Subaru B9 Tribeca, option avenir

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Si on vous demandait de décrire les véhicules de la marque Subaru, vous mentionneriez que leur mécanique est solide comme le roc, mais que leur stylisme est très conservateur, tout comme leur habitacle. Pour compenser, vous allez également souligner leur moteur horizontal de type boxer et leur rouage intégral très efficace. De cette description très honnête soit dit en passant, nous conserverons les éléments positifs que sont la fiabilité, les composantes mécaniques ainsi que la transmission intégrale, et remplacerons le stylisme. Le résultat ? La nouvelle B9 Tribeca !

Avec ce nouveau modèle, Fuji Heavy Industries, le propriétaire de Subaru tourne le dos à sa tradition pour nous proposer un véhicule utilitaire sport compact et urbain, dont le design n’a pas fini de faire jaser. Lors du dévoilement de la Tribeca au Salon de l’auto de Detroit en janvier 2005, tous appréciaient la partie arrière qui affichait une étroite ressemblance avec l’Alfa Romeo 156 Sportwagon. Mais ce fut toute autre chose pour l’avant, la calandre notamment. J’ai même été témoin d’une engueulade en règle entre deux journalistes à ce propos ! Spécifions au passage que cette grille est inspirée des entrées d’air des moteurs d’avion, et les deux ouvertures horizontales placées de chaque côté soulignent elles aussi le volet aéronautique de Fuji Heavy Industries, l’entité industrielle derrière la marque Subaru. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle venue ne laisse personne indifférent. Je dois avouer que si j’ai été pris par surprise au tout début, j’apprécie de plus en plus cette approche qui n’a rien en commun avec ce que la marque nous a proposé par le passé.

L’arrivée du styliste Andreas Zapatinas (un grec de 48 ans) a donc porté fruit puisque la nouvelle B9 Tribeca fait tourner les têtes. Et si vous vous demandez où la direction est allée chercher un tel nom, il y a sans doute plusieurs explications possibles. Chez Subaru, on nous explique que B9 est le nom de code de cette plate-forme. Quant à Tribeca, il s’agit d’un quartier de New York, tout près de Soho et de la Petite Italie. Tribeca est également le coin de pays de Robert DeNiro qui y possède d’ailleurs un restaurant fort prisé des gourmets. Les responsables du marketing ont voulu ainsi l’associer avec les gens branchés et le jet-set d’Hollywood, même si on est à New York.

Sur le marché depuis quelques mois déjà, la B9 Tribeca s’est attiré plus de commentaires positifs que négatifs. La plupart trouvent la silhouette équilibrée et élégante tout en ayant quelques réserves quant à son museau.

Avant l’arrivée de la B9 Tribeca, tous les habitacles de ce constructeur étaient d’un grand conservatisme et le demeurent toujours. Comme c’est le cas pour la carrosserie, l’habitacle de cette nouvelle venue se démarque de beaucoup. Le tableau de bord est en forme d’un « Y » dont la base serait la console centrale. Ce concept est censé fournir une sensation d’espace et de dégagement pour les occupants des places avant. Toutefois, comme plusieurs de mes confrères, c’est le contraire qui se passe. L’habitabilité des places avant est très bonne, mais une fois bien assis, on se sent quelque peu pris à l’étroit, entre cette large console et les deux branches du tableau de bord.

Une chose est certaine, ce tableau de bord est passablement complet. Au milieu se trouve un écran LCD de grande dimension qui domine le centre des commandes du système audio et de la climatisation. S’y logent également un lecteur de CD ainsi que deux buses de ventilation qui encadrent à leur tour le bouton central du volume ainsi que les touches de commandes. Les buses sont mal orientés et envoient de l’air sur nos mains ou sur nos genoux. De même, il faut ajouter que les commandes de la climatisation sont constituées de trois gros boutons dont le centre est formé d’un petit écran LCD affichant les pictogrammes de réglage. C’est impressionnant et efficace le soir, mais difficile de consultation de jour.

Toutes les commandes sont rétroéclairées d’une lumière rouge du plus bel effet. Les deux principaux cadrans indicateurs sont entassés dans deux écrins circulaires, emprisonnés à leur tour dans un module ovoïde. C’est pas mal réussi. Par contre, la jauge de carburant et le thermomètre du moteur, respectivement placés à droite et à gauche du module, ne sont pas de consultation facile. Mais pour une fois que Subaru ose sortir des sentiers battus, leur faute est pardonnée.

En comparaison des autres mastodontes de la catégorie, la B9 Tribeca semble être de très petite taille. Pourtant, les places arrière conviennent aux occupants de toutes les tailles. De plus, cette banquette glisse sur des rails et peut être avancée ou reculée de quelques centimètres, pour assurer plus de confort aux passagers, et pour permettre de transporter plus de bagages en certains cas. Il est également possible de commander une version à sept places équipée d’une troisième banquette. Comme tous les modèles du genre, elle est réservée à des enfants et encore faut-il que ces derniers ne soient pas trop difficiles. Et n’oubliez pas que ce siège additionnel, une fois déployé, gruge presque tout l’espace de la soute à bagages…

Une chose n’a pas changé par rapport aux autres modèles de cette marque : la finition est impeccable de même que le choix des matériaux.

Toujours le boxer

Compte tenu des ressources techniques tout de même assez modestes de Subaru, du moins en comparaison avec Nissan et Toyota, il n’est pas surprenant d’apprendre que le nouveau porte-étendard de la marque emprunte sa plate-forme aux modèles Legacy/Outback. Remarquez qu’il ne s’agit pas ici d’une mauvaise nouvelle ! La plate-forme du Tribeca est une version plus rigide et plus sophistiquée que celle de la Legacy lancée au printemps 2004. L’empattement a été allongé, la voie élargie et la rigidité tant en flexion qu’en torsion augmentée. La suspension est également modifiée. La géométrie a été revue et corrigée tandis que certains éléments sont plus robustes.

Compte tenu du caractère luxueux de la B9 Tribeca, c’est le moteur six cylindres qui a été privilégié par rapport au quatre cylindres turbo de 2,5 litres qui produit une puissance similaire. Le H6 offre une accélération linéaire qui ressemble davantage à celle d’un moteur V8. Dans la version Tribeca de ce moteur, plusieurs améliorations internes ont été apportées. Elles sont davantage adoptées en fonction de la douceur et de la fiabilité puisque la puissance demeure inchangée. Il est couplé à la boîte automatique à cinq rapports Sportshift qui permet au pilote de passer les rapports manuellement s’il le désire. En mode Sportshift, il suffit de déplacer le levier de vitesse vers l'avant ou vers l'arrière pour accélérer ou rétrograder. Ajoutons par la même occasion que cette boîte automatique accomplit du bon boulot. Les passages d’un rapport à l’autre sont doux, bien que la réaction de la boîte soit parfois hésitante à basse vitesse. Les ingénieurs ont également renoncé au programme de rétrogradation en certaines conditions. Une idée qui présentait plus d’inconvénients que d’avantages. Et la pédale de frein n’est pas spongieuse, une ancienne caractéristique des Subaru qui semble avoir été corrigée depuis le lancement de la Legacy/Outback l’an dernier.

Une agréable surprise !

Avec sa silhouette hors-norme qui répudie le design des autres Subaru, nous étions en droit de nous attendre à ce que le comportement routier soit également différent. Et c’est vrai, il diffère de celui de la nouvelle Outback par exemple, mais en mieux. En effet, non seulement la suspension est plus confortable, mais le véhicule se révèle très neutre en virage. Lors du lancement, j’ai conduit sur des routes très sinueuses et parsemées de virages serrés, la B9 Tribeca s’acquittait de sa tâche avec aplomb. Pas de roulis prononcé, pas de sous-virage et j’avais l’impression d’être en pleine maîtrise. Il faut également préciser que la rigidité de la plate-forme est exemplaire.

Même si les changements sont à peine perceptibles au chapitre de la conduite, la transmission intégrale a été révisée pour être encore plus efficace et plus transparente. En raison du moteur à cylindres opposés dont le centre de gravité est très bas, il est possible aux ingénieurs d’utiliser un arbre de couche qui est pratiquement horizontal par rapport à la voiture. De plus, l’embrayage à commande électronique réagit beaucoup plus rapidement. De plus, la Tribeca est dotée d’un système de stabilité latérale qui répond efficacement.

Agile sur la route, ce véhicule est capable de passer pratiquement partout. Sa garde au sol permet de rouler en terrain moyennement accidenté tandis que le rouage intégral optimise la traction. Par contre, il faut toujours se souvenir de l’absence de plaques de protection sous le véhicule si jamais on décide de jouer les aventuriers. Mais avec un peu de doigté et de jugement, le B9 Tribeca devrait vous permettre d’aller en forêt dans la journée et à une réception de gens branchés dans un quartier chic le soir. Un bémol par exemple, les performances ne sont pas électrisantes. Mieux vaut les qualifier d’adéquates sans plus.

Certains vont sans doute trouver que c’est cher que de payer entre 42 500 $ et 53 000 $ pour un véhicule Subaru. Ces gens-là devraient prendre le temps de passer l’auto au crible. Une fois que vous aurez enlevé vos lunettes de snob, vous découvrirez un véhicule qui vaut le prix demandé.

Feu vert

Mécanique fiable
Transmission intégrale
Finition sérieuse
Agréable à conduire
Performances correctes

Feu rouge

Partie avant controversée
Tableau de bord intrusif
Version sept places inutile
Bouches de ventillation mal placées
Performances moyennes

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