Je me souviens : Présentation saugrenue de la Chevy Parisienne
Au cours des années 80 et 90, GM, Ford et Chrysler dévoilaient la plupart de leurs nouveautés lors d’une grande avant-première. Ces dévoilements se déroulaient généralement à la fin du mois de juin et au début de juillet. Chez General Motors, l’événement durait toute une semaine. Les gens du milieu l’avaient baptisée « la semaine d’enfer ». Elle se tenait à la piste d’essai de Milford dans la région de Detroit.
À chaque jour sa division
Chaque division avait une journée à sa disposition pour présenter ses véhicules. Et bien entendu, chacune d’entre elles se faisait un point d’honneur de se démarquer des autres. La division Pontiac faisait un effort pour être à part et surtout bien ressortir par rapport à Chevrolet, son ennemi numéro un dans la corporation.
Chacun des directeurs généraux de ces divisions se faisait lui aussi un point d’honneur d’utiliser un stratagème différent pour mettre ses voitures en évidence.
Défilé de mode suffocant
En 1983, les responsables du service des relations publiques de Pontiac ont eu la brillante idée de présenter les véhicules comme s’il s’agissait d’un défilé de mode. On avait installé une plate-forme d’environ 30 m de long et à chaque extrémité il y avait des rampes d’accès et de dégagement.
Au passage de ses voitures, le directeur général de l’époque, Bill Hoglund, nous présentait chacun de ces modèles en soulignant, bien entendu, leurs côtés positifs. Déjà pas excitante, cette approche est rapidement devenue pénible et insupportable puisqu’on nous avait installés dans une immense tente en toile. Au Michigan au mois de juillet, la température est quasiment tropicale et l’humidité très difficile à endurer.
D’autant plus qu’il n’y avait rien de spécial en fait de nouveautés. Du réchauffé, c’est cas de le dire, vu la chaleur suffocante!. Les communiqués de presse de l’année précédente auraient pu être réutilisés
La Parisienne et son maquillage
Le plus cocasse dans tout cela? Pontiac avait décidé de ramener sur le marché la Parisienne abandonné quelques années auparavant. Il faut se souvenir que l’Amérique sortait de la crise du pétrole, et les grosses voitures qui consommaient trop. Cette Parisienne était en fait une Chevrolet Impala maquillée en Pontiac. Certains concessionnaires ont eu un choc lorsqu’ils l’ont vue arriver dans leur salle d’exposition et qu’ils ont rapidement constaté il s’agissait d’une Chevrolet déguisée en Pontiac.
On beurre épais
En la voyant arriver sur la plate-forme, notre directeur général enthousiaste s’est exclamé : « …on a vraiment fait de l’excellent travail avec cette nouvelle Parisienne; elle devrait connaître un succès phénoménal. Un autre témoignage de la qualité des produits made in USA. »
Fou rire général sous la tente. Les chroniqueurs automobiles connaissaient très bien l’origine de la grosse berline. Elle était assemblée …au Canada, à Oshawa.
On est sagement passé au prochain modèle qui concluait ce défilé de mode farfelu et notre calvaire de chaleur et d’humidité.
Chevrolet n'est pas Pontiac et vice versa
Le succès phénoménal escompté n’est pas venu. Cette Parisienne, ou fausse Impala si vous préférez, a connu une triste fin, car les gens n’ont pas été dupes et l’ont ignorée avant qu’elle ne disparaisse pour de bon..