Chevrolet Blazer 1975 : Quatre roues motrices sans frontière

Cet essai routier a été publié dans le Guide de l'auto 1975.

Essayer de dénicher pour un essai un véhicule à quatre roue motrices de type Blazer (Chevrolet) ou Jimmy (GMC) chez les concessionnaires GM équivaut à peu près à tenter d'être reçu en audience privée par le Pape au Vatican. Chose certaine, ce n'est pas facile et il nous a fallu faire preuve de beaucoup de patience avant que GM consente finalement à nous confier pour quelques jours un de ces véhicules. ‘ 4 x 4 soit le Jimmy de GMC. Ce n'est là qu'une autre preuve de l'immense popularité de ces machines, à la fois sportives et utilitaires, que de nombreux conducteurs utilisent désormais comme moyen de transport quotidien.

Jusqu'à l'an dernier, les Blazer et Jimmy qui, soit dit en passant, sont tout à fait identiques si l'on fait exception du nom et de la calandre, étaient pratiquement les seuls véhicules de ce genre sur le marché
Les Ford Bronco, et Jeep Cherokee n'appartiennent vraiment pas à la même catégorie. Le premier se rapproche beaucoup plus du véhicule strictement utilitaire, alors que la Cherokee d'American Motors est plutôt une familiale à faible empattement (une Wagoneer raccourcie ), munie de quatre roues motrices, Quant aux CJ-5, Land Rover (BLM ) et Land Cruiser (Toyota ), ce sont de véritables jeeps plus ou moins civilisées reniant tous les principes du confort.

En 1974, Chrysler introduisait la Dodge Ramcharger, un véhicule de la même conception que les Blazer et Jimmy et destiné à leur faire une concurrence directe. Après avoir eu l'occasion de faire l'essai de ces deux rivales, nous avons de bonnes raisons de croire que la lutte sera très serrée entre General Motors et Chrysler sur le marché des véhicules à quatre roues motrices.

La Ramcharger a ses qualités et ses défauts et il en est de même du Jimmy. Il est cependant difficile d'affirmer lequel de ces deux véhicules est le meilleur car la différence se limite à des détails qui ne nous apparaissent pas assez significatifs pour prononcer un jugement. On pourrait certes alléguer que les produits de GM, dans le cas présent, sont sur le marché depuis beaucoup plus longtemps et qu'ils bénéficient d'une meilleure mise au point. A cela, Chrysler peut répondre que son expérience dans le domaine des camions et des véhicules utilitaires ou récréatifs est très vaste et que la Dodge Ramcharger utilise le même système quatre roues motrices que le Jimmy. Alors, comment faire un choix?
Voyons si notre essai pourra vous orienter quelque peu...

Caractéristiques du Jimmy

Le Jimmy qui fut mis à notre disposition était le modèle Custom, c'est-à-dire un moyen terme entre la version tout à fait dépouillée et la plus luxueuse. En plus du système à quatre roues motrices en permanence à démultiplication variable et différentiel autobloquant, notre Jimmy était doté d'un moteur V-8 de 350 po, d'une boite de vitesses automatique à trois rapports, de freins assistés (disques à l'avant, tambours à l’arrière) et d'une servodirection.

Comme la plupart des véhicules appelés à faire occasionnellement du tout terrain ce « 4 x 4 » possède une suspension à ressorts à lames et vous est livré avec des pneus à neige, des Uniroyal Fleetmaster Deep Lug 7.00-15 six plis sur notre véhicule d'essai. Précisons enfin que la partie supérieure de la cabine est en matière plastique et qu'elle est amovible.

On remarque cependant que très peu de propriétaires de Jimmy ou Blazer se prévalent de cet avantage et qu'on préfère rouler avec le toit en place. Nous y voyons deux raisons... En premier lieu, l'opération de démontage du toit n'est pas une sinécure et exige un minimum de deux personnes. De plus, si l'on est surpris par la pluie, on en est quitte pour une bonne douche froide puisque le toit, plutôt encombrant, ne peut être transporté dans le véhicule. On se demande alors vraiment pourquoi GM et Chrysler s'obstinent à offrir cette option qui n'intéresse qu'un nombre très restreint de conducteurs. Mentionnons également que ce toit amovible enlève une certaine rigidité à la carrosserie et qu'il ne contribue en rien à réduire le niveau sonore sur la route. En « tout terrain », les bruits, les craquements et les grincements qu'il cause sont aussi très nombreux.

Aménagement

Hopi... un p'tit élan et l'on se retrouve au volant du Jimmy comme sur un perchoir. Le siège baquet est passablement agréable, bien que le dossier ne soit pas suffisamment haut, et la position de conduite est sans reproche. Malgré les nombreuses critiques que nous avons entendues au sujet de la mauvaise finition des Blazer et Jimmy, notre cobaye se porte assez bien de ce côté. Le tableau de bord est à la fois élégant, bien aménagé et surtout fort complet. Sur la gauche, on trouve les jauges de température et de pression d'huile, un ampèremètre ainsi qu'une petite montre électrique. La jauge d'essence et l'indicateur de vitesse sont au centre et tous ces instruments sont facilement lisibles.

Les diverses commandes sont également bien disposées et très accessibles, sauf celle de l'avertisseur sonore qui exige une pression sur le centre du valant.

Le Jimmy est bien servi côté ventilation et chauffage, grâce à une puissante soufflerie et à la présence de ces fameux déflecteurs latéraux dont plusieurs automobilistes regrettent la disparition sur les voitures.
A part un grand coffre à gants, notre Jimmy ne possédait aucun autre espace de rangement, soit entre les sièges ou dans les portières. C'est quelquefois un inconvénient lorsqu'on désire garder certains objets d'usage courant à portée de la main.

Tout comme sur la Ramcharger de Dodge, le siège du conducteur ne bascule pas vers l'avant et les passagers désirant s'asseoir à l'arrière doivent monter du côté droit. À l'arrière, une large banquette, placée entre les passages de roue, peut accueillir trois personnes Le confort laisse toutefois à désirer car le siège est beaucoup trop bas.

En 1975, le compartiment à bagages du Jimmy offre un volume de rangement de 44 pi3, soit 12 de plus que l'an dernier. Cette amélioration a été rendue possible en changeant la position de la roue de secours qui est maintenant logée debout du côté droit et dans le sens de la longueur du véhicule C'est un peu mieux que sur la Ramcharger, mais la solution idéale demeure encore de fixer la roue de secours à l'extérieur, comme le font plusieurs conducteurs de Blazer et Jimmy.

Sur la route

Le Jimmy que nous avons essayé n'était pas équipé d'un appareil de radio et nous avons rapidement compris pourquoi quelques minutes après avoir pris le volant.

La plupart de ces véhicules ne sont pas reconnus pour leur silence de roulement, mais les pneus à neige Uniroyal sont loin d'aider la cause du Jimmy sous ce rapport. Ceux-ci sont extrêmement bruyants et causent une sorte de bourdonnement qui va en s'accentuant avec la vitesse. Il devient quasi impossible d'entretenir une conversation à une vitesse de croisière et les futurs acheteurs d'un véhicule de ce genre auraient intérêt à choisir un pneu plus silencieux que le Fleetmaster Deep Lug. On doit souligner, par contre, qu'il possède une excellente traction sur sol mou, grâce à ses larges rainures, et qu'il semble aussi amortir les secousses de la suspension. En effet, les imperfections légères du revêtement ne perturbent pas trop le confort du Jimmy, comparativement à d'autres véhicules de la même famille. La suspension apparaît plus souple et semble bénéficier d'un meilleur débattement.
Par ailleurs, les coupures transversales du pavé entraînent d'assez fortes secousses et si la route est vraiment mauvaise, le Jimmy vous incite à boucler votre ceinture pour ne pas être soulevé de votre siège.

À haute vitesse, en ligne droite, la stabilité de ce véhicule est assez étonnante et le seul obstacle à la précision de conduite vient de la trop grande démultiplication de la direction. Celle-ci est très imprécise, accusant un mouvement à vide considérable qui fait que l'on peut tourner le volant de trois ou quatre pouces dans une direction ou l'autre sans que le véhicule change de trajectoire. Avec plus de quatre tours d'une butée à l'autre, cette direction manque carrément de précision et ne répond pas assez rapidement aux gestes du conducteur.

Avec un centre de gravité très élevé, les véhicules à quatre roues motrices ne cherchent pas à jouer les voitures de sport en virage, mais la tenue de route du Jimmy, dans ces conditions, peut être considérée comme acceptable.

Le freinage demeure l'un des plus sérieux handicaps de ces engins, surtout lorsqu'ils roulent sur des pneus à neige. De plus, notre Jimmy manifestait une tendance très précoce au blocage des roues arrière à la moindre sollicitation un peu énergique des freins. Il en résulte une grande instabilité au freinage et des changements de trajectoire un peu inquiétants.

Performances

Même avec un moteur de 350 po3, le Jimmy est un peu moins brillant que le Ramcharger à moteur 318 au chapitre des performances. Les rapports de la boîte de vitesses sont très longs, avec un maximum de 42 m/h en 1ère et 78 m/h en seconde, et cela nuit un peu aux accélérations.

Entre 0 et 60 m/h, nous avons chronométré un temps de 14.4 sec. et nous devons souligner que l'indicateur de vitesse s'est avéré très précis. De 50 à 70 m/h, les reprises sont un peu molles avec un temps de passage de 10 sec. La vitesse de pointe n'excède pas 85 m/h et la consommation d'essence varie entre 9 et 12 milles au gallon selon les conditions d'utilisation.

En général, le moteur donne un bon rendement mais, sur notre Jimmy, le carburateur avait tendance à s'engorger assez facilement, nous obligeant à actionner le démarreur assez longtemps en retenant l'accélérateur au plancher pour la mise en route.

Tout terrain

Lors de notre habituelle balade hors de la route, le Jimmy nous a permis d'apprécier ses excellentes aptitudes de tout terrain.

Le moteur est bien alimenté et ne s'arrête jamais, même dans les pentes les plus raides.
Le levier au plancher, qui commande la boîte de transfert, comporte cinq positions: High, High Loc, Point mort, Low et Low Loc. La première position est celle que l'on utilise la plupart du temps en conduite normale sur la route et elle suffit également dans la plupart des cas en tout terrain. Pour une meilleure traction, on peut sélectionner le High Loc qui a l'effet d’un différentiel autobloquant en empêchant une roue de s'immobiliser lorsque l'autre tourne à vide dans la boue ou la neige. Le point mort décommande automatiquement chacune des roues motrices et vous permet d'utiliser la puissance du moteur pour faire fonctionner de l'équipement auxiliaire, comme un treuil. Enfin, le Low et Low Lock vous donnent des rapports de vitesses démultipliées dans une proportion de 2 pour 1 et ces positions ne doivent être utilisées qu'à faible vitesse dans des conditions très difficiles, lorsqu'on a besoin d'un surcroit de puissance. Sur le Jimmy, le levier de la boite de transfert manque de précision et l’on éprouve une certaine difficulté à repérer les divers crans d'arrêt entre chacune des positions. Malgré tout, le système de quatre roues motrices en permanence simplifie considérablement la conduite de ces véhicules et contribue certainement dans une large mesure à leur popularité.

Conclusion

Le Jimmy et son compagnon le Blazer sont deux véhicules qui ont fait leurs preuves dans la catégorie des véhicules à quatre roues motrices et leur conception est visiblement une réussite puisqu'on commence à s'en inspirer chez les autres constructeurs.

Si on sait les utiliser en tenant compte de leurs possibilités et de leurs limites, ce sont certainement des véhicules très bien adaptés à nos « quelques arpents de neige » et à nos vastes espaces verts

FICHE TECHNIQUE

Voiture: GMC Jimmy
Représentant du constructeur: General Motors Canada Ltée, 5000, route Transcanadienne, Pointe-Claire, Québec
Type de véhicule: 4 roues motrices, 2 portes, 4 places
Moteur: V-8
Cylindrée: 350 po3
Rapport volumétrique: 8.5 à 1
Puissance CH à TR/MN (nette): 145 à 3 800 Couple LB/PI à TR/MN (net): 250 à 2 200 Alimentation: un carburateur double corps Essence recommandée: sans plomb
Boîte de vitesses: automatique à 3 rapports Couple conique: 3.07 à 1
Freins: disques à l'avant, tambours à l'arrière Pneus: 7.00 — 15
Direction: à billes
Diamètre de braquage: 37.6 pi
Suspension AV: ressorts à lames Suspension AR: ressorts à lames, essieu rigide
Empattement: 106.5 po
Longueur: 184.5 po
Largeur: 79.6 po
Hauteur: 72.8 po
Poids: 3 900 lb
Distribution du poids AV-AR (%): non disponible
Espace jambes AV: 42.5 po
Hauteur siège-plafond AV: 38 po
Espace jambes AR: 44 po
Hauteur siège-plafond AR: 36 po
Volume du coffre: 44 pi3
Contenance du réservoir d'essence: non disponible
Garde au sol: 7.5 po

PERFORMANCES

0-30 m/h: 5.4 sec.
0-40 m/h: 7.5 sec.
0-50 m/h: 10.7 sec.
0-60 m/h: 14.4 sec,
1/4 de mille: 19.8 sec. à 70 m/h
Reprises 40-60 m/h: 8.5 sec.
Reprises 50-70 m/h: 10 sec.
Vitesse maximale: 85 m/h
Consommation moyenne: 11 m/g

ACCESSOIRES, PIÈCES ET GARANTIE*

Prix de base: $6 005.00
Garantie: 12 mois ou 12 000 milles
Principaux accessoires facultatifs: transmission automatique: $339.35 climatisation: $539.05 servodirection: $201.85
Siège auxiliaire avant: $103,65
Siège arrière: $180.05 "High Sierra": $628.55
Prix de quelques pièces détachées: pare-chocs AV: $52.50
Système d'échappement: $77.95
1 soupape d'échappement: $6.85

*Les renseignements qui suivent nous ont été four¬nis par Goyette Automobile Ltée, Chambly.

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