Le prix des véhicules pousse les Québécois à garder leur auto plus longtemps
Les voitures qui circulent sur les routes du Québec sont de plus en plus vieilles, selon les données de la Société de l’assurance automobile du Québec, puisque l’âge moyen est passé de 8,4 à 10,7 ans, de 2019 à 2024. Vu le prix des voitures neuves, cette tendance pourrait se poursuivre encore quelques années.
À la fin 2024, le prix moyen des véhicules neufs s’élevait à 65 219 $ au Canada, d’après l’Indice des prix d’AutoHebdo.
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Selon lui, le prix moyen est influencé par les balises gouvernementales qui sont imposées aux manufacturiers, en les obligeant à mettre des véhicules électriques sur la route qui coûtent plus cher à fabriquer. Pour compenser, les manufacturiers équipent davantage les modèles à essence, afin d’accroître la rentabilité du marché.
« Cela fait en sorte que, globalement, l’offre des véhicules pour les Québécois est plus dispendieuse en soi. [...] En cinq ans, il y a eu une augmentation nette de plus de 50% du prix moyen des véhicules au Québec », souligne M. Sam Yue Chi.
Ventes en hausseEn dépit du fait que les automobilistes soient plus nombreux à garder leur voiture plus longtemps, les concessionnaires du Québec ont enregistré des ventes records l’an dernier, avec 463 000 unités vendues.
« On a battu le record absolu de 2017, qui était de 462 000 unités, avec une progression par rapport à 2023 de 13,8% des ventes. »

Ces résultats ont été grandement influencés par les automobilistes qui se sont précipités, en fin d’année, pour profiter de la générosité des incitatifs et se procurer un véhicule électrique avant la diminution du programme.
« Le vieillissement du parc automobile n’a pas eu d’impact sur les ventes exceptionnelles que les concessionnaires québécois ont faites l’an dernier », a souligné M. Sam Yue Chi.
Les différents acteurs reconnaissent que la fiabilité des véhicules, qui s’est accrue auprès de la plupart des manufacturiers, est un facteur pour garder une voiture plus longtemps. Pourquoi changer quand ça va bien? De 2019 à 2024, le nombre d’automobiles âgées de 21 ans et plus est passé de 46 461 à 90 115 sur nos routes. Même tendance du côté des camions légers (de type F-150) et des VUS (voir tableau). Par contre, l’entretien et les réparations peuvent vite faire un trou dans le budget lors d’une visite au garage. Certains établissements de Québec affichent un taux horaire de 170 $. On en vient donc à se poser la question: « Est-ce que je fais la bonne affaire? »

« Lorsque les véhicules brisent, c’est vrai que c’est plus coûteux que c’était », dit M. Sam Yue Chi.
C’est sans compter que certains types de réparation sont plus complexes et qu’un détour chez le concessionnaire peut s’avérer obligatoire, même si le véhicule n’est plus sous garantie.
Pour M. Sam Yue Chi, l’âge du parc automobile au Québec n’a pas fini de vieillir.
« On peut progresser encore vers une augmentation, mais on va atteindre un plateau un jour. [...] J’ai l’impression qu’on pourrait revoir une tendance baissière dans les prochaines années, lorsque le marché des véhicules électriques aura atteint un niveau de maturité. »

Selon CAA-Québec, les voitures d’aujourd’hui, à essence ou électriques, peuvent rouler jusqu’à 300 000 km sans réparation majeure si elles sont bien entretenues.
« Pour les gens qui ont des véhicules en bonne condition, il n’y a pas de meilleurs véhicules à acheter que celui qu’on a déjà », a conclu Jesse Caron, expert automobile pour CAA-Québec.
Aux États-Unis, l’âge moyen des véhicules s’élevait à 12,6 ans, en 2024, soit un record historique, selon S&P Global Mobility.
L’inspection obligatoire des véhicules âgés: pour ou contre?Le Québec devrait-il se doter d’un système d’inspection pour les véhicules plus âgés? En tout cas, ils sont plusieurs à penser que c’est une bonne idée pour améliorer la sécurité sur nos routes, tout en s’assurant du respect des normes environnementales.
Tant du côté de CAA-Québec que de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), on penche en faveur de l’instauration d’un tel système, comme il en existe dans d’autres provinces.
« Quelqu’un qui possède un véhicule de plus de 20 ans, c’est tout à fait possible de l’entretenir convenablement, mais est-ce que c’est le cas pour la majorité de ces véhicules-là? J’en doute », a affirmé Ian P. Sam Yue Chi, président-directeur général de la CCAQ.

« Évidemment, on met à risque les utilisateurs de la route lorsqu’un véhicule a, par exemple, des freins déficients ou un châssis sur le point de céder par la rouille », a-t-il ajouté.
Par conséquent, la CCAQ estime qu’il est nécessaire de rendre obligatoire l’inspection des véhicules.
« Ça fait des années qu’on recommande d’implanter un programme d’inspection obligatoire des véhicules de plus de huit ans au Québec. »
« On avait déjà défini un programme que l’on a présenté au gouvernement du Québec, qui a été préparé avec les manufacturiers, le CAA et d’autres organismes, mais pour des raisons parfois politiques, on n’a jamais voulu adopter pareil programme. »
M. Sam Yue Chi affirme que les discussions à ce niveau sont au point mort.
« On pourrait décider de l’imposer à des véhicules de huit ou dix ans et plus parce qu’avant ça, il y a les pneus, les freins et tout ça, mais le reste du véhicule, avant huit ans, c’est rare qu’il y ait quelque chose de grave », a fait part Jesse Caron, expert automobile pour CAA-Québec.
Fonds d’électrificationUne aide financière provenant du Fonds d’électrification et de changements climatiques pourrait également être offerte aux automobilistes afin d’absorber une partie des coûts de cette inspection obligatoire et des réparations requises, le cas échéant. CAA-Québec a fait une recommandation en ce sens lors de la consultation du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs portant sur la prohibition de la vente de véhicules automobiles à combustion qui doit entrer en vigueur en 2035.

« Ça prend un courage politique de décider d’imposer ça aux automobilistes, qui sont souvent vus, parce qu’ils ont des véhicules plus vieux, comme ayant moins les moyens d’apporter les réparations. À un moment donné, si on n’a pas les moyens d’avoir un véhicule sécuritaire sur la route, on ne devrait peut-être pas en avoir non plus. Cela dit, dans plusieurs régions, c’est à peu près le seul moyen de transport possible », a ajouté M. Caron.
Cinq conseils pour prolonger la durée de vie de son véhicule1. Suivre le calendrier d’entretien du manuel du propriétaire;
2. Faire un traitement antirouille à la fin de l'été ou au début de l'automne;
3. Vérifier les huiles et fluides et réagir rapidement aux témoins lumineux. Si les problèmes sont réparés à temps, cela pourrait vous éviter des réparations majeures;
4. Opter pour des pièces d’auto de rechange de qualité (même pour les pièces usagées ou reconditionnées);
5. Appliquer une cire deux fois par an, de préférence à l’automne et au printemps, et laver votre véhicule régulièrement.
Source: CAA-Québec






