Saturn Série L, deux pages perdues !

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2005

Aussi bien vous l'annoncer tout de suite : au moment où vous lisez ces lignes, la production des Saturn série L est sans doute déjà terminée et les concessionnaires se hâtent pour se débarrasser des exemplaires qui restent sur leur terrain. Si vous pensez conserver votre prochaine voiture plusieurs années, c'est le temps d'aller négocier un bon prix chez un concessionnaire Saturn ! Et puis, ce n'est pas parce que la voiture n'a pas été populaire qu'elle n'était pas bonne. Résumons la situation...

C'est en 2000 que sont arrivés les modèles LS et LW, cette dernière version se voulant la familiale. Les stratèges de Saturn ont souvent eu, dans le passé, une vision un tantinet baroque du marché de l'automobile. Pendant près de dix ans, un seul modèle Saturn posait ses pneus dans les salles de démonstration. La S avait beau se décliner en deux ou trois versions, n'empêche ! Les ventes se sont mises à chuter dangereusement. Enfin, le renfort est arrivé. Si la série S tentait de jouer dans les plates-bandes des Cavalier, Focus et Civic de ce monde, la série L, plus imposante, avait pour mission de conserver dans le giron Saturn les propriétaires désirant améliorer leur statut social... On a le statut qu'on peut ! Mais les Accord, Camry et Altima n'ont jamais eu bien peur de cette nouvelle venue.

Les autres étaient trop fortes

Car la série L ne possédait tout simplement pas ce qu'il fallait pour percer dans ce lucratif créneau. La silhouette, d'abord, se voulait d'une sobriété inimaginable (et le face lift de 2003 n'a absolument pas arrangé les choses), le design du tableau de bord faisait « la job », certes, mais sans passion aucune et le jeu des équipements n'avait rien pour donner le goût de se procurer une L. Pour mesurer à quel point les designers s'étaient plantés lors de la refonte de 2003, les journalistes québécois qui avaient assisté au dévoilement de la « nouvelle L » croyaient être victimes d'une farce tellement la calandre nous apparaissait caricaturale. Après avoir bien ri, on a dû se rendre à l'évidence... Non, ce n'était pas une farce ! Dès 2003, se rendant sans doute compte qu'il valait mieux sauver les meubles, la L100, soit la livrée de base, était expulsée du catalogue. L'an dernier, c'était autour des L200 et LW200. ça sentait déjà la fin. Mais si la Saturn L n'a pas réussi à se démarquer, ce n'est pas, je le répète, parce qu'il s'agissait une mauvaise voiture. Bien au contraire. C'est juste que le rapport qualité/ prix/équipement proposé par les marques japonaises était imbattable.

Côté moteur, le quatre cylindres en ligne n'est plus offert depuis l'an dernier mais le V6 de 3,0 litres offre des accélérations et reprises très honorables quoique peu mélodieuses. Notons que sa consommation se situe dans la bonne moyenne de la catégorie. La transmission automatique à quatre rapports ne cause pas de soucis tandis que les freins, puissants, peuvent compter sur un ABS de série. Par contre, la direction ne plaît pas à certains qui aimeraient la sentir moins lourde et un peu plus précise. Quant aux suspensions, elles font un excellent boulot lorsque l'asphalte se prend pour un tapis de billard, mais elles perdent rapidement de leur prestance dès que trous et bosses apparaissent. Elles peuvent même entraîner des pertes de motricité.

Chaque fois que l'occasion se présente, je n'hésite pas à féliciter Saturn de nous proposer des panneaux en polymère qui ne rouillent pas. Et chaque fois que l'occasion se présente, je n'hésite pas à rappeler aux gens que le châssis, lui, est fait de métal et qu'il rouille avec le temps !

La mort annoncée

La présentation intérieure de la L300 pèche un peu par excès de sobriété. Oui, c'est beau mais ce n'est pas la joie de vivre totale ! Les sièges sont confortables et facilitent la recherche d'une bonne position de conduite même si la colonne de direction ne s'ajuste pas en profondeur. Et quelques commandes, placées çà et là sur la planche de bord, pourraient être plus faciles d'accès. Les places arrière se montrent moyennement confortables et l'espace ne fait pas défaut. Tout comme dans le coffre, étonnamment grand !

Parlant de coffre, soulignons que la gamme L de Saturn, pour les quelques modèles construits en 2005, s'appauvrit de la familiale. Dommage pour toutes ces personnes pour qui les familiales sont une belle alternative aux VUS trop gourmands et trop juchés.

Bien plus raffinée que la pauvre S, la série L aurait pu atteindre son but si les stratèges de Saturn avaient bonifié leur offre. Mais on semble avoir beaucoup de difficultés, dans cette division de General Motors, à se tourner « sur un dix cents ». Quand une nouvelle Saturn arrive sur le marché, elle se montre parfaitement adaptée. Puis, c'est le statu quo pendant quelques années alors que la concurrence ne cesse de raffiner ses produits. Espérons que la leçon aura porté ses fruits pour que la remplaçante de la série L, qui devrait nous arriver en 2006 et qui sera construite sur le châssis de la Pontiac G6, ne subisse pas si triste sort...

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