Buick Lucerne, limousine helvétique ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2007

L’inénarrable Robert Lutz a pris les divisions Pontiac et Buick sous son aile afin de relancer ces deux marques. Pour ce vétéran, le stylisme et le comportement routier sont les deux éléments qui devaient présider à ce retour en force. C’est pourquoi la division Buick a été complètement chamboulée aussi bien en fait d’identification que de design, le tout sous l’influence de l’Oncle Robert. Et c’est sans doute parce que Monsieur Lutz est né en Suisse qu’on a baptisé cette nouvelle venue Lucerne.

Mais pour être certain qu’on ne confond pas cette Buick huppée avec des modèles plus plébéiens, cette dernière emprunte sa plate-forme et sa mécanique à la Cadillac DTS. Du moins, pour ce qui est de la version la plus onéreuse, soit la CXS, puisqu’il est également possible de commander une version équipée de l’incontournable moteur V6 3,8 litres de 197 chevaux. Pas besoin d’être un grand spécialiste en la matière pour conclure qu’un vieux moteur V6 à soupapes en tête et couplé à une transmission automatique à quatre rapports de surcroît n’a sans doute pas sa place sur un modèle qui cible une concurrence tout de même assez relevée. Par contre, le prix plutôt compétitif de ce modèle devrait influencer les acheteurs qui veulent rouler en gros carrosse sans pour autant débourser beaucoup. Et malgré ses origines qui remontent à très loin, ce V6 est performant. En plus, l’effet de couple dans le volant est presque imperceptible en pleine accélération alors qu’il est préoccupant sur les modèles propulsés par le moteur V 8.

Les défenseurs de la Lucerne s’empresseront de souligner que ce moteur V8 de 4,6 litres est le même moteur Northstar qui équipe la DTS, pourtant vendue plus cher. Ils ont raison et je dois ajouter que la Buick a une ligne beaucoup mieux réussie. Le fait de pouvoir commander une transmission à six rapports viendrait clore le débat. Et ce faisant, la Lucerne mettrait plusieurs concurrents directs dans sa petite poche. D’autant plus que la plate-forme est rigide, sa suspension optionnelle Magnaride fort sophistiquée tandis que le système de stabilité latérale est efficace. Et comme il faut s’y attendre sur une voiture de ce prix et de cette catégorie, les suspensions avant et arrière sont indépendantes, les freins à disque sont aux quatre roues et reliés à un système ABS.

En quête d’identité

Puisque l’apparence de toute la gamme Buick faisait trop « papy » aux yeux de Robert Lutz, les designers ont eu pour mission de lui donner une autre signature visuelle. C’est réussi sur le plan esthétique, mais à cet exercice, la marque est quasiment devenue orpheline. On pourrait remplacer les écussons Buick par à peu près n’importe quoi et ça ferait l’affaire. Le fait d’utiliser les traditionnelles sorties d’air sur les ailes avant a pour but de nous remémorer les Buick de jadis, mais je ne suis pas certain que ça change quoi que ce soit. Bref, la Lucerne nous fait songer à ces témoins importants à qui on donne une nouvelle identité : c’est l’anonymat assuré.

La même remarque s’applique au tableau de bord qui est d’une désolante sobriété. Ce n’est pas parce qu’on utilise des appliques en bois sur la planche de bord et le dessus de la console centrale que les choses s’améliorent. La ressemblance avec le tableau de bord de la Cadillac DTS est flagrante, mais cette dernière a un petit quelque chose de plus, même s’il s’agit d’une pendulette analogique. Sur la Lucerne, c’est désertique et ennuyeux. D’autant plus que le mécanisme de retenue du volant est énorme et que ce dernier est légèrement décentré vers la droite. Comme sur la Caddy, il est difficile de trouver les bons réglages pour être confortable derrière le volant. Par contre, les occupants des autres places ne devraient pas se plaindre du confort des sièges ou encore de l’habitabilité. Et toujours au sujet de l’habitacle, si la finition est digne d’une voiture de ce prix et de cette catégorie, la prédilection de la direction de GM pour les plastiques durs est à nouveau confirmée sur cette voiture.

Malgré tout

Je m’interroge à savoir si tous ces changements positifs se conjuguent pour faire de la Lucerne une voiture phare qui permettra à Buick de remonter la pente. J’en doute car cette berline, toute homogène soit-elle, n’a pas ce petit quelque chose qui pourrait nous la faire choisir. Le modèle essayé pendant quelques jours était la version CXS avec moteur V8, suspension Magnaride et roues de 18 pouces. Il est d’ailleurs difficile de trouver à redire en fait de tenue de route, de précision en virage et d’insonorisation. En plus, la suspension Magnaride permet de concilier confort et tenue de route. Mais ces éléments positifs sont en partie effacés par un volant mal situé et une position de conduite assez peu agréable. En outre, le tout à l’avant de la mécanique est responsable d’un sous-virage assez prononcé.

Comme sur plusieurs des produits récemment dévoilés par GM, la Lucerne est un meilleur produit que le véhicule qu’elle remplace. Par contre, un certain manque d’homogénéité, quelques lacunes en fait de sophistication de la mécanique et un comportement routier trop générique viennent refroidir notre enthousiasme. Et puisque ce constructeur doit faire face à une situation financière pour le moins délicate, nous devrons sans doute tolérer le statu quo pendant un certain temps. Pour plusieurs, cette grosse berline constituera quand même une bonne affaire en raison de son prix très compétitif.

feu vert

Moteur performant
Plate-forme rigide
Suspension Magnaride
Prix compétitif
Équipement complet

feu rouge

Silhouette anonyme
Boîte automatique 4 rapports
Module du volant trop gros
Position de conduite décentrée
Sous virage

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