La Mustang que l’on regrette le plus?
Pour 2025, Ford a introduit une édition 60e Anniversaire de la Mustang. En êtes-vous surpris? Probablement pas. D’autant qu’elle n’a rien de très distinctif, hormis quelques éléments esthétiques. Il faut dire que la multitude d’éditions limitées de la Mustang qui ont été lancées au fil des ans fait aujourd’hui en sorte que l’on ne s’étonne plus de les voir apparaître. Remarquez également que la plupart des modèles baptisés « Collector’s Edition » par l’industrie sont rarement convoités par les collectionneurs.
Tout récemment, j’ai eu la chance de visiter la collection de voitures de Jack Roush, à Dearborn, dans le Michigan. Ce dernier est un préparateur de voitures réputé, pilote et propriétaire d’équipes de Nascar, dont l’entreprise contribue aujourd’hui au développement de multiples modèles de toutes marques. Ce n’est toutefois un secret pour personne, son cœur penche d’abord vers les produits Ford. Et sa collection le reflète ardemment. Vous y retrouverez des camions d’époque, de multiples voitures de course, de splendides muscle cars de même que quelques véhicules concepts présentés dans divers salons automobiles, ou complètement méconnus.
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Pour être franc, j’ai eu le souffle coupé en apercevant, au fond du hangar, cette Mustang dont j’ignorais l’existence. Elle aurait pu être commercialisée dans l’optique de faire mordre la poussière à tout ce que l’Amérique avait conçu jusque-là. Cette auto est à première vue une simple Mustang GT 1987, dont la carrosserie a légèrement été retravaillée. Mais attention, elle n’a au contraire rien de banal!

Édition 25e anniversaire
En fait, Ford travaillait déjà avec Roush depuis de nombreuses années, lorsqu’il lui confia, en 1987, le développement d’une édition spéciale 25e Anniversaire. L’objectif était bien sûr de la commercialiser en édition limitée pour 1989. Jack Roush a donc entrepris le travail en adaptant l’injection de carburant à un moteur V8 de 351 pouces cubes (5,8 litres) provenant de la division marine de Ford. Roush considérait que cette adaptation d’un moteur de plus grande cylindrée suffirait, mais Ford n’en était guère satisfait. Ainsi, Roush a choisi de greffer à cette même mécanique deux turbocompresseurs, ce qui allait porter la puissance au-delà des 400 chevaux. Une motorisation foudroyante jumelée à une boîte manuelle T-5, rendant la voiture plus performante et plus puissante que tout ce qui était commercialisé à cette époque. N’oublions pas que ce n’est qu’en 1990 que Chevrolet a lancé la Corvette à 400 chevaux, qui allait être suivie l’année suivante par la Dodge Viper.
Avec cette puissante mécanique, ce prototype de la Mustang fut présenté à nouveau aux stratèges de Ford qui ont immédiatement qualifié Jack Roush… d’irresponsable! La voiture était trop puissante, trop difficile à manœuvrer, trop dangereuse. Le projet a donc été relégué aux oubliettes et pour 1990, Ford s’est contenté de commercialiser aux États-Unis une Mustang « 25th Anniversary » se distinguant que par quelques artifices esthétiques.

Ford ne l’admettra pas, mais ce concept aujourd’hui conservé dans la collection privée de Jack Roush a tout de même servi d’inspiration pour un modèle offert plusieurs années plus tard. Précisément en 1993, mais uniquement chez nos voisins du Sud. Il s’agit de la Mustang Cobra, générant 235 chevaux, et reprenant plusieurs traits stylistiques découlant de ce concept. Notamment, le becquet arrière, la calandre pleine et la jupe avant.
Dotée d’un collecteur d’admission modifié et provenant d’un camion Ford, de même que de collecteurs d’échappement faits maison, cette Mustang se singularise aussi par une suspension adaptative contrôlée via de petits boutons placés sous l’accoudoir. On remarque également deux pots d’échappement doubles ainsi qu’une vulgaire jauge de pression des turbocompresseurs fixée à la colonne de direction. Quant aux jantes, il s’agit d’un modèle générique acheté à l’époque sur les tablettes d’un revendeur d’accessoires. Selon moi, elles cadrent parfaitement avec la voiture.

Évidemment, nombreux sont ceux qui ont vitaminé les « Fox Body Mustang » en les poussant bien au-delà des 400 chevaux. Or, n’aurait-il pas été fantastique de voir cette bête être produite en petite série? Ou aurait-il été véritablement irresponsable de la fabriquer? Allez donc savoir! Quoi qu’il en soit, si vous passez par la région de Detroit, la visite (gratuite) de cette collection ouverte au public vaut vraiment le détour!






