Un million de coussins gonflables aux poubelles : les recycleurs du Québec sonnent l'alarme
Les automobilistes québécois pourraient faire des économies substantielles sur leurs réparations s’ils pouvaient acheter des coussins gonflables recyclés pour leurs voitures.
Cependant, l’article 250.2 du Code de la sécurité routière interdit aux particuliers, aux carrossiers ou aux recycleurs de vendre et d’installer plusieurs pièces usagées, dont les sacs gonflables.
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« C’est déraisonnable de ne pas pouvoir les revendre, indique Olivier Bégin-Cyr, qui est membre du conseil d’administration de l’Association des recycleurs de pièces d’autos et de camions du Québec (ARPAQ). On est le seul endroit au monde où on ne peut pas le faire. »
Un sac gonflable neuf coûte entre 1 000 $ et 2 000 $. Par contre, si les réparateurs se procuraient un sac usagé encore fonctionnel, le prix se situerait entre 350 $ et 500 $.
« La facture serait plus abordable pour le consommateur, ajoute M. Bégin-Cyr. Les capteurs, les coussins gonflables, les ceintures et l’ordinateur, lorsqu’ils sont accidentés, doivent être remplacés en neuf et ça apporte des coûts exorbitants. »
Les sacs gonflables recyclés peuvent être utilisés en raison d’un mauvais fonctionnement pour un véhicule qui n’est plus sous garantie par le constructeur. Ils peuvent également servir lors d’une réparation pour un automobiliste qui ne veut pas déclarer le sinistre à ses assurances.
Il faut préciser que les compagnies d’assurances exigent seulement des pièces neuves pour des travaux liés à une réclamation.
« On a déjà des collaborations étroites avec plusieurs garages qui travaillent avec les assureurs. On fournit déjà des pièces nécessaires à la sécurité des voitures », souligne M. Bégin-Cyr.
Processus trop lourd
L’ARPAC souhaiterait que le processus de certification, « qui offre un niveau de sécurité optimal » selon la SAAQ, pour la remise en marché soit abandonné.
« Ce système est complexe, coûteux et inutile, indique un autre membre de l’ARPAQ, Jean-François Allie. C’est un fardeau pour les recycleurs et les consommateurs. »

Par exemple, Pièces d’autos Fernand Bégin, un des plus gros recycleurs au Québec, a pu seulement obtenir la certification d’une quinzaine de sacs en 2024 sur des milliers de véhicules.
Depuis 2002, une quarantaine de rencontres ont eu lieu entre l’ARPAQ et la SAAQ, dont une en mars dernier. Les dirigeants de la SAAQ n’ont jamais démontré d’ouverture.
« Ils ne veulent pas écouter nos enjeux, précise M. Allie. La dernière fois, on s’est fait répondre de revenir dans six mois et que la réponse serait similaire. »
S’ils avaient l’autorisation de revendre des sacs gonflables, les 72 membres de l’ARPAQ pourraient engranger des revenus supplémentaires fort intéressants dans leurs coffres. On parle de plusieurs dizaines de milliers de dollars par année.
Du gaspillage
Ce bras de fer avec la SAAQ a aussi un impact environnemental. Chaque année, c’est 1 million de sacs gonflables qui sont détruits et qui prennent la direction des sites d’enfouissement au Québec.
« Chaque auto a maintenant entre 8 et 12 sacs, explique Olivier Bégin-Cyr. Dans les prochaines années, on peut s’attendre à ce que ce chiffre soit encore plus important si on ne parvient pas à les recycler. »
Par ailleurs, lorsqu’une voiture arrive dans un centre de recyclage, près de 90% des pièces peuvent être réutilisées.



