Et pourquoi pas les plus belles routes du Québec?

Chaque année, le CAA-Québec lance son « concours » des pires routes du Québec. Un palmarès chaque fois très médiatisé, récemment passé de 10 à 15 routes qui seront rapportées par les membres. L’objectif est de dénoncer la condition exécrable de certaines routes pour que les villes soient conscientisées et que leurs gestionnaires agissent afin de les réparer, mais on constate hélas trop souvent que les mêmes routes reviennent au palmarès à plusieurs reprises au fil des ans...

Vous aurez évidemment compris qu’avec la dégradation croissante de notre réseau routier, la multiplication des rues et routes jugées à la limite du praticable survient à vitesse grand V. À tel point que l’on ne s’étonne plus de fendre un pneu dans un nid-de-poule ou de ralentir bien en deçà de la limite permise pour réussir à franchir un tronçon sans détruire la suspension de son véhicule. L’exemple de la voie de desserte de l’autoroute 40 à l’approche de la sortie Côte-Vertu me vient en tête, alors que les nombreux clients du magasin IKEA se retrouvent le samedi matin en plein chaos sur cette route complètement défoncée et où même les gros VUS doivent ralentir pour ne pas tout casser.

En vérité, le réseau routier du Québec est à ce point démoli que l’on a l’impression d’avoir collectivement choisi de lancer la serviette. Des routes comparables à celles de pays du tiers monde, alors que le Canada fait tout de même partie des pays les plus industrialisés de la planète.

Ce triste bilan que le CAA-Québec se plaît à partager chaque année ne fait qu’illustrer à mon sens le niveau de tristesse de la situation. Puisqu’en somme, rien ne change. Et parce que l’on se plaît à rire de la situation, alors qu’elle n’a rien de drôle. Elle illustre en fait à quel point les villes et leurs gestionnaires agissent comme s’il n’y avait rien à faire. De ce fait, je déplore donc le geste du CAA-Québec qui, selon moi , aurait plutôt avantage à honorer les villes et municipalités qui, au contraire, prennent le taureau par les cornes en repavant efficacement leurs tronçons les plus abîmés.

Photo: Laurent Lavoie, Journal de Montréal

Le « Palmarès des pires routes du Québec » pourrait ainsi se transformer en « Palmarès des plus belles routes du Québec ». Sous cet angle favorable, l’organisme aurait ainsi l’occasion de mettre en lumière les gestes posés et la fierté de ceux qui font des efforts. Un élan de positivisme plus prometteur et encourageant que de demeurer cynique face à une situation qui, encore une fois, est pathétique.

Les plus belles routes du Québec pourraient non seulement être définies par la qualité de leur pavage, mais aussi par leur aménagement, le flot de leur circulation, voire par le décor que l’on y retrouve. Parce que l’urbanisme peut aussi faire en sorte que l’on se plaise à circuler à un endroit plutôt qu’ailleurs. Et si, grâce à cet exercice, l’on parvenait à rendre les villes fières de remporter un titre du palmarès? Et si l’on allait jusqu’à le publiciser? À rendre l’exercice encore plus populaire que celui des « Pires routes »? Ne serait-ce pas moins décourageant? Sans compter qu’à petite échelle, certaines routes seraient peut-être réparées plus rapidement.

Je me permets donc aujourd’hui d’encourager les gens et les villes à vanter les travaux bien faits et les routes invitantes au lieu de continuer à ne rien faire et à dénigrer l’environnement sans jamais intervenir pour l'améliorer. Sinon, rien ne changera.

À voir aussi : réflexion sur les pires routes du Québec

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