Mon initiation au métier avec Jacques Duval

Aussi loin que je me souvienne, le Guide de l'Auto a fait partie de mon éducation automobile. À peine en âge de lire, j'apprenais déjà les spécifications techniques des différents modèles, me passionnant aussi pour les reportages que les chroniqueurs automobiles réalisaient à cette époque. Naturellement, le grand Jacques Duval était pour moi une idole. Avant même de pouvoir définir ce que cela signifiait.

Mon paternel, musicien, et conscient de l'admiration que je lui vouais, m'a d'ailleurs éduqué sur son histoire, celle d'un pilote de course hors pair et d'un animateur de radio, mais aussi, d'un mélomane exceptionnel se passionnant notamment pour la musique française.

À mon grand étonnement, j'ai croisé croisé M. Duval pour la première fois de ma vie chez le défunt concessionnaire Mistral Ford de St-Jean-sur-Richelieu. J'avais douze ans à peine. Comme de coutume, j'effectuais alors à vélo ma tournée pour amasser des brochures de voitures qui font aujourd'hui partie de ma collection. M. Duval y était présent, pour je ne sais trop quelle raison.

Alors trop gêné pour le saluer, je garde tout de même un bon souvenir de cet instant, qui m'a permis d'apprendre qu'il demeurait dans cette région, où j'ai grandi. Quelques années plus tard, ayant découvert l'adresse de son domicile aux abords de la rivière Richelieu, j'ai d'ailleurs osé cogner à sa porte dans le but de le rencontrer. J'avais 14, peut-être 15 ans. Mais en vain, chaque fois, son épouse Monique répondait avec gentillesse en me mentionnant qu'il était absent.

Ce n'est toutefois que des années plus tard, à l'âge de 19 ans, que j'ai eu un réel contact avec lui. M. Duval était alors invité d'honneur d'un petit salon automobile se tenant sur le site de la Marina le St-Tropez de St-Blaise-sur-Richelieu, où les concessionnaires locaux exposaient leurs véhicules. Une poignée de main et le mâche-patate était parti ! J'avais alors un seul objectif : discuter voiture avec celui qui pour moi, l'avait pratiquement inventée. Alors âgé de 62 ans, il en avait bien sûr déjà vu d'autres.

Or, il m'a écouté, attentionné, pour ensuite m'inviter à aller faire un tour à bord de la Volkswagen Passat TDI qu'il mettait à l'essai. Il aurait pu s'agir d'une Lada Samara que mon excitation autait été la même, alors comment aurais-je pu refuser? C'est alors que M. Duval et moi avons pris la route, lui au volant, à me montrer quelques notions d'analyse. Arrivé sur un vieux rang, il a soudainement immobilisé la voiture, m'indiquant qu'on allait effectuer un test d'accélération. Le chrono de sa luxueuse montre remis à zéro, et c'était parti!

Photo: Volkswagen

La Passat TDI n'était guère performante, l'exercice du 0 à 100 km/h ayant alors été réalisé en plus de 12 secondes. Je lui ai proposé de débarquer de la voiture, lui faisant alors perdre quelque 155 livres de masse (j'aimerais en dire autant aujourd'hui !), ce qui lui a permis de sauver quelques dixièmes de secondes lors du second exercice. J'étais étonné de voir à quel point un tel exercice pouvait être si simple à réaliser, sachant bien sûr qu'il existe aujourd'hui des techniques plus poussées.

Après un peu moins d'une heure à circuler dans les terres du Haut-Richelieu, nous revenions au bercail. C'est alors que M. Duval me lança une phrase à tout jamais gravée dans ma mémoire. "Aimerais-tu participer à un match comparatif du prochain Guide de l'Auto?" "Euh...ça serait avec joie !"Parfait". Denis (en référence à Denis Duquet) va t'appeler pour les détails".

Ainsi, dès l'année suivante, je participais à un match comparatif du Guide de l'Auto, le premier ayant porté sur des berlines intermédiaires et de luxe, ce qui allait ironiquement inclure la Passat à ce moment renouvelée. 

À voir aussi : l'essai de la Charger Daytona Hemi 1969 par Jacques Duval

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