Chevrolet Monte Carlo, une parodie

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Quel meilleur endroit au monde pour apprécier le coupé Monte Carlo que le c?ur du « Deep South » américain, où le stock car est presque une religion et le regretté Dale Earnhardt, presque un dieu. Personne n'est cependant dupe pour autant : le moteur de la version civile du coupé que pilotait le célèbre « Intimidator » est un V6, sans compter, trahison suprême, que la Monte Carlo est une traction depuis sa renaissance, en 1995.

Qu'à cela ne tienne, la direction de Chevrolet souhaite aujourd'hui plus qu'hier capitaliser sur les succès en piste de la Monte Carlo. Et bonne nouvelle cette fois, ce coupé Chevrolet a des arguments autrement plus convaincants que des jantes spéciales, des filets décoratifs et autres babioles du genre pour satisfaire les amateurs de la série Nascar, à tout le moins. On attendait (ou rêvait ?) d'un V8, mais c'est finalement le sempiternel V6 3,8 litres suralimenté par compresseur qui est chargé d'animer la version Supercharged SS qui effectue un retour cette année dans les salles d'exposition. Outre son moteur de 240 chevaux, cette Monte Carlo enveloppe ses jantes de pneus 17 pouces et durcit ses éléments suspenseurs en engraissant les barres stabilisatrices et en abaissant le train arrière de 10 mm.

Inutile d'énumérer les huit couleurs qui se chargent d'habiller la carrosserie de cette Monte Carlo ; vous la reconnaîtrez au premier coup d'?il avec ses bas de caisse peints d'une teinte différente, son becquet avant à la Nascar et ses écussons et sorties d'échappement nickelés.

Même si ses 240 chevaux lui permettent de galoper à vitesse grand V au prochain feu rouge, la Supercharged SS n'inquiétera jamais, par exemple, un coupé Accord V6 à boîte manuelle sur une route sinueuse. Son gabarit toujours aussi imposant et son poids plus que respectable finiront par vous lasser et avoir raison de votre plaisir de la pousser dans ses derniers retranchements. Et que dire de la sécheresse de la suspension qui, sur routes abîmées, vous fera claquer involontairement des dents. C'est bien beau de battre les copains quand le feu passe au vert, mais encore faut-il s'arrêter quand celui-ci passe au rouge. Les ingénieurs de la marque au n?ud papillon l'ont visiblement oublié puisque le système de freinage de leur bolide est en tout point identique à la version SS de 200 chevaux.

Un conseil, un seul : soyez sage. Si la Supercharged SS vous excite le poil des jambes, reste que la majorité des consommateurs optent pour la version la plus sage : la LS. Le V6 3,4 litres de 180 chevaux n'est pas une fusée certes, mais il est tout à fait adéquat dans le cadre d'une utilisation normale, fiable et consomme modérément l'essence ordinaire que l'on injecte dans son réservoir. La transmission automatique, toujours la seule disponible, égrène doucement ses quatre rapports et finit par se faire oublier. Les éléments suspenseurs, plus souples et des pneumatiques à la bande de roulement moins agressive favorisent la douceur de roulement. C'est-à-dire, plus de confort, mais aussi plus de roulis et un sous-virage qui se manifeste assez tôt. De concert avec un train avant dont la géométrie est saine et des tarages d'amortisseurs bien choisis, la direction s'avère précise, linéaire et d'une rapidité appréciable, en accord avec la vocation de ce grand, sinon gros coupé. Le freinage, commandé par une pédale assez ferme et facile à moduler, témoigne ainsi d'une vigueur et d'un mordant très convenables.

Habitacle à l'ancienne

Les lourdes portières de la Monte Carlo s'ouvrent sur un habitacle relativement spacieux. Les sièges avant procurent un confort et un maintien très corrects. L'accès aux places arrière n'est toutefois pas une sinécure en raison notamment des ceintures qui ne manquent pas une occasion de vous faire trébucher. N'aurait-il pas mieux valu les intégrer aux baquets avant comme celles des grandes camionnettes ? Au terme d'une série de contorsions, les occupants découvriront une banquette dont le coussin est ancré beaucoup trop bas. Vous étouffez ? Pas de chance, les glaces ne s'ouvrent même pas, comme plusieurs coupés d'ailleurs. À défaut de confort, le dossier arrière a la politesse de se replier en portions 60/40 pour accroître le volume de chargement. Le seuil est élevé et le coffre, lui, peu profond.

À l'avant, le conducteur (ou la conductrice cela va de soi) se retrouve en face d'un tableau de bord complet. Les principales commandes se trouvent à portée de main. Prière de noter au passage que le panneau de climatisation/chauffage porte le sceau de la nouveauté cette année. Les espaces de rangement sont, somme toute, assez généreux pour une automobile de cette catégorie et la liste des équipements de série suffisamment relevée. Il y a bien sûr plusieurs options au catalogue, mais de série vous aurez droit à l'essentiel : climatiseur, glaces électriques, etc. Seule la qualité de l'assemblage et des matériaux n'y figure pas.

La Monte Carlo est bourrée de défauts, mais certains s'en accommoderaient sans doute si seulement elle était belle à regarder. Or, ce n'est pas le cas. Le dessin de la partie arrière est totalement raté, avec ses feux de frein ronds et transparents et son couvercle de coffre ondulé. Compte tenu du penchant marqué des consommateurs pour le style, pas étonnant que cette Chevrolet amasse, chez nous à tout le moins, la poussière des salles d'exposition et qu'on lui préfère l'Impala, plus fonctionnelle, plus logeable et aussi, cette année, déclinée en version SS.

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