Volkswagen Jetta Hybrid : l'aviez-vous oubliée?
Cette semaine, je me suis arrêté devant une Volkswagen Jetta 2013. Un peu abîmée, avec un peu plus de 200 000 km au compteur, mais avec encore plusieurs belles années devant elle. À première vue, une Jetta bien banale, hormis le fait qu’elle soit dotée de la technologie hybride. « Ah oui! C’est vrai! Volkswagen avait offert ça à l’époque ». Je vous avoue que ça m’était sorti de la tête.
Et soudainement, je me suis remémoré l’avoir conduite. J’en ai profité pour fouiller dans mes archives, où j’ai retrouvé les photos prises à l’époque de l’essai routier que j’avais réalisé, accompagnées de quelques notes. Puis, je me suis demandé quelle avait été l’idée derrière cette voiture et surtout, pourquoi avait-elle disparu aussi vite du marché?
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Un coup de fil au relationniste de Volkswagen Canada a suffi pour l’obtention d’une réponse bien claire. « Personne n’en voulait! » a répondu Thomas Tetzlaff, qui me rappelait par le fait même qu’à cette époque, la technologie hybride était associée à Toyota et que Volkswagen mettait plutôt l’accent sur le diesel. Une technologie que l’on baptisait TDI « Diesel Propre », alors que l’on sait aujourd’hui que ce n’était pas exactement le cas…

Au total, seulement 753 Jetta Hybrid ont été vendues au Canada, en 2013 et 2014. Un nombre symbolique, tandis que durant la même période, Volkswagen a écoulé 61 455 Jetta au pays. Vous imaginez? Cela signifie que 1,2% des Jetta vendues au pays étaient dotées de la technologie hybride, tandis que Volkswagen proposait aussi des moteurs à essence de 2 litres, 2,5 litres (remplacé en 2014 par le 1,8 litre turbo), 2 litres turbo et la motorisation diesel. Un total de cinq groupes motopropulseurs pour une voiture jadis très populaire, mais dont les ventes ont baissé au cours des dix dernières années.
Et si Volkswagen l’avait gardée?
Avec le scandale du Dieselgate survenu en septembre 2015, on peut aujourd’hui se demander s’il n’aurait pas été viable pour Volkswagen de conserver cette technologie, malgré son impopularité de l’époque. En la gardant, le constructeur aurait ainsi pu offrir une alternative « verte » à ceux qui souhaitaient rouler sans trop consommer, tout en détournant l’attention du scandale. Il faut dire que la Jetta Hybrid dotée d’un 4 cylindres de 1,4 litre turbocompressé affichait une cote de consommation de 5,2 L/100 km, contre 5,7 litres pour le TDI.

Est-ce que Volkswagen aurait eu avantage à conserver cette technologie? Oui. Cependant, nul ne peut réécrire l’histoire et les décisions prises à l’époque n’étaient certainement pas basées sur un futur scandale, alors impossible à anticiper. Ironiquement, l’hybride fait maintenant partie intégrante de la gamme Volkswagen en Europe. Une technologie que nous attendons toujours de pied ferme en Amérique du Nord, surtout concernant le Tiguan. Volkswagen en confirme d’ailleurs la venue éventuelle, mais pas avant 2027.
Était-ce convaincant?
Je garde un excellent souvenir de la Jetta Hybrid. Elle proposait une puissance de 170 chevaux, mais un couple plus généreux de même que l’avantage d’une boîte séquentielle à double embrayage (7 rapports). Le poids un tantinet plus élevé de la voiture se faisait certes sentir, notamment au freinage, mais le plaisir de conduire était plus relevé que celui des Toyota Prius ou Camry, qui ne consommaient guère moins.
Pouvant circuler en mode électrique sur de bonnes distances (en milieu urbain), la voiture n’avait comme véritable handicap qu’un coffre non transformable partiellement hypothéqué par la présence de la batterie.

Sinon, une auto très convaincante, mais sur laquelle le constructeur et les concessionnaires n’insistaient pas. De mémoire, je dirais même que les taux de financement et de location étaient à l’époque plus avantageux sur les modèles à essence et les diesel que sur l’hybride, que Volkswagen vendait aussi à fort prix. En 2014, le prix variait - selon les options - entre 28 490 $ et 35 300 $. Une facture comparable à celle d’une Jetta 2025, affichant une échelle de prix de 25 795 $ à 34 995 $, avant tous les frais.
Finalement, on peut parler de « mauvais timing » pour la Jetta hybride. Puisque si elle avait été lancée en 2015, ce qui aurait d’ailleurs concordé avec la refonte partielle du modèle, Volkswagen l’aurait fort probablement mise de l’avant. Or, elle est arrivée deux ans trop tôt, et la technologie hybride n’est depuis jamais réapparue chez Volkswagen. Du moins, en Amérique du Nord.






