Nissan Titan, les gros bras

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Certains constructeurs japonais l’ont appris à leurs dépens, les acheteurs de grosses camionnettes apprécient ces dernières justement pour leurs dimensions et souvent pour leur apparence intimidante. Ceux qui ont essayé dans la demi-mesure ont été contraints à réviser leurs plans. Par exemple, lorsque Ford a renouvelé sa camionnette F-150, la plus populaire sur le marché, elle était plus grosse que la précédente et ce modèle est aujourd’hui plus en vogue que jamais. Il faut donc penser gros et grand. C’est cette philosophie qui a prévalu lors de la conception de la camionnette Titan de Nissan. D’ailleurs, cette appellation explique le programme à lui seul !

Il faut de plus ajouter que l’incursion de Nissan dans le domaine des camionnettes intermédiaires, le modèle le plus populaire sur notre continent, n’est pas une affaire improvisée. Les ingénieurs ont travaillé pour développer une camionnette capable d’en découdre avec les meilleures américaines tout en possédant certaines caractéristiques exclusives. Par exemple, le Titan est la camionnette dotée de la cabine multiplace la plus spacieuse et la mieux équipée. Elle a également été la première à être dôtée de série d’un revêtement protecteur de caisse appelé Durabed. Cette approche prévient les intrusions d’eau et la rouille provoquée par les doublures de caisse en plastique. De plus, celles-ci, en raison de leur micro mouvement finissent par user la peinture et favoriser la corrosion. Très robuste, l’enduit Durabed résiste aux éraflures et sert également d’antidérapant. Il est également possible de commander un système d’ancrage comprenant des anneaux d’arrimage qui permettent de modifier la configuration de retenue en un tournemain. Les ingénieurs se sont même payé une petite fantaisie en plaçant un espace de rangement dans le bas de la caisse, juste derrière l’ouverture de la roue.

Toujours dans le but d’avoir une présence soutenue dans ce créneau du marché, Nissan a construit une gigantesque usine d’assemblage à Canton dans le Mississipi. Cette usine a un mille de long et produit aussi les modèles Quest, Armada de même que l’Infiniti QX56. Bref, on était prêt pour la guerre.

Ooops !

Ce plan audacieux comprenait également une camionnette dont la silhouette était de nature à en imposer en fait de look ravageur. De plus, le Titan était doté dès son arrivée sur le marché d’un puissant moteur V8 de 5,6 litres d’une puissance de 305 chevaux et couplé à une boîte automatique à cinq rapports. C’était cinq chevaux de plus que le gros moteur V8 du Ford F-150 et un rapport de plus que la boîte automatique du Chevrolet Silverado.

Bref, tout était prêt pour une offensive en règle contre la chasse gardée des constructeurs nord-américains. Pourtant, il y a eu des os dans la soupe puisque le Titan a été affligé de plusieurs problèmes durant les premiers mois de sa commercialisation. Rien de bien grave, mais assez dérangeant pour inciter les amateurs de gros camions à retarder leur achat ou même demeurer fidèles à leur marque traditionnelle. Il faut d’ailleurs souligner au passage que les acheteurs de camions sont les plus constants de l’industrie. Contrairement au secteur de l’automobile, un acheteur de Ford ou de Chevrolet devra se faire violence pour aller voir chez Dodge, Toyota ou Nissan. Quoi qu’il en soit, les premiers exemplaires sur le marché étaient d’une finition douteuse et inégale, tandis que plusieurs petits éléments dans la cabine se rompaient aisément. Le couvercle du coffre à gants par exemple avait une apparence bon marché et son ajustement était loin d’être parfait. La situation était suffisamment grave pour que Carlos Ghosn envoie une équipe tactique au Mississipi pour remédier à la situation. Selon plusieurs observateurs, cela a été corrigé en grande partie.

Pas de cabine simple

Les visées de la direction de la compagnie a naturellement fait fi des modèles à cabine simple, une espèce pratiquement en voie de disparition. Le modèle le plus petit est appelé contradictoirement King Cab. Il s’agit en fait d’un modèle à cabine allongée dont les panneaux d’accès s’ouvrent à 180 degrés. Ce qui facilite l’accès à bord et constitue un autre argument en sa faveur. Les places arrière sont confortables et spacieuses pour une camionnette de ce genre. Il faut également avouer que le tableau de bord est plus convivial que ceux de la concurrence. Chez plusieurs, les designers ont associé outil de travail à austérité. Avec le Ford F150, le Titan fait bande à part avec une planche de bord qui pourrait être utilisée dans une berline. Le volant à trois branches notamment est presque trop élégant pour une camionnette. À la gauche du volant, un bouton de commande permet de passer en mode Auto, 4X4, 4X2 et Lo, du moins sur les modèles quatre roues motrices.

Sur la route, ce costaud nous surprend par son agilité, le confort de sa suspension et son comportement routier en général. Pour un mastodonte, il est agile comme un chat. Un peu comme si Shaquille O’Neil avait la délicatesse d’un danseur de ballet. Pas mal pour une camionnette capable de remorquer 9 400 livres (4 263 kg) ! Par contre, il faut déplorer le fait que la caisse de chargement ne soit pas offerte en version longue comme sur la plupart de ses concurrentes. Le King Cab est doté d’une caisse de 200,5 cm tandis que le modèle à cabine multiplace doit se contenter de 170,5 cm. Une différence qui pourrait faire la différence, comme le dirait sans doute Yogi Berra.

Et il ne faut pas oublier en terminant de souligner l’appétit en hydrocarbure du V8 dont la moyenne peut grimper jusqu’à 20 litres aux 100 km en certaines circonstances. Sur le Titan, tout est gros, même la consommation !

Feu vert

Silhouette dynamique
Moteur puissant
Boîte automatique cinq rapports
Cabine spacieuse
Bonne capacité de remorquage

Feu rouge

Moteur gourmand
Absence de caisse longue
Finition parfois inégale
Absence de moteur V6
Boîte manuelle espérée

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