Nissan Rogue, trop beau pour être vrai

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2009

On peut reprocher beaucoup de choses à Nissan (son manque d’enthousiasme envers les véhicules hybrides et une qualité de fabrication trop longtemps négligée, entre autres), mais on ne peut pas accuser le constructeur japonais d’immobilisme. Depuis un an, les nouveautés se succèdent à un rythme effréné, autant chez Nissan que chez Infiniti, la marque de prestige de Nissan. Le Rogue se révèle l’une des belles surprises de 2008. Malheureusement, l’an dernier, ce modèle avait été présenté trop tard à la presse pour un essai complet dans le Guide 2008. Depuis octobre 2007, nous avons eu tout le loisir de conduire ce véhicule.

Il faut tout d’abord préciser que le Rogue remplace le vétuste Nissan X-Trail, un véhicule qui plaisait à coup sûr à ses propriétaires, mais qui ne pouvait plus cacher son âge. Comme pour mieux trahir son prédécesseur, le Rogue affiche des lignes tout en rondeurs, fluides et dynamiques, tout le contraire du X-Trail ! Même s’il paraît plus petit, le Rogue est plus long, plus large et plus haut que celui qu’il remplace.

P'tit coquin, va !

Le Rogue, dont le nom en français veut dire fripon ou coquin, est un multisegment, un joli terme pour éviter de dire qu’il s’agit d’un VUS, les VUS n’ayant plus la cote des écolos, de plus en plus nombreux. J’ai même entendu certaines méchantes langues affirmer qu’un multisegment est un VUS qui ne s’assume pas… Les designers du Rogue ont réussi à lui donner un air de famille tout en octroyant à sa partie arrière des lignes très agréables, visiblement tirées de l’Infiniti EX, une autre nouveauté en 2009.

Dans l’habitacle, les lignes rappellent encore une fois les plus récentes créations de Nissan, surtout au niveau du volant et des jauges, empruntés à d’autres modèles de la marque. L’ensemble se veut agréable à regarder et à utiliser. En plus, la qualité des matériaux, il n’y a pas si longtemps la bête noire de Nissan, étonne. Curieusement, pour un véhicule récent, les espaces de rangement ne sont pas nombreux, mais c’est surtout le coffre à gants assez profond pour recevoir une paire de skis qui retient l’attention. Les sièges avant sont confortables à défaut de bien retenir les corps lors de virages brusques, de même que ceux situés à l’arrière qui offrent, contre toute attente, passablement
de dégagement pour la tête et les jambes… d’un gars de 5 pieds et 6 pouces (1m68). Le Rogue ne propose pas de troisième rangée de sièges.

Lorsque le hayon est relevé, l’ouverture qui donne sur le coffre n’est pas très grande. Aussi, l’espace de chargement n’est pas le plus vaste de sa catégorie avec ses 1 639 litres (2 074 pour le Rav4 et 2 213 pour le Santa Fe), une fois les dossiers des sièges arrière abaissés. Au moins, le seuil de chargement est plutôt bas et au même niveau que le plancher. Le cache-bagages, si pratique, est optionnel et encore, sur les modèles SL uniquement. DÉ-PLO-RA-BLE, surtout quand on doit sou- vent stationner le véhicule en ville avec quelques objets dans le coffre.

Le style du Rogue lui confère un avantage indéniable sur ses principaux rivaux en le faisant paraître plus gros qu’il ne l’est réellement. Mais ces lignes modernes ont un côté moins reluisant, puisque la visibilité 3/4 arrière demeure pénible, gracieuseté de piliers D (entre les vitres arrière et le hayon) peu conviviaux. Pour agrémenter la vie à bord, Nissan a prévu un siège du conducteur réglable en hauteur, que ce soit de façon manuelle ou électrique. Un volant télescopique aurait été tout aussi apprécié… Dans l’habitacle, par contre, l’espace ne fait pas défaut et on se croirait facilement dans un véhicule plus imposant.

De quoi nous faire aimer les transmissions CVT

Le Rogue est bâti sur la plate-forme C, surtout utilisée en Europe par les Renault Koleos et Nissan Qashqai (vous n’étiez pas sans savoir que Nissan et Renault ne formaient qu’une entité…). Un seul moteur est proposé et il s’agit du très moderne quatre cylindres de 2,5 litres (QR25DE) de 170 chevaux et 175 livres-pied de couple que l’on retrouve déjà, dans les Sentra SE-R et Altima. La transmission est de type CVT, c’est-à-dire à rapports continuellement variables. Celle du Rogue est plus compacte et plus légère que celle que l’on retrouve dans d’autres produits Nissan et les ingénieurs ont réussi à réduire la friction interne de 30 %. Aussi bien le dire tout de suite, pour une des premières fois chez Nissan, cette transmission ne semble pas bouffer la moitié de la puissance du moteur et elle donne moins l’impression que les pistons vont passer à travers le capot. En option sur les versions SL, cette transmission possède un mode manuel. En mettant le levier sur le mode manuel, le conducteur bénéficie de six rapports prédéterminés qu’il peut changer grâce à des palettes derrière le volant.

Ainsi, il est possible d’obtenir une certaine compression du moteur, ce qui peut aider dans certains cas, surtout lorsqu’on tire une remorque. Parlant de remorque, précisons que le Rogue peut tirer 454 kg (1 000 lb) et 680 kg (1 500 lb) lorsque l’ensemble Privilège est coché. Deux rouages sont proposés à l’acheteur d’un Rogue. Il s’agit, à la base, d’une traction (roues avant motrices). Mais la version la plus populaire au Québec est le AWD (rouage intégral). Il est d’ailleurs possible d’opter pour ce rouage sans avoir à débourser des sommes extravagantes puisqu’il est offert autant sur la version de base (S) que sur la version la plus huppée (SL). Lors d’un départ, ce rouage envoie 50 % du couple aux roues avant et 50 % aux roues arrière. Puis, lorsque la vitesse se stabilise, le Rogue devient une traction (roues avant motrices). Dès que le besoin se fait sentir, jusqu’à 50 % du couple est transféré aux roues arrière. Au tableau de bord, on retrouve un bouton lock qui permet de verrouiller le boîtier de transfert.

Les suspensions se révèlent assez sophistiquées, avec des jambes de force à l’avant et des liens multiples à l’arrière. Sur la route, elles ne prêtent pas flanc à la critique puisque le roulis est très bien maîtrisé tout en préservant un bon niveau de confort. Il est même possible de conduire le Rogue de façon quasiment sportive. Cependant, les éléments suspenseurs nous ont semblé maigrichons pour un multisegment, malgré qu’il soit l’un des moins lourds de sa catégorie. Ils ressemblent d’ailleurs beaucoup à ceux de la Nissan Altima sur laquelle ils semblent mieux adaptés. On peut se questionner sur leurs capacités à long terme, surtout si le véhicule est souvent lourdement chargé. La même remarque s’applique aux freins à disque aux quatre roues qui donnent l’impression d’être plus à leur place sur une voiture même s’ils sont tous ventilés.

Essai hivernal concluant

Sur la route, le Rogue se révèle une agréable surprise. Tout d’abord, la direction électrique procure un bon feedback même si sa précision n’est pas toujours parfaite. Lors du lancement du Rogue, nous avions noté un silence de roulement notable. Pourtant, un autre Rogue essayé en plein hiver s’est montré beaucoup moins bien isolé, donnant même l’impression qu’il y avait toujours une vitre entrouverte. Les pneus d’hiver Continental ContiWinter sont peut-être à blâmer. Le moteur de 170 chevaux est bien adapté au véhicule, mais en accélération franche, il manque de tonus. Le même moteur dans l’Altima fait 175 chevaux et il déplace 136 kg de moins… Notre essai hivernal confirme une consommation de 10,8 litres aux 100 km, une très bonne cote compte tenu des conditions. Comme nous l’avons vu précédemment, les suspensions effectuent un excellent boulot même si elles font preuve d’un peu plus de fermeté sur nos allées à vaches que sur les belles routes américaines.

Mais ce n’est jamais déroutant. Si la version de base n’est pas des mieux équipées, le SL à rouage intégral fait meilleure figure au chapitre de l’équipement, pour un prix, ma foi, très réaliste, souvent plus bas que les concurrents équipés de même façon. Le Rogue est un véhicule très moderne qui mérite bien son titre d’utilitaire sport de moins de 35 000 $ de l’année selon l’AJAC, l’Association des journalistes automobiles du Canada. Et non, personne ne vous dira que pour acheter un Rogue, il faudrait avoir pris de la dRogue.

FEU VERT

Style plaisant
Prix réaliste
Transmission CVT au point
Consommation retenue
Tenue de route saine

FEU ROUGE

Moteur bruyant en accélération
Espace de chargement pas très grand
Certaines options douteuses
Pas d’antirouille d’usine
Visibilité 3/4 arrière pénible

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