Crise des travailleurs étrangers : des concessionnaires craignent de perdre leurs mécanos

Un concessionnaire de Rouyn-Noranda redoute de perdre la moitié de ses mécaniciens en raison des nouvelles règles d’Ottawa ciblant les travailleurs étrangers temporaires (TET).

« C’est majeur. Ça va nuire à nos opérations considérablement. C’est 50% de mes mécaniciens », s’inquiète Donald Dion, président d’Action Kia, à Rouyn-Noranda.

Pour ce concessionnaire de l’Abitibi-Témiscamingue, l’histoire n’est pas drôle.

Parmi sa vingtaine d’employés, cinq sont des mécaniciens de l’étranger, qui ne pourront pas renouveler leur permis de travail en raison du nouveau seuil maximal de 10% de TET.

Cela survient alors que, dans son coin de pays, recruter un mécanicien est déjà une course à obstacles.

« Ceux qui sortent de l’école vont dans les mines pour le quadruple du salaire, même si ce ne sont pas les mêmes conditions », explique M. Dion.

Colonne vertébrale

Comme lui, des concessionnaires en Abitibi-Témiscamingue et sur la Côte-Nord n’ont pas le luxe de se passer de leurs travailleurs étrangers venus ici en renfort.

Techniciens en mécanique, mécaniciens, carrossiers, peintres, ces employés sont devenus la colonne vertébrale d’une industrie fragilisée.

Lundi, des PME qui réparent des bateaux montaient elles aussi aux barricades, ajoutant leur voix à celles des transporteurs routiers, pour garder leurs précieux bras.

À la mi-juillet, des entreprises en colère contre les nouvelles restrictions d’Ottawa rendaient également publique leur poursuite de près de 300 M$, révélait Le Journal.

Photo: Francis Halin

« Ici pour construire »

Au Action Kia de Rouyn-Noranda, Abdeljalil Bennis, 31 ans, qui est mécanicien depuis un an, a vu passer les nouvelles règles d’immigration sur les réseaux sociaux.

L’inquiétude l’a gagné en lisant les publications de groupes d’immigrants marocains. Il a vite compris que son destin pouvait changer.

Photo: Photo fournie par Donald Dion

« Je suis venu ici pour construire, pas pour m’en retourner, pas pour repartir à zéro », confie l’homme originaire de Casablanca, à près de 6000 km d’ici.

Routes en danger

À la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), on trouve « dramatique de voir des règles venir briser des vies ».

« S’il y a des gens qui continuent de rouler en attente d’un entretien ou d’une réparation, ça peut présenter un risque », se désole son PDG, Ian P. Sam Yue Chi.

Photo: Pierre-Paul Poulin/JDM

Ambulances, voitures de police, véhicules municipaux... l’association exige d’urgence un moratoire au fédéral.

Outre les drames humains et l’aspect sécuritaire, la CCAQ estime même qu’une plus grande rareté de main-d’œuvre fera gonfler la facture des Québécois au garage.

Des changements qui ne passent pas

  • Baisse de 30% à 10% de travailleurs étrangers temporaires permis au sein d’une entreprise;
  • Hausse de 20% du salaire horaire initial requis pour les travailleurs considérés comme à bas salaire;
  • Réduction de la période de validité des études d’impact sur le marché du travail;
  • Réduction à un an de la durée maximale d’emploi pour les travailleurs étrangers temporaires.

À voir : Tarifs - «Ça ne sert à rien de se garrocher chez les concessionnaires», dit Antoine Joubert

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