Un jour, un simple clin d'oeil suffira...

Reconnaissance vocale, écrans tactiles... c'est pratiquement du passé, ça. Du moins, pour le Centre de technologies avancées de GM, établi dans la Silicon Valley. Si l'on en croit son directeur Byron Shaw, on pourra bientôt dénicher d'un simple coup d'oeil le resto thaï le plus près — ainsi que la route pour y parvenir.

Le Centre de technologies avancées (CTA) de GM, situé dans la tranquille et fort jolie californienne Palo Alto, ne compte que dix employés. Mais ces dix employés sont, depuis cinq ans maintenant, les yeux et les oreilles du constructeur américain dans la vallée internationalement reconnue comme celle de l'avant-garde.

Les jaloux diraient que ces employés ont beaucoup de « air-lousses ». En effet, personne ne leur tape sur les doigts lorsqu'ils participent à de longs déjeuners avec Apple, dégustent paresseusement un capuccino avec Hewlet-Packard, se régalent de yogourt glacé avec Google.

Au contraire, ces docteurs en science et ces « MBA » en affaires sont fortement encouragés à frayer avec l’une ou l’autre des deux mille « technos » qui bouillonnent dans le secteur. Objectif : établir des liens entre les différentes découvertes de l’heure et le monde automobile.

Et ce, de préférence, avant que la concurrence ne le fasse.

Hot Spot

À ce jour, le CTA est à la base de l’Autonet Mobile WiFi Hotspot, qui permet à un véhicule en mouvement de se connecter à Internet à peu près n’importe où. N'y rêvez cependant pas tout de suite pour le Canada : une histoire de fournisseurs nous prive du service, dit George Saratlic, porte-parole pour GM Canada.

Au-delà des pauses-café et des lunchs avec les géants de la techno, les employés du CTA montent régulièrement à bord de « leur » prototype de Buick Enclave. Celui-ci a été spécialement aménagé afin de tester logiciels et gadgets du futur. Car, dit le directeur Byron Shaw : « C’est une chose que de développer et d’essayer en laboratoire, mais ça en est une autre que d’opérer le même système dans un véhicule en marche. »

Le défi est grand : concilier ce qu’on fait sans relativement trop de distraction (!) depuis 100 ans — soit conduire les mains sur le volant et les yeux sur la route — avec cette immuable avancée de la connectivité. Autrement dit, on cherche à ce que les automobilistes puissent faire, dans et avec leurs véhicules, ce qu’ils peuvent déjà faire avec leurs téléphones intelligents. En conduisant et en toute sécurité.

Ouais, Monsieur.

Un clin d'oeil...

Vous en doutez? Détrompez-vous. L'histoire automobile nous montre que les premiers essuie-glaces et les premiers systèmes audio ont, eux aussi, fait s’écrier les autorités et la populace à la plus haute distraction au volant qui soit.

Mais l'homme — de même que la machine — s’est adapté. Tellement, que les commandes vocales telles qu'on les connaît depuis une décennie pourraient déjà être obsolètes. « Pour tout dire, soutient Byron Shaw, si l’on avait à lancer les actuelles commandes audio que l'on manipule sur la planche de bord, elles ne passeraient même pas nos protocoles de sécurité d'aujourd'hui. »

Le directeur du CTA affirme au contraire que demain appartient aux écrans configurables et au mode haptique — qui crée une résistance virtuelle et facilite ainsi la recherche par menus. (Notez qu'on retrouve déjà, depuis l'an dernier, le mode haptique dans des Lexus équipées duRemote-touch.) Et ça va encore plus loin : « Un jour prochain, dit Byron Shaw, ça pourrait être le clin d’œil qui fasse “la job”. »

Oui, oui, un clin d'œil! Imaginez que vous êtes en train de rouler depuis un bon moment et que vous avez soudain envie de vous arrêter pour un petit somme. Hop, un clin d'oeil suffit pour qu'un menu se déroule, vous offrant telle ou telle chaîne hôtelière. Hop, un autre clin d'oeil vous livre les disponibilités et les rabais de dernière minute, un troisième vous permet de faire une réservation téléphonique. Un dernier clignement de la paupière et hop, débutent les indications routières qui vous y conduiront.

... à Google

Méga? Oui, surtout qu'il y aurait moyen de rendre tout ça rentable. « Pensez-y un instant, dit Byron Shaw. Quelle est la probabilité qu’un automobiliste qui recherche un hôtel procède effectivement à une réservation? Beaucoup plus grande que pour un internaute attablé à un café qui “surfe” juste pour le plaisir, non? »

L’automobiliste a en effet de sérieuses chances d’être vraiment à la recherche d’un endroit pour dormir, surtout si l'ordinateur de son véhicule montre qu’il roule depuis des heures, que l’horloge indique une nuit sur le point de tomber et que le réservoir d’essence affiche presque vide. De bons revenus publicitaires en perspective? « Et comment! s'exclame Byron Shaw. Après tout, nous voulons faire de l’argent. Même que nous voulons être Google! » Rien de moins.

Facebook n'y échappe pas

 D’autres technologies devraient bientôt poindre du Centre de technologies avancées de GM, dont les grandes portes vitrées le font ressembler à s’y méprendre à un concessionnaire automobile. Lesquelles, technologies?

La Silicon Valley étant ce qu’elle est, toutes sortes d’idées folles y sont lancées. Alors pourquoi, se demandent les chercheurs californiens de GM, ne pas profiter des caméras d’assistance déjà installées sur les véhicules pour… photographier les environs et les partager presque instantanément sur Facebook?

Encore plus utile : un dispositif qui prendrait le relais des textos de façon sécuritaire et le plus facilement du monde. Voilà qui résoudrait un grave problème, car on n'y échappe pas : les gens veulent rester en contact avec leur monde, même derrière le volant... Et Byron Shaw les comprend : « Les gens sont connectés au bureau, ils le sont à la maison, ils le sont dans la rue, ils le sont au Starbuck… Mais lorsqu’ils embarquent dans leur véhicule, c’est le trou noir, le néant. » La préhistoire de la communication, quoi.

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