Livraison immédiate = baisse de prix

Baisse de prix… ou d’intérêt? Bien sûr, ici, on ne fait pas allusion au taux d’intérêt qui, lui, est encore élevé, mais plutôt à celui du public face à des véhicules électriques que l’on s’arrachait il y a quelques mois à peine. Le marché automobile fascine parce qu’à l’inverse de l’industrie qui met souvent trop de temps à s’adapter, il peut changer radicalement en très peu de temps.

Voilà pourquoi la valeur de certains véhicules qui jusqu’à tout récemment demeurait très élevée, se voit soudainement affectée. Parfois même au point où l’acheteur est absent. Et pas seulement avec des voitures dans les six chiffres, que nous savons impopulaires depuis plusieurs mois. Impopulaires au point où Mercedes-Benz octroie des rabais de plusieurs dizaines de milliers de dollars sur des produits comme l’EQS, au tarif injustifiable il est vrai.

Un marchand de véhicules d’occasion spécialisé dans le luxe m’a avoué avoir perdu un peu plus de 50 000 $ avec une Audi RS e-Tron GT Quattro, alors qu’il l’avait acquise au sommet du marché sans trouver d’acheteur. Pratiquement un an plus tard, celle-ci prenait la route en direction de Vancouver, où les VÉ de grand luxe deviennent des outils de transaction.

Photo: Marc Lachapelle

Et puisque la Colombie-Britannique ajoute elle aussi une taxe de luxe sur les véhicules de plus de 100 000 $, laquelle variera notamment en fonction des revenus de l’acheteur, un véhicule de 200 000 $ peut en fin de compte coûter au-delà de 270 000 $ en incluant les taxes de vente et de luxe provinciales et fédérales. Or, parce qu’il existe là-bas une loi stipulant que tous les véhicules électriques d’occasion sont exempts de taxes, un concessionnaire qui voudrait vendre un Range Rover à 200 000 $ à un client qui souhaite éviter les taxes effectuera d’abord une fausse transaction.

Par exemple, lui vendre une Porsche Taycan d’occasion à 200 000 $ sans taxes, la lui racheter le lendemain, de manière à ce que le consommateur puisse obtenir un crédit de taxe sur la valeur de son véhicule d’échange. Car oui, si les taxes ne sont pas facturées à la vente, elles peuvent être récupérées sous cette forme. Le consommateur fait ainsi baisser à zéro la valeur de la transaction afin d’acquérir un véhicule pratiquement exempt de toute taxe.

Voilà pourquoi des véhicules électriques de grand luxe sont négociés 25, 30 fois par an, par des concessionnaires qui, durant ce temps, s’en servent comme véhicule de remplacement. Jusqu’à ce que bien sûr, quelqu’un veuille vraiment en faire l’acquisition. Cela étant dit, ce tour de passe-passe propre au marché de la Colombie-Britannique n’a pas lieu d’être chez nous, où seuls les VÉ qualifiés pour des crédits sont réellement attrayants.

Et encore, peut-être un peu moins qu’avant, puisque l’avantage financier que ces véhicules représentaient par l'augmentation immédiate de leur valeur sur le marché d’occasion (en raison des crédits applicables) ne tient plus. À quelques exceptions près, parce que certains acheteurs sont encore prêts à payer un peu plus pour obtenir rapidement un Hyundai Ioniq 5 par exemple.

Cela dit, ce n’est pas le cas de la Tesla Model 3, disponible immédiatement, et donc facilement accessible sur le marché de l'occasion. Même chose pour la Polestar 2, que l’on pouvait attendre jusqu’à un an, et que l’on obtient désormais le jour même. Le désintérêt soudain pour cette voiture est d’ailleurs tel qu’à l’encan Adesa, la semaine dernière, on voyait passer plusieurs Polestar 2 2021 ayant à peu près 20 000 km, et dont les prix plafonnaient à environ 35 000 $.

Photo: Antoine Joubert

Qui l’eût cru! Parce qu’entre vous et moi, il s’agit de la somme que l’on paie au détail pour une Chevrolet Bolt 2022 dont la tendance des prix est aussi à la baisse. Remarquez que dans ce cas précis, les choses pourraient changer, considérant son retrait du marché pendant deux ans (la Bolt effectuera un retour en 2025, sans doute comme modèle 2026). Et puisque cette petite Chevrolet a le meilleur rapport prix/autonomie, il y a fort à parier que celle-ci conservera une bonne valeur.

Hélas, celle des VÉ en général chute massivement. Comme celle des Mazda MX-30 2022, que l’on peut obtenir à moins de 24 000 $. Comme celle des Nissan Leaf 2020, disponibles entre 20 000 $ et 24 000 $, alors qu’une Leaf de trois ans d’âge se vendait l’an dernier plus de 30 000 $. Il reste à voir quel sera l’intérêt du public envers la nouvelle Fiat 500e 2024, annoncée à 42 090 $, donc 31 653 $ en incluant les incitatifs gouvernementaux. Aurait-elle soudainement la faveur du public, malgré son autonomie annoncée à 240 km?

À voir aussi : tout savoir avant d'acheter une voiture électrique

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