Toyota Sienna, cent fois sur le métier...

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Il ne fait aucun doute que si la deuxième génération de Sienna commercialisée depuis le printemps 2003 avait été en mesure de participer à notre match comparatif des fourgonnettes l'an dernier, elle aurait fait bien meilleure figure (la victoire qui sait ?) que sa devancière qui, rappelons-le, s'est classée au dernier rang. C'est dire tout le travail accompli par Toyota qui vient non seulement de réaliser une fourgonnette qui chouchoute ses occupants avec plus de talent, mais qui révèle également des qualités routières qu'on ne lui connaissait pas autrefois.

La famille n'en finit pas de grandir. Les véhicules non plus. À chaque nouvelle génération, ils gagnent des millimètres pour offrir plus de confort, plus d'espace, plus de puissance. Plus d'agrément quoi ! Pour faire comme tout le monde, la Sienna, la deuxième du nom, s'allonge de 200 millimètres par rapport à son prédécesseur, occupe plus d'espace sur la route et prend près de 100 kg. Alors pour conserver de bonnes performances, la Sienna s'offre un moteur plus costaud. Le V6 de 3 litres cède sa place à un 3,3 litres plus puissant. Délivrant 230 chevaux, cette mécanique s'apprécie pour sa douceur de fonctionnement, sa progressivité et son niveau sonore particulièrement bien contenu. Rapide ? Disons que les reprises apparaissent plus convaincantes encore que les accélérations. Au cours de notre essai, nous avons enregistré une moyenne de 12,6 litres aux 100 km (parcours mi-ville, mi-route), ce qui apparaît tout à fait raisonnable. Ce qui l'est tout autant est son réservoir, toujours de 79 litres, qui lui permet une autonomie appréciable.

Telle une force tranquille qui ne procure presque aucune sensation de vitesse, la Sienna file à vive allure en toute tranquillité. Et avec un silence de marche tel qu'il est inutile de hausser la voix pour discuter. De bonnes notes vont également à la transmission automatique qui l'accompagne et qui compte désormais cinq rapports au lieu de quatre.

Bien sûr les 1800 kg limitent l'agilité, mais aucune fourgonnette de cette taille ne peut revendiquer pareille maniabilité. Elle se conduit avec facilité et pratiquement comme une berline. D'ailleurs, son diamètre de braquage a été réduit d'un mètre pour faciliter les man?uvres dans les espaces restreints. Sa direction conjugue à merveille douceur et précision de conduite, mais quelques-uns lui reprocheront une certaine légèreté à vitesse élevée.

Stable en courbes, cette Toyota peut compter sur une tenue de cap de premier ordre sur l'autoroute qui vous conduit à votre destination vacances. Les dépassements des camions la laissent de marbre et seuls les forts vents latéraux nécessitent des corrections au volant. La caisse prend peu de roulis et la monte pneumatique, plus généreuse, assure un meilleur confort de roulement. En fait il n'y a que la suspension arrière qui éprouve un peu de mal à filtrer toutes les trépidations sur les petites irrégularités, spécialement aux places arrière et à vide.

Bref, en ce qui concerne le comportement routier, la Sienna apparaît comme l'une des fourgonnettes les plus fréquentables et les plus silencieuses de l'heure.

L'argent fait le bonhneur

Même si le coefficient de traînée aérodynamique de la nouvelle Sienna est remarquablement bas, ses formes restent très conventionnelles et moins affirmées que celles de la Quest (Nissan), sa nouvelle rivale. À cela s'ajoute un aménagement intérieur fortement inspiré de la concurrence. Comme ce minirétroviseur central grand angle inauguré par la défunte Windstar de Ford et qui autorise une surveillance discrète (et ô combien nécessaire parfois) des sièges des deuxième et troisième rangées. Et que dire des glaces des portes latérales qui, tout comme celles de la Mazda MPV, peuvent s'abaisser. Les enfants adorent.

Le tableau de bord, bas, pas trop profond et sans aspérité, dissimule plusieurs espaces de rangement. D'apparence sobre et épuré il regroupe sous les yeux du conducteur une instrumentation complète (le compte-tours figure maintenant de série dans la version CE) et facile à consulter. La Sienna prend également grand soin de son ergonomie. La colonne de direction, aujourd'hui réglable dans les deux axes (elle était autrefois seulement inclinable), permet de se mitonner une position de conduite agréable, toujours à bonne distance des principales commandes. On regrettera tout juste que les commandes de la radio ne soient plus dupliquées sur le volant de la version CE, comme c'était le cas l'année dernière.

Pour séduire toute la famille, Toyota a mis l'accent sur l'équipement. Et ce, dès la CE, la version la plus abordable financièrement. On note par exemple que les glaces latérales arrière s'entrouvrent désormais manuellement alors que celles à l'avant, sont dotées de commandes électriques. Il y a aussi le régulateur de vitesse qui figure aujourd'hui sur la liste des accessoires de série, tout comme le verrouillage centralisé avec télécommande. Tous ces équipements étaient inexistants dans la version CE vendue l'an dernier. Bref, la direction de Toyota prétend que la Sienna s'est enrichie de 3000 $ d'équipements supplémentaires. Cependant, pour un véhicule qui se prétend conÇu autour des enfants, plusieurs équipements se refusent de monter à bord des versions dites plus économiques comme un mécanisme d'assistance des portières coulissantes pour éviter aux petits comme aux grands de devoir les man?uvrer. Et que dire de cet autre « assistant » électrique qui nous permet d'oublier que le hayon est un peu lourdaud. Autre mesquinerie sur le plan de la sécurité passive : les coussins de sécurité latéraux ainsi que les rideaux gonflables qui ne protègent que les passagers de la plus chère des versions, la XLE. Et ce n'est pas tout, les phares au xénon ? une autre bonne idée ?, le dispositif antipatinage, le contrôle de stabilité électronique, le sonar de stationnement (précieux, voire indispensable) sont autant d'accessoires que vous ne pourrez même pas vous offrir, même en option, dans la version CE. Et je ne vous parle pas du régulateur de vitesse au laser complètement inutile, vu notre climat. Pis encore, impossible d'obtenir non plus un système de divertissement dans les versions dites « économiques ». Ce dernier, permettant de visionner des DVD à bord n'est offert qu'avec le groupe d'options Limited (5265 $), lequel n'est accessible qu'aux acheteurs de la version XLE (prix de base de 43 600 $).

Question habitabilité, la Sienna en offre plus que sa devancière dans pratiquement tous les domaines. Tous, sauf le volume du coffre, une fois toutes les banquettes en place. En revanche, on se réjouit que la troisième banquette, un peu basse selon les enfants qui l'ont essayée, se fractionne et se « perd » aisément dans le plancher.

Les fauteuils ancrés au centre du véhicule (la version huit passagers adopte une banquette dont la partie centrale peut s'avancer de 170 mm) coulissent, s'inclinent ou se décrochent facilement, mais leur poids ne rend pas leur transport à la portée de tous les bras. Surtout celui qui campe au centre à droite à cause de la ceinture intégrée. Ce dernier, contrairement à son voisin de gauche, peut se déplacer vers l'intérieur pour ceux qui aiment voyager « collé-collé ». Dommage que Toyota n'ait pas profité de cette refonte pour aller encore plus loin et rendre l'habitacle plus convivial encore. Pourquoi ne pas permettre aux baquets de la deuxième rangée de pivoter, par exemple ?

Pas donnée !

Tout compte fait, les progrès de cette deuxième génération sont dans un plaisir de conduite accru, une grille d'accessoires renforcée et une convivialité plus aboutie que jamais. Tout ce qu'il faut en somme pour en faire une fourgonnette agréable à vivre. Est-ce suffisant pour faire oublier à la vaste majorité des consommateurs qui recherchent une fourgonnette dont le prix est égal ou inférieur à 31 000 $ que plusieurs accessoires (précieux) ne sont pas du voyage ? Si tel est le cas, vous serez sans doute dans l'obligation de casser la tirelire de vos enfants pour mieux leur faire apprécier la randonnée. Éric LeFranÇois

Contrepartie

Il est vrai que la nouvelle Sienna se vend parfois très cher pour une version tout équipée et que les modèles à prix plus abordable ne peuvent pas toujours être dotées des options désirées. Mais cette facture un peu plus corsée s'explique également par la qualité des matériaux, de la mécanique, de la peinture et même d'un comportement routier sans surprise. Curieusement, de nos jours, les gens veulent toujours avoir des modèles complètement équipés, mais sans payer pour leur juste valeur. Dans ce contexte, certaines marques proposent des freins ABS, mais ceux-ci ne sont pas nécessairement efficaces. Le client est cependant rassuré de constater la présence de cet accessoire sur la liste d'équipement de série de son véhicule. Il découvrira souvent trop tard que le système est d'une efficacité limitée.

La compagnie Toyota a toujours mis la priorité sur la fiabilité et la durabilité au détriment des gadgets et des accessoires inutiles ou encore d'un tape-à-l'?il de pacotille. La Sienna ne sera jamais sans doute la plus vendue ou la plus populaire, mais elle offre une qualité supérieure à bon prix. Pour les accessoires de luxe, ils pourraient quand même être un peu plus généreux dans la disponibilité des options. Denis Duquet

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