Saturn ION, la Saturn réinventée

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Lorsque la compagnie Saturn a été fondée en 1985, elle avait pour mission de réinventer la petite voiture nord-américaine. Non seulement ses méthodes de fabrication et d'assemblage étaient nouvelles pour l'époque, mais la mise en marché reniait tout ce que Detroit avait proposé auparavant. De plus, même si GM avait fourni la mise de fonds initiale, cette marque fonctionnait de faÇon autonome. Malheureusement, si tout ce qui entourait Saturn était révolutionnaire, les modèles dévoilés étaient ce qu'il y avait de plus conventionnel.

Le seul élément innovateur que possédaient ces nouvelles venues était un châssis ajouré sur lequel étaient greffés des panneaux de caisse en polymère. Le reste était très moyen tant en fait de style que de mécanique. Au premier coup d'?il, il était possible de confondre les Saturn avec des Oldsmobile. Ce qui n'est pas surprenant puisque les premiers designers maison avaient été recrutés dans cette division. Et si les moteurs se voulaient d'une architecture moderne avec des blocs en alliage léger dotés d'arbres à cames en tête, ils étaient très bruyants et moyennement performants. Et malgré la présence d'une suspension indépendante aux quatre roues, les Saturn offraient une tenue de route très moyenne.

Ce qui n'a pas empêché Saturn de faire un malheur dans les palmarès de satisfaction de la clientèle. Sur une période s'étalant sur deux décennies, la marque a toujours figuré parmi les meneurs en fait de satisfaction de ses propriétaires, surclassant des marques très prestigieuses. Ce qui prouve qu'un produit moyen en fait de performances et d'agrément de conduite peut satisfaire les gens du moment qu'on s'occupe d'eux.

Malgré tout, il était plus que temps pour Saturn de renouveler son modèle d'entrée de gamme, à bout de souffle après une carrière de plus de 12 ans presque sans changements majeurs. Dorénavant dans le giron de GM et considérée comme une division à part entière, Saturn a renouvelé toute sa gamme de produits au cours des 12 derniers mois. En effet, le VUE est arrivé le printemps dernier, la LS vient de subir plusieurs modifications esthétiques et l'ION fait son arrivée sur le marché.

Tout nouveau !

Il n'est pas faux d'affirmer que cette marque n'aurait pu continuer à progresser si elle ne s'était pas intégrée à GM. Même si elle avait connu beaucoup de succès, elle ne possédait pas les ressources financières et techniques nécessaires pour renouveler les organes mécaniques de ses véhicules. La nouvelle ION utilise d'ailleurs la plate-forme Delta qui a été développée conjointement par GM, Opel et Fiat. Elle est notamment associée à l'Opel Astra et sera la future plate-forme des nouvelles Chevrolet Cavalier et Pontiac Sunfire dont l'arrivée est prévue en 2004. Elle a été modifiée pour s'adapter au châssis porteur des Saturn, mais elle possède une rigidité inégalée pour la catégorie.

Curieusement, si les ingénieurs ont retenu la suspension avant à jambes de force, ils ont abandonné la suspension arrière indépendante. Celle-ci a été remplacée par une poutre déformante avec barre de torsion intégrée. Elle peut être appelée demi-indépendante puisque cette poutre transversale est placée non pas directement entre les deux roues, mais plusieurs centimètres derrière. Cet éloignement permet une certaine indépendance entre les deux roues dans les virages et lors du passage de trous et de bosses. Ce dispositif est toujours utilisé dans la Toyota Corolla, la Volkswagen Golf et plus récemment la PT Cruiser de Chrysler. En plus d'être légère et simple à fabriquer, cette suspension s'accommode fort bien de la traction. D'ailleurs, c'est pour cette raison que la Nissan Maxima est pourvue d'un arrangement mécanique similaire. Les catalogues de l'ION vous font miroiter la possibilité de commander en option des freins ABS qui sont automatiquement livrés avec un système antipatinage. C'est vrai, mais il est dommage que des freins à disque aux roues arrière ne soient pas offerts même si les ingénieurs affirment que des freins à tambour sur une petite compacte sont amplement suffisants. De plus, l'ABS devrait être de série.

Les deux moteurs 1,9 litre utilisés précédemment dans la SL ont été abandonnés et personne ne s'en plaindra. Non seulement ils étaient très bruyants, mais leurs vibrations n'ont jamais pu être contrôlées efficacement et leur puissance ne faisait pas le poids. Ils sont remplacés par le moteur 4 cylindres Ecotec de 2,2 litres d'une puissance de 140 chevaux. Avec leur bloc en alliage léger, leur culasse à double arbre à cames en tête et leurs deux arbres d'équilibrage, ils n'ont rien à envier à la concurrence sur le plan de la sophistication mécanique et de la performance. Il s'agit du seul et unique moteur offert dans les deux modèles. La boîte manuelle à 5 rapports est produite par Getrag et de série autant dans la berline que dans le coupé. Détail intéressant, même la marche arrière est synchronisée, une caractéristique assez peu courante dans la catégorie. La berline peut être équipée en option d'une boîte automatique à 5 rapports. Celle-ci n'est pas disponible dans le coupé qui offre une boîte VTi à rapports continuellement variables plus ou moins similaire à celle de la VUE.

La berline d'abord

Des deux modèles de la famille ION, c'est la berline qui aura l'honneur d'apparaître dans les salles de montre en premier. Autant l'habitacle que la carrosserie sont tout nouveaux et c'est tant mieux. La SL remontait à la fin des années 80 et avait de la difficulté à se démarquer. Cette nouvelle présentation s'avère plus audacieuse, surtout à la partie arrière dont les feux et le rebord du couvercle du coffre très proéminent nous font quelque peu penser à la Cadillac CTS. La filiation avec les autres membres de la famille Saturn est transmise par la calandre avant dotée d'une barre transversale sur laquelle on trouve l'écusson Saturn qui a été révisé par la même occasion. Les phares sont toujours rectangulaires mais plus allongés qu'auparavant. Il faut ajouter qu'une lisière de plastique située sur le rebord du toit peut être enlevée et remplacée par une autre de couleur contrastante ou même affichant différents motifs. Cela permettra aux gens de personnaliser leur auto davantage. J'ai par contre des doutes sur la valeur de cet accessoire.

Cette même approche a été retenue dans l'habitacle alors que certains éléments de la planche de bord peuvent être remplacés par d'autres de couleur différente. Ce tableau de bord est vraiment l'élément le plus original de la voiture. Presque tous les instruments et commandes sont regroupés dans une console centrale dont la partie supérieure est constituée d'un réceptacle en forme de demi-lune abritant l'indicateur de vitesse, le compte-tours, la jauge de carburant et le thermomètre. Ce positionnement est contesté par plusieurs, mais ne me cause pas de problème personnellement. Par contre, il faut souligner que le totalisateur journalier est pratiquement illisible. De plus, le moyeu du volant ressemble à une immense assiette à tarte ou à un Frisbee et détonne joyeusement. Ajoutons que les sièges avant, trop courts, n'offrent pas un bon support pour les cuisses. Les places arrière ne font guère mieux avec un dégagement pour les jambes très moyen.

Sans être un foudre de guerre, le moteur se tire assez bien d'affaire même si les temps d'accélération sont moyens aussi bien avec la boîte manuelle qu'avec l'automatique. Par contre, ce moteur a déjà fait ses preuves et il est presque exempt de vibrations et assez silencieux. La boîte manuelle Getrag est efficace, mais les 3e et 4e rapports sont très espacés, ce qui nous oblige à rétrograder plus souvent. Dans l'une des voitures d'essai, l'embrayage manquait également de progressivité.

Sur la route, cette nouvelle Saturn possède d'excellentes manières en fait de tenue de route, de stabilité directionnelle et de stabilité dans les virages. La direction à assistance électrique nous a semblé offrir un meilleur feed-back que celle de la VUE tandis que l'effet de couple en accélération est perceptible, mais bien contrôlé. Ce n'est pas une berline sport ou une voiture qui soulève de grands élans de passion. Mais elle se situe dans la bonne moyenne à tous les points de vue et marque un net progrès par rapport à la défunte SL.

Le Quad Coupe ensuite

Il faut préciser d'emblée que ce coupé n'a aucune prétention sportive. Il s'agit en fait d'une berline deux portes affublée de panneaux d'accès de chaque côté, ce qui explique la dénomination Quad Coupe. D'ailleurs, cette configuration drôlement pratique permettra à plusieurs de se réconcilier avec ce type de carrosserie. Pour le reste, c'est quasiment identique à la berline en fait de performances, de conduite et de tenue de route. Tel que mentionné précédemment, elle se démarque de la berline avec la boîte optionnelle VTi à rapports continuellement variable qui permet d'obtenir des performances un peu plus pointues et une meilleure économie de carburant. Comme dans la berline, la boîte manuelle et le moteur font bon ménage bien que les performances ne soient pas très sportives, loin de là.

Les seules vraies différences entre la berline et le coupé se résument à la carrosserie. De plus, le coupé peut transporter des objets de dimensions encombrantes grâce à ses panneaux d'accès arrière de type « porte suicide » et à un siège avant droit dont le dossier se replie.

Pour la première fois de son histoire, Saturn a produit une seconde génération de l'un de ses modèles. Et heureusement pour l'avenir de cette division, il est facile de constater un progrès marqué. C'est un modèle qui plaira aux inconditionnels de cette marque et qui est en mesure d'intéresser de nouveaux acheteurs, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes.

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