Taxe aux émissions polluantes : logique?
Depuis nombre d’années, divers gouvernements européens où les crédits pour véhicules électriques n’existent pas choisissent plutôt de taxer les véhicules en fonction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Un calcul tout simple, basé sur le nombre de grammes de CO2 par kilomètre, permettant notamment aux véhicules sous-compacts et aux hybrides de connaître un succès sans précédent. Cela incite aussi plusieurs acheteurs à se tourner vers des véhicules hybrides rechargeables qui échappent à toute forme de taxation, par le fait qu’ils peuvent circuler sur de petites distances en mode tout électrique.
Comprenez que l’idée d’une nouvelle taxe ne m’enchante pas du tout, sauf que les automobilistes québécois sont taxés de façon stupide en raison de lois obsolètes et parce qu’ils financent un transport en commun qu’ils n’utiliseront pas pour lequel les usagers ne paient qu’une somme symbolique. L’ajout en 2025 de plus de 100 $ de taxe à l’immatriculation pour les résidents de plus de 80 villes et municipalités ne changera absolument rien aux habitudes des banlieusards qui continueront à utiliser leur véhicule, parce que mal desservis par le transport en commun.
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Et que dire de cette taxe de luxe à l’immatriculation qui concerne tout véhicule vendu au-delà des 40 000 $, surtout en sachant que le prix moyen d’un véhicule neuf dépasse les 63 000 $? Quant à la taxe à la cylindrée (instaurée par la SAAQ en 1995), elle est tout simplement ridicule. Une taxe qui ne touche que les véhicules dotés de moteurs dont la cylindrée est égale ou supérieure à 4 litres, alors que la majorité des manufacturiers éliminent depuis longtemps les grosses cylindrées au profit de moteurs turbocompressés, qui ne sont pourtant pas moins gourmands (ou à peine…).
Le seul gouvernement du Québec aura dépensé plus de 650 millions de dollars pour subventionner en 2024 l’achat de véhicules électriques. De façon individuelle, les Québécois ont profité d’un « cadeau » allant jusqu’à 7 000 $, directement puisé dans la poche des contribuables. Un procédé qui n’a pas fait l’unanimité, mais un geste politique que Québec compte possiblement reprendre lors du dépôt du prochain budget.
Cela dit, est-ce qu’une telle somme ne devrait-elle pas plutôt provenir de ceux qui choisissent de ne pas acheter un véhicule électrique? Est-ce que l’on ne devrait pas plutôt diviser ces 650 millions de dollars à travers les 500 000 véhicules à essence vendus dans la Belle Province (chiffres approximatifs de 2024)? Cela représentera une moyenne de taxation de 1 300 $ par véhicule neuf, ce qui varierait bien sûr en fonction des émissions polluantes. Par exemple, l’acheteur d’une Corolla hybride (4,9 L/100 km ou 115 gr/km) ne paierait qu’une somme symbolique en taxes, alors que celui d’un Ram TRX (19,8 L/100 km ou 465 gr/km) débourserait tout près de 10 000 $, dépassant de presque trois fois la moyenne des émissions des véhicules neufs à essence vendus.

Ceux qui choisiraient un véhicule électrique ou hybride rechargeable pourraient être exemptés d’une telle taxe, et bénéficieraient donc en quelque sorte d’un avantage, comme c’est actuellement le cas. Or, plutôt que d’offrir un gros montant en « cadeau » à chaque automobiliste qui passe à l’électrification, il serait au choix du consommateur de déterminer en toute connaissance de cause quel type de véhicule lui conviendrait. Une façon qui permettrait aussi aux gouvernements d’atteindre certains objectifs, et qui forcerait les joueurs américains à se réinventer pour éliminer les motorisations plus polluantes, que l’on conserve surtout dans les camions pleine grandeur.
Pour être logique, il faudrait cependant éliminer cette satanée taxe de luxe à l’immatriculation qui constitue un vol collectif basé sur du gros n’importe quoi, de même que cette taxe à la cylindrée, qui n’aurait plus lieu d’être. N’oublions pas que le gouvernement, en forçant l’achat de véhicules électriques qui coûtent nettement plus cher, incite les consommateurs à acheter des véhicules plus coûteux, et qui dépassent donc systématiquement le seuil des 40 000 $ (considéré comme l’entrée dans le monde du luxe).
Pour vous donner une idée, une Fiat 500e coûte 42 595 $. Même une Honda Civic Hatchback en version Touring (40 948 $) est taxée comme un véhicule de luxe, bien qu’il s’agisse d’une somme symbolique. Alors imaginez ce qu’il en est d’un véhicule électrique de masse comme l’Equinox EV ou le Tesla Model Y, tandis que les prix oscillent toujours entre 55 000 $ et 70 000 $. Et je ne vous parle pas de la taxe de luxe fédérale pour les véhicules de luxe de plus de 100 000 $!

Et que ferait-on avec ces sommes amassées? Les réoffrir à ceux qui choisissent de se procurer un véhicule électrique? Non. Je pense que ce geste a assez duré. On devrait plutôt investir massivement dans les infrastructures de recharge qui permettraient aux automobilistes de se ravitailler plus efficacement et plus rapidement dans la Belle Province.
Parce qu’inutile de vous dire qu’avec la quantité grandissante de VÉ sur nos routes, se recharger sur des tronçons comme la 20 ou la 40 entre Montréal et Québec est devenu un enjeu sérieux. Bref, il est temps que l’on se fasse aller les méninges, et que l’on agisse de façon collective, surtout avec des sommes qui ne tombent pas du ciel.





