Mitsubishi Lancer, la « protégée » de Mitsubishi

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

La direction canadienne de Mitsubishi estime que plus de 50 % des Lancer qui seront vendues au pays au cours de la prochaine année seront immatriculées au Québec. Et pour s'assurer de faire le plein de clients, la Lancer se déclinera, comme aux États-Unis, en trois versions : ES, LS et O-Z Rally. Des différences entre les produits commercialisés des deux côtés de la frontière ? L'ES, pour sa part, sera « allégée » chez nous de plusieurs accessoires. Ainsi, le climatiseur, le régulateur de vitesse et certains accessoires électriques (glaces et verrouillage) se trouveront inscrits au catalogue des options. Même s'il est encore trop tôt pour le savoir, la direction du constructeur nippon estime que l'O-Z Rally, le plus coûteux et le plus flamboyant modèle de la famille Lancer, sera la version la plus courue. D'ailleurs, depuis sa sortie au sud de nos frontières, l'O-Z Rally a permis d'augmenter de 42 % les ventes de Lancer aux États-Unis.

Qu'est-ce qu'une Lancer O-Z Rally ? Une berline vitaminée censée jouer des portières avec les MazdaSpeed, Sentra SE-R et autres compactes du même genre ? Non, il s'agit plutôt d'un ? banal ? exercice de style, rien de plus. En fait, seuls quelques artifices purement esthétiques (roues en alliage, carénages remodelés, bas de caisse évasé et aileron posé sur le couvercle de la malle) permettent de dissocier cette Lancer des autres membres de la famille. À l'intérieur, même approche : instrumentation couchée sur fond blanc, appliques d'aluminium brossé et des tapis protecteurs tatoués. Techniquement ? Rien. En effet, à l'exception d'une distribution de masses un brin plus avantageuse, l'O-Z Rally n'a rien à mettre sous le pied droit des conducteurs sportifs. Ces derniers sont plutôt invités à souhaiter que l'EVO VIII, le modèle haute performance chez Mitsubishi avec son moteur suralimenté et son rouage à traction intégrale, pose ses roues sur notre territoire.

Spacieuse, cette petite

Les concepteurs de Mitsubishi ne mentent en rien lorsqu'ils affirment que la Lancer est l'une des berlines les plus spacieuses de sa catégorie. Conducteur et passagers accéderont tous facilement à leurs places, et le seul maître à bord n'aura aucun mal à trouver une position de conduite idéale, surtout que chaque version propose un réglage vertical de l'assise et une colonne de direction inclinable.

Pour ce qui est du tableau de bord ? implanté assez bas, ce qui concourt à une excellente visibilité vers l'avant ?, on doit reconnaître qu'il intègre une instrumentation vraiment complète, compte-tours compris. Les principales commandes se trouvent toutes positionnées dans l'environnement du conducteur et les espaces de rangement sont en nombre suffisant, à défaut d'être tous réellement pratiques.

Dans un tout autre rayon, il convient de noter qu'en dépit de l'angle d'ouverture assez étroit des portières, l'accès à la banquette arrière se fait aisément, et on y trouve amplement de dégagement pour la tête et les jambes. Même si la Lancer est dotée de trois ceintures de sécurité à l'arrière (mais de seulement deux appuie-tête), seulement deux occupants trouveront plaisir à voyager à l'arrière. Le coffre, en revanche, perd des points pour son volume de chargement et l'étroitesse du passage dans l'habitacle (rigidité de la caisse oblige), une fois le dossier rabattu en tout ou en partie.

Le plaisir ne se trouve pas sous le capot

Aux États-Unis, la société Mitsubishi jouit d'un capital de sympathie enviable auprès des jeunes acheteurs qui la perÇoivent comme une marque jeune, branchée et sportive. Mais, à la conduire, il apparaît évident qu'elle a l'air, mais pas la chanson. Alors, que les fanatiques de zone rouge, de mécaniques qui chantent, de suspensions de bois, de volant Momo et d'échappement assourdissant passent leur chemin, cette Mitsubishi, y compris l'O-Z Rally, n'est pas faite pour eux.

Avant d'aller plus loin, attardons-nous un instant à la mécanique. En soulevant le capot de la Lancer, vous découvrirez un moteur 4 cylindres 2 litres de 120 chevaux. Modeste comme cavalerie, vous ne trouvez pas ? Non, alors sachez qu'à cylindrée égale, le moteur d'une Aerio (Suzuki) délivre quelque 20 chevaux de plus. Même si la puissance affichée entache ses performances, reste que l'étagement assez court de la boîte de vitesses manuelle et la générosité du couple permettent à la Lancer de se défendre honorablement au chapitre des accélérations, à défaut de se retrouver parmi les ténors de la catégorie. Ce n'est pas un foudre de guerre, loin de là, mais les performances procurées par ce moteur satisfont, en particulier les reprises, sur un parcours urbain ou sinueux.

Dynamiquement parlant, la Lancer a peu à offrir. La direction transmet peu d'indications sur l'emplacement des roues directrices, le sous-virage (train avant qui cherche à tirer tout droit) apparaît aussitôt qu'on cherche à tutoyer les limites de l'auto et les pneumatiques mettent peu de temps à nous faire sentir qu'ils manquent de caoutchouc. Et comme un malheur ne vient jamais seul, le système de freinage manque de dents en situation d'urgence et, curieusement, ne se double pas d'un dispositif antiblocage (seule la version LS y a droit). Conséquence : les distances d'arrêt sont plutôt longuettes. À défaut de nous en mettre plein la vue au rayon des performances, cette Mitsubishi a le mérite de se révéler particulièrement confortable. Les éléments suspenseurs absorbent bien les irrégularités de la chaussée et, à vitesse de croisière, le niveau sonore s'avère peu élevé pour un véhicule de cette catégorie.

Pour conclure, disons que la Lancer, toutes versions confondues, m'a laissé sur mon appétit. Ses prestations dynamiques m'ont semblé assez fades, peu en rapport avec l'image qu'on lui a accolée. Attention cependant, la Lancer n'est pas une mauvaise auto pour autant. Seulement voilà, dans une catégorie aussi disputée, cette nouvelle venue manque d'arguments pour jouer les trouble-fête.

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