À 21 ans, il roule en Volvo 240 familiale, Merkur XR4Ti et Nissan S-Cargo!
Nous vous invitons à faire connaissance avec Clovis Wenzel, sympathique gaillard de 21 ans, de L’Assomption dans Lanaudière. Clovis est propriétaire de 3 véhicules étranges et rares à différents niveaux et pour différentes raisons : une Volvo 240DL familiale 1986, une Merkur XR4Ti 1987 et une Nissan S-Cargo 1989.
Débutons toutefois avec un véhicule dont il s’est récemment départi et qui mérite toute notre admiration.
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Pour « monsieur et madame Tout-le-monde », une première voiture, c’est souvent une sous-compacte anonyme qui servira à nous amener au cégep le plus longtemps possible sans trop d’ennuis mécaniques.
Dans le cas de Clovis, c’est tout le contraire. Sa première voiture fut cette Volvo 262C Bertone 1981. La voici, dans toute sa splendeur, photographiée devant Habitat 67, à la Cité-du-Havre.

À cette époque, quand un constructeur affublait une voiture d’un sobriquet alphanumérique, celui-ci avait habituellement une signification précise. L’appellation 262C a sa raison d’être et nous allons la décortiquer un peu.
Le premier 2 évoque la série 200, le 6 évoque le nombre de cylindres, le dernier 2 évoque le nombre de portes alors que le C était utilisé pour désigner le Coupé Bertone.
Ce moteur V6 est également connu sous l’acronyme PRV, pour Peugeot Renault Volvo. Sa fiabilité était parfois discutable puisque le moteur en place dans la 262C de Clovis était le 3e à y avoir été installé. Pour 300 000 km, on peut donc dire que la durabilité de ce moteur était d’environ 100 000 km. Plutôt inexplicable et surtout inhabituel pour le nom Volvo.
On la voit ici, photographiée devant le fleuve Saint-Laurent, dans le Vieux-Boucherville.

Les principales caractéristiques qui différenciaient la version Bertone des autres coupés Volvo sont subtiles mais nombreuses.
Clovis nous raconte que, au courant des années 1970, une délégation de Ford s’est rendue en Suède pour visiter les installations de Volvo. Ford avait fait parvenir à Volvo quelques exemplaires de la Lincoln Continental MK4, soit leur plus luxueux coupé de l’époque.
Les dirigeants de Volvo étant très impressionnés par le yacht terrestre (traduction libre de l’expression consacrée), ils ont immédiatement voulu créer quelque chose de similaire. L’ambition étant toutefois plus élevée que les moyens, Volvo avait alors décidé de modifier leur coupé 242, d’y installer le moteur V6 PRV et avait demandé à la firme italienne Carrozzeria Bertone de dessiner un coupé grand luxe à partir de la simpliste 242.
La différence la plus flagrante est la hauteur du toit, comme on peut facilement le constater sur cette photo, prise devant la basilique Notre-Dame dans le Vieux-Montréal. À la base, ça réduit le dégagement pour la tête, mais l’avantage était que la voiture avait l’air plus longue, à l’instar de la Lincoln Continental.
L’habitacle a ensuite été garni de cuir et de réel bois d’orme. Des freins à disque aux 4 roues ainsi que les habituelles options électriques et électroniques de l’époque y ont aussi été greffées. Clovis nous confie avoir tellement apprécié le confort des sièges en cuir de la Bertone qu’il a trouvé un exemplaire additionnel de ce siège afin de s’en fabriquer un fauteuil de bureau!
Les ventes de ce modèle n’ont pas été phénoménales. Offerte de 1978 à 1981, Volvo n’a écoulé qu’environ 6 600 exemplaires de sa 262C. Cette version est donc hautement en demande dans la communauté des collectionneurs.

Notons au passage que le coupé dessiné par Bertone avait également été offert en version décapotable, baptisé 262C Solaire.

Revenons au présent. La Volvo 262C Bertone 1981 ne fait plus partie de la flotte de Clovis, mais cette Volvo 240DL 1986, oui! Et elle est dans un état des plus impressionnants.
Les voitures familiales américaines ont eu leurs heures de gloire dans les années 1960 et 1970, avec leurs modèles à 8 ou 9 passagers, leurs finitions extérieures en faux bois et leurs gigantesques cylindrées. Dans les années 1980 et 1990, avec l’arrivée des minifourgonnettes, l’engouement général pour ce type de carrosserie était à la baisse.
Toutefois, encore aujourd’hui, quand on pense Volvo, on pense familiale. Leurs silhouettes angulaires leur donnaient un air indestructible et si on se fie à cet exemplaire en particulier, cette réputation est hautement fondée.
L’auteur de ces lignes a eu la chance de prendre place à bord de cette brique roulante et je peux vous garantir que, malgré sa simplicité apparente, son absence de quelconque artifice, elle offre un confort des plus douillets tout en donnant, encore 37 ans plus tard, une apaisante sensation de solidité.
Contrairement à l’excentrique coupé 262C construit en Italie, cette vigoureuse familiale était construite à Halifax, en Nouvelle-Écosse. On la voit ici, photographiée dans un secteur cossu de Saint-Bruno-de-Montarville, en Montérégie.

L’ami Clovis est également le fier propriétaire de cette rarissime Merkur XR4Ti 1987. La marque Merkur était une filiale de Ford qui venait s’ajouter aux divisions Mercury et Lincoln. Il s’agissait en fait d’une banale Ford Sierra construite par Ford Europe en Allemagne, à laquelle on avait ajouté quelques « décorations » et une motorisation supérieure.
Dans leurs publicités de l’époque, on pouvait lire que « son objectif n’est pas de rivaliser avec les BMW, Saab, Volvo et Audi, mais bien de les dépasser ». Une ambition fort élevée, compte tenu du peu de raffinement qu’offrait la Merkur.
Comme on dit, l’habit ne fait pas le moine!

Clovis ne s’en cache pas, il assume très bien le fait que sa Merkur n’est pas dans une condition impeccable. Qu’à cela ne tienne, ce sont sa rareté et ses origines qui l’ont séduit.
Si on se concentre sur le tableau de bord, toutefois, on voit bien que ce n’est rien de particulièrement luxueux. Toutefois, à l’instar des voitures allemandes, toutes les commandes sont bien disposées et d’usage intuitif.
Finalement, bien que légèrement craquelés, on note que cette XR4Ti est munie des sièges en cuir chauffants optionnels. Leur confort et support latéral sont d’ailleurs plutôt impressionnants.

Voici à quoi ressemblait la Ford Sierra construite en Allemagne. Certes bien élégante pour son époque, on peut davantage la comparer aux Volkswagen Golf et Renault Encore (R11) qu’aux berlines grand luxe.
Une question s’impose : la XR4Ti aurait-elle joui d’une plus grande popularité si Merkur l’avait offerte en version 5 portes comme l’était la Ford Sierra?
Sur une note plus légère, la Ford Sierra, alias la Véga-Missyl d’Étienne le Bolideur, est devenue virale grâce à une vidéo publiée en 2010.

Mesdames et messieurs, le dernier, mais non le moindre, le Nissan S-Cargo 1989 de Clovis Wenzel!
Le voici, dans toute sa bizarrerie, photographié sur l’île Sainte-Hélène, tout près du pont Jacques-Cartier.

Il est fort probable que vous n’ayez jamais vu ce genre de véhicule sur les routes du Québec et la raison est fort simple : il n’a jamais été offert chez nous.
Il s’agit d’un Nissan S-Cargo 1989 et Nissan ne l’a pas exporté en Amérique du Nord.
Cet exemplaire a été importé ici en 2006, à l’époque où la loi sur l’importation étrangère exigeait qu’un véhicule avec une conduite à droite n’ait que 15 ans d’âge contrairement aux 25 ans exigés aujourd’hui.

Il faut prononcer son nom à voix haute pour en saisir toute sa subtilité. En effet, le S-Cargo ressemble à un ESCARGOT.
Ce jeu de mots est volontaire et il n’est pas anodin. Le S-Cargo n’a pas que le nom de français. Il se veut une imitation (ou une parodie?) d’une voiture française plus que légendaire.
Roulement de tambours…

Le fin limier en vous aura reconnu une certaine ressemblance avec la Citroën 2CV! le constructeur français avait fait une version fourgonnette de sa célèbre voiture à l’intention des petits entrepreneurs.
Compact, économique, spacieux et muni d’une mécanique simple, il avait profité d’une grande popularité. Outre son aspect pratique, on note des ressemblances avec les phares exorbités et le toit ouvrant en toile (à commande électrique sur le S-Cargo!).

On voit ici la rusticité et le dépouillement de son habitacle et, tel que précédemment mentionné, son volant à branche unique, propre aux Citroën 2CV. Toutefois, celui-ci paraît extrêmement spacieux en raison de la hauteur du toit.
L’auteur de ces lignes a (encore une fois) eu la chance de prendre place à bord de cet énergumène mobile et je dois admettre avoir été très impressionné par le sentiment d’espace et par la visibilité incroyable que procure son immense pare-brise.

On remarque ici l’ampleur de l’espace offert à bord du S-Cargo mais aussi le peu de confort et de commodités qu’on y trouve.
La banquette avant n’est qu’une planche légèrement coussinée sous laquelle on retrouve d’ailleurs le pneu de secours.
Ce véhicule ne laisse personne indifférent. On le retrouve parfois dans les palmarès des véhicules les plus laids, ce qui est plutôt malhonnête puisque sa petite bouille sympathique sait en séduire plus d’un!

Si le S-Cargo vous aguiche, sachez que Nissan a produit d’autres modèles à caractère rétro au courant des années 1980.
Commercialisés en tant que concept « Pike Series », trois autres modèles ont été offerts et distribués par un nombre restreint de concessionnaires exclusifs au Japon, les Nissan Cherry Stores.
Donc outre le S-Cargo, Nissan a produit la BE-1, la Figaro et la Pao. Nous vous invitons à les découvrir dans les diapositives suivantes.

Le Nissan BE-1.

La Nissan Figaro.

La Nissan Pao.

L’auteur de ces lignes (pour une dernière fois!) a d’ailleurs eu la chance de photographier ce superbe exemplaire de la Nissan Figaro à l’exposition du Granby International, dans les Cantons-de-l’Est, en 2018.
Et vous? Lequel choisiriez-vous?