout, ce dernier a remporté l’International engine Award en 2007 et en 2008, supplantant cette année-là, avec le triple des points, la Porsche Boxter (2,7 litres)… Les 300 chevaux et les 300 lb-pi qui se dégagent de cette motorisation biturbo sont linéaires et exaltants, flirtant avec la zone rouge à 7 000 tr/min. Sa boîte manuelle est une autre belle preuve de ce que sait faire le constructeur : le passage des six vitesses est d’une belle élasticité et l’embrayage de petite course donne l’impression qu’il se trouve encore de la reprise sous le pied droit.

Pendant qu’on est dans le discours dithyrambique, soulignons la solide tenue de route prodiguée par la propulsion et un équilibre presque parfait du poids – relativement élevé, notons-le cependant. Reste que le comportement dans son ensemble est d’une agilité qui a été reconnue l’an dernier par l’AJAC (Association des Journalistes Automobiles du Canada), avec le prix de la Meilleure nouvelle voiture de performance (moins de 50 000 $) devant la Subaru WRX STi et la Mitsubishi Lancer Evolution.

Solide tenue de route, comportement agile… dommage que ça se fasse toutefois au détriment du confort routier. Ici, la suspension est sèche, très sèche, qu’elle soit de base ou sport (en option). Si elle est parfaite sur un circuit de course, elle épouse trop fermement les cahots de nos routes. La moindre imperfection du bitume est ressentie dans le châssis et la colonne vertébrale; ça brasse. À ceux qui disent que c’est le prix à payer pour s’attaquer aux virages sans broncher, sachez que la Mercedes-Benz Classe C réussit étonnement bien à allier ces deux aspects de la conduite. Et tant qu’à comparer, notons que contrairement à la Série 1, l’Audi A3 peut s’amener avec la traction intégrale quattro – en plus d’offrir substantiellement plus d’espace de chargement.

Oui, mais…

Là où le bât blesse le plus avec la BMW Série 1, c’est dans l’habitacle. D’abord, comment se fait-il qu’un constructeur qui ose tant pour ses designs extérieurs n’offre pas encore des intérieurs accueillants, ergonomiques et intuitifs ? L’ambiance est froide, les commandes sont petites, platement disposées sur la planche de bord et l’instrumentation est austère – doit-on rappeler que le iDrive est l’un des systèmes les plus compliqués du marché ? Aussi, l’ajustement manuel des sièges n’est pas une sinécure, alors que l’ajustement électrique est optionnel, même pour le Cabrio 135i (à presque 50 000 $). Heureusement, ces sièges sont confortables et ne manquent pas de soutien… à l’avant, du moins. En effet, les deux places arrière (et non trois, notez bien) sont difficiles d’accès, comme dans la plupart des coupés, l’espace aux jambes est quasi inexistant et les dossiers droits invitent peu à la détente.

Par contre, la qualité des matériaux est infaillible, ainsi que leur assemblage. L’insonorisation (du coupé) est de classe : elle dissimule bien les bruits de la route, tout en laissant passer celui du moteur. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le coffre accepte plus qu’une brosse à dents. Celui du Cabrio peut même héberger deux sacs de golf une fois le toit baissé. Mais, parce qu’il y a un mais, le rangement dans l’habitacle est utopique, le démarrage sans clé demande à ce qu’on insère la télécommande au tableau de bord (clé intelligente, mon œil !) et, défaut propre aux cabriolets, assez accentué ici, la vision latérale et arrière est sérieusement handicapée.

Côté style, c’est la version décapotée qui a la plus fière allure. Soit dit en passant, son toit souple s’incline en 22 secondes, sans autre participation du conducteur que d’appuyer sur la commande. Pour le coupé par contre, les lignes tranchantes et audacieuses encensées chez les autres produits BMW, et qui donnent belle gueule au paysage de l’automobile de luxe, sont beaucoup moins heureuses. La silhouette, la plus courte de la famille, tire un peu de la banane, dans un effet plus ramassé qu’élégant. Au moins, le Cabrio a-t-il l’avantage d’une capote, montée ou abaissée, pour détourner les regards de son arrière plutôt disgracieux...

Arrogance

Il y a de ces voitures qui nous enchantent tellement que l’on est prêt à tout leur pardonner. Ça aurait pu être le cas de la Série 1 : sa conduite est enthousiasmante, on aurait pu passer sous silence ces places arrière exiguës et la froideur de son habitacle. Mais c’est sans compter l’arrogance de ses prix, tant d’étiquette que des options. La facture monte, et vite. Surtout si l’on convoite des éléments pourtant bien accessibles sur d’autres véhicules. La radio satellite ou les sièges électriques, par exemple…

FEU VERT

Superbes motorisations
Direction parfaite
Qualité des matériaux et de l’assemblage

FEU ROUGE

Places arrière peu confortables
Habitacle peu convivial
Suspension trop sèche pour nos routes
Allo, la facture !
Clé…

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