Le régulateur de vitesse: à utiliser avec modération

C’est fou, mais vrai : l’inventeur du régulateur de vitesse était aveugle. Mais ce n’est pas une raison pour utiliser le dispositif à l’aveuglette!

Né en 1890, l’Américain Ralph R. Teetor a perdu la vue à l’âge de cinq ans. Ça ne l’aura pas empêché de concevoir, dans les années 1940, un dispositif destiné à contrôler la vitesse.

M. Teetor n’aurait jamais créé pareille technologie, si ça n’avait été de son avocat. Parce que celui-ci avait la fâcheuse tendance, derrière le volant, à ralentir lorsqu’il discourait et à accélérer lorsqu’il écoutait. Énervant, avouez-le!

Plusieurs noms, une seule fonction

Teetor a travaillé une dizaine d’années sur son « Speedostat », avant d’en obtenir le brevet en 1945. La première voiture à en être équipée? La Chrysler Imperial, année-modèle 1958. En 1960, toutes les Cadillac en étaient dotées.

Avant que l’appellation « cruise control » ne s’impose, le régulateur de vitesse a porté les désignations « Controlmatic », « Touchomatic » et « Pressomatic ». Si le nom a souvent changé, presque 50 ans après sa première application automobile, sa fonction initiale est restée la même : maintenir une vitesse de croisière constante.

Pas toujours de mise, le régulateur

Tous les experts le disent : en conservant une vitesse de croisière prédéterminée, le régulateur permet de réduire la consommation d’essence. Le dispositif peut aussi venir en aide à tous ces automobilistes qui souffrent du syndrome du pied pesant, en leur épargnant de coûteuses contraventions.

Ces avantages sont réels sur les autoroutes et les grandes routes en ligne droite, sans courbe prononcée. En terrain montagneux toutefois, le dispositif n’est plus d’une grande utilité. Bien au contraire : en commandant une vitesse constante en montée, le régulateur fait que le moteur passe son temps à chercher ce qui n’est peut-être pas être le régime-moteur parfait.

Aussi, sur les routes sinueuses où la conduite demande un plus grand contrôle, le fait de devoir désengager le régulateur peut faire perdre, dans l’urgence, de précieuses fractions de seconde.

À éviter sur chaussée glissante

Les manuels du propriétaire vous le recommandent, noir sur blanc : il ne faut jamais engager le régulateur de vitesse sur chaussée glissante.

Chaussée glissante ne signifie pas uniquement surface enneigée ou glacée; cela signifie aussi surface mouillée. Une simple pluie peut se traduire par des accumulations d’eau, donc par des risques d’aquaplanage.

Dans une telle situation, la réaction instinctive de tout conducteur est la bonne : lever le pied. Cependant, si le régulateur de vitesse est engagé, ce dernier dispositif voudra compenser pour les roues qui patinent et il commandera alors une très indésirable accélération. En une fraction de seconde, le pilote peut perdre la maîtrise de son automobile et se retrouver dans le champ.

Donc, oubliez le régulateur de vitesse lorsqu’il pleut.

Restez alerte

Le régulateur permet de maintenir la vitesse d’un véhicule, mais il n’a aucun pouvoir sur la vigilance du conducteur. C’est là que réside le danger : il est si facile de baisser sa garde lorsqu’on n’a pas à contrôler sa vitesse. Pourtant, il faut savoir demeurer alerte au volant. L’attention ne doit pas baisser, pas même d’un cran.

L’automobiliste doit également conserver une position dynamique derrière le volant. La jambe droite, qui n’est plus sollicitée lorsque le régulateur est engagé, ne doit pas pour autant se retrouver repliée sous le siège, en mode repos. Au contraire, même si le pied n’enfonce plus l’accélérateur, il doit être placé là où il devrait normalement l’être : à proximité du frein. En cas d’urgence, il doit pouvoir retrouver ses points de repère de façon instantanée.

« Voyons, où est le bouton »?

Parce qu’il se retrouve aujourd’hui dans la majorité des véhicules de tourisme, le régulateur de vitesse est un instrument de conduite que l’on tient trop souvent pour acquis. On l’engage sur l’autoroute lors de longs trajets, on le désactive lorsque la circulation se fait plus dense. Sans plus.

Pourtant, malgré son fonctionnement automatique, le dispositif demande à ce qu’on lui prête attention. Il faut d’abord s’y familiariser avant de prendre la route; à 100 km/h sur l’autoroute, ce n’est pas le temps de se pencher au-dessus du volant, à la recherche de la commande qui met le dispositif en garde-à-vous.

Il convient aussi repérer la commande « set », qui fera en sorte que le véhicule maintienne sa vitesse de croisière. Par la suite, chaque petite touche sur cette même commande entraînera une légère accélération, à raison d’un mille à l’heure (1,6 km/h).
N’oublions pas la commande « coast », qui joue le rôle contraire, soit celui de la décélération, ni le bouton « resume », qui somme le véhicule de revenir à la dernière vitesse enregistrée avant que le régulateur ne soit momentanément désengagé.
Enfin, la commande « off » désactive le système – une telle manœuvre peut également être ordonnée par simple pression de la pédale de frein ou, dans le cas des automobiles équipées d’une transmission manuelle, de la pédale d’embrayage.

Des régulateurs « intelligents »

Même sur les autoroutes, l’utilisation du régulateur doit être réfléchie. La circulation est dense? La manipulation des commandes au volant afin de ralentir, puis accélérer de nouveau, peut facilement déconcentrer le conducteur, quand celui-ci doit plutôt canaliser son attention sur ce qui se passe autour.

Voilà pourquoi de plus en plus de marques de luxe proposent des régulateurs dits « intelligents ». Jumelés à un radar anticollision installé dans la calandre, ces dispositifs tiennent compte de la vitesse des véhicules qui précédent. La circulation se fait plus lente? Ils ajustent automatiquement la vitesse, de façon à maintenir une distance sécuritaire et ce, sans même que le conducteur n’ait à intervenir.

Mercedes-Benz a été le premier constructeur à proposer un régulateur du genre, sur sa Classe S d’année-modèle 1999. D’autres marques ont suivi : on a maintenant droit à des régulateurs qui, comme chez Audi, freinent d’eux-mêmes à l’approche d’un bouchon, jusqu’à immobilisation complète. La file de véhicules se remet en branle? Le véhicule fait de même, toujours sans l’intervention du conducteur.

Le système est ingénieux, mais plus que jamais, l’automobiliste doit demeurer vigilant. Si ces nouveaux régulateurs de vitesse fonctionnent bien, il ne faut pas mettre en veille totale sa responsabilité de conducteur pour autant.

Sinon, mieux vaut prendre le train ou l’autobus!

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